RAPPORT au nom de la Commission XI (Climatisme — Thermalisme — Eaux minérales) sur la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, à l’émergence et après transport à distance, l’eau du captage « Nouvel Evêque d’Arras », situé sur la commune de Saint-Amand-les Eaux (Nord)
An application to market water, collected at the source named « Nouvel Evêque d’Arras » and after long distance transport, in Saint-Amand-les-Eaux (Nord), as a natural mineral water
Claude BOUDÈNE Par lettre en date du 28 février 2002, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité, sous-direction de la gestion des risques des milieux, sollicite l’avis de l’Acadé- mie nationale de médecine sur la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, à l’émergence et après transport à distance, l’eau du captage « Nouvel Evêque d’Arras », situé sur la commune de Saint-Amandles-Eaux (Nord).
Les thermes de Saint-Amand, connus depuis l’époque romaine, auraient eu une exploitation florissante au e XVIII siècle mais seraient tombés dans l’oubli dès la Révolution pour n’être réhabilités qu’à partir de 1997, époque à laquelle ils ont été rachetés par la Chaîne Thermale du Soleil.
La demande d’exploiter ce nouveau captage a été faite à des fins de crénothérapie dans les indications thérapeutiques rhumatologie et traitement des affections respiratoires. Il faut d’ailleurs noter que ce nouveau captage d’un débit de 10 m3/h ne provoque aucun désordre sur l’aquifère environnant et notamment sur les débits plus importants, de l’ordre de 40 m3/h de forages antérieurs tels que Vauban 62 et 97, ainsi baptisés en mémoire des premiers travaux de captage qui furent effectués sous les ordres de Louis XIV.
Le captage
Nouvel Evêque d’Arras est effectué à une profondeur de 29,5 m au sein d’une nappe située dans un gisement de craie grise glauconieuse, ce qui lui confère le type sulfaté calcique magnésien. L’ouvrage est situé à quelques mètres de l’établissement thermal. La zone de protection immédiate est constituée par un cercle de 5 m de rayon et n’a pas encore été réalisée. La température de l’eau est stable (25°), ainsi que sa composition sur l’ensemble de sa distribution, de l’émergence jusqu’aux points d’usage (buvette, vaporarium).
Sa composition chimique a été déterminée par le Laboratoire d’hydrologieenvironnement de l’Université de Bordeaux II (Mme Ohayon-Courtes) sur un prélèvement effectué le 8 février 1999.
L’analyse a effectivement révélé des teneurs importantes en sulfate, calcium et magnésium qui sont respectivement de 643,0-235,0 — et 66,0 mg/l.
Parmi les éléments-traces, on doit signaler la présence de l’ion fluorure, à la concentration de 2,6 mg/l, en rappelant que l’OMS lui avait fixé en 1984 dans les eaux minérales, une valeur-guide pour les adultes de 1,5 mg/l, qu’il a maintenue en 2000.
Enfin, pour compléter cette composition chimique, il faut signaler que cette eau est une eau sulfurée dont l’analyse effectuée sur place a révélé la présence d’Hydrogène sulfuré (H S) et de HS- aux concentrations respectives de 0,16 et 2 0,07 mg/l. Elle contient également des thiosulfates à la concentration de 0,55 mg/l.
Les analyses microbiologiques ont été effectuées à intervalles réguliers entre 1998 et 1999 par l’Institut Pasteur de Lille ; elles ont montré des résultats satisfaisants selon la Directive CEE du 15/07/80.
Enfin, cette eau possède une certaine radioactivité qui a été mesurée par l’OPRI : elle est due principalement aux activités α et β globales supérieures aux valeurs guides respectives de 0,1 et 1 Bq/l recommandées par l’OMS. Elles s’expliquent principalement par la présence de radium et de ses descen226 dants ainsi que par des traces d’uranium. Les calculs d’exposition faits par l’OPRI montrent que la dose efficace induite par une consommation de 730 litres par an serait de l’ordre de 0,3 mSv, soit trois fois supérieure à la valeur indiquée dans la Directive 98/83/CE pour les eaux d’alimentation.
Le Comité d’experts spécialisé « Eaux » a donné, au cours de sa séance du 11 janvier 2002, un avis favorable à cette demande d’exploitation.
La Commission XI, réunie le 11 avril 2002 sous la présidence du Pr Claude Boudène, propose à l’Académie d’adopter cet avis favorable dans le respect des obligations suivantes :
— mise en place immédiate d’un périmètre sanitaire d’émergence selon les prescriptions de la DRIRE,
— maintien du débit d’exploitation du captage inférieur à 10 m3/h, — maintien sous contrôle médical de la buvette située à l’intérieur de l’établissement thermal. Cette dernière précaution vise les dépassements horsnormes de la radioactivité ainsi que de la teneur en fluor pour lesquels la Commission a cependant estimé qu’ils étaient compatibles avec la durée d’une cure annuelle limitée à 18 jours. Elle a d’ailleurs évoqué, lors de la discussion orale de cette conclusion, que la perception de la présence d’hydrogène sulfuré dans cette eau était un élément dissuasif ajoutant un facteur de sécurité supplémentaire, tout en regrettant à ce propos que le dossier demandeur ne contienne aucune justification quant aux propriétés thérapeutiques de l’eau liées à sa composition.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 11 juin 2002, a adopté ce rapport à l’unanimité.
Bull. Acad. Natle Méd., 2002, 186, no 6, 1079-1081, séance du 11 juin 2002