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INFORMATION
SRAS — Syndrome Respiratoire Aigu Sévère
François BRICAIRE*
C’est en Chine dans les derniers mois de l’année 2002 que sont apparus les premiers cas du SRAS ou pneumopathie atypique. Des formes mortelles de pneumopathie, attribuées à des chlamydia, étaient alors signalées. Ce ne sera que secondairement, à partir d’une contamination dans un ascenseur d’un hôtel de Hong-Kong, que va pouvoir s’étendre dans différentes régions du monde le syndrome respiratoire aigu sévère à Hanoï puis Singapour, Francfort, Toronto. Depuis, de nombreux pays ont été concernés avec des capacités d’extension variables, fortes et persistantes en Chine et à Hong-Kong, difficile à contrôler à Toronto, limitée à Singapour, à Taïwan, contrôlée, semble-t-il, au Vietnam. À ce jour, l’Europe est restée ponctuellement atteinte, l’Afrique non concernée ou presque.
L’extension épidémique de ce qui est devenue une quasi pandémie, a permis aux laboratoires de recherche de mettre en commun des moyens pour découvrir dans des délais rapides le responsable de cette infection : un virus de la famille des coronavirus, jusqu’ici inconnu chez l’homme : famille habituellement à l’origine d’infections respiratoires hautes bénignes. Les coronavirus sont connus pour leur capacité de mutation élevée et d’ores et déjà, ceux-ci expriment des variations. Ils sont retrouvés chez des animaux. La forte concentration de ceux-ci dans des élevages favorise leur extension, l’émergence de mutants, l’adaptation d’un animal à un autre, d’un animal à l’homme avec des variations potentielles de leur pouvoir pathogène. On peut alors supposer qu’en Chine ait pu naître, à l’instar de ce que l’on observe avec le virus de la grippe, un mutant de coronavirus provoquant une infection respiratoire potentiellement sévère.
La transmission du virus se fait par voie respiratoire essentiellement lors d’un contact proche entre un sujet atteint et un sujet malade. Les autres modes restent hypothétiques et demandent à être démontrés : voies aériennes plus éloignées, contact avec une surface inerte.
Des points importants restent sans réponse certaine. S’il semble que seuls les sujets symptomatiques peuvent transmettre des virus et que l’on puisse, a priori , être rassurant en période d’incubation, il est plus difficile de répondre pour ce qui est de l’existence de porteurs sains et de leur capacité réelle de contamination. Quant à la durée du portage au décours de l’infection, elle est à ce jour non précisée.
Cliniquement, il existe des formes d’intensité très variables allant de formes mineures pouvant, sans doute même, passer inaperçues aux formes sévères responsables d’une détresse respiratoire pouvant conduire au décès. Le SARS se caractérise par l’apparition brusque d’une fièvre supérieure à 38° C avec après une période d’incubation de 2 à 10 jours, accompagnée de signes d’allure grippale, courbatures, céphalées puis d’une toux avec gêne respiratoire. Biologiquement, il existe une leucopénie avec thrombopénie, une éventuelle cytolyse, une élévation des LDH et CPK. Radiologiquement, apparaissent des signes de pneumopathie bilatérale, d’allure initialement interstitielle puis alvéolaire. Dans les formes sévères, les signes s’étendent pouvant évoluer, comme au cours des grippes graves, vers un tableau de détresse respiratoire avec constitution d’un poumon blanc témoignant d’une exsudation, constitution de membranes hyalines évoluant vers une fibrose, rendant la ventilation de plus en plus difficile. La mortalité est estimée à environ 5 à 7 %, certains pensant que celle-ci puisse être dans certaines zones plus élevée.
En dehors d’une recherche directe du virus en milieu spécialisé, par prélèvement nasal ou pharyngé, le diagnostic devrait reposer sur des tests de PCR ou en immunofluorescence soit sur des tests sérologiques d’ascension du titre anticorps par technique Elisa notamment.
Quant au traitement, en dehors de celui purement symptomatique, il demeure parfaitement incertain. La Ribavirine conseillée dans les formes sévères reste d’activité et d’efficacité douteuses.
À ce jour, les moyens nécessaires pour limiter l’extension de l’épidémie doivent être pris et modulés en fonction des zones géographiques. Dans les pays à risque, le port du masque est un bon moyen de protection mécanique, à utiliser dans les lieux à forte concentration humaine. Le lavage des mains reste un élément de protection toujours indispensable.
* Service des Maladies Infectieuses et Tropicales — Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47 Bld de l’Hôpital — 75013 Paris. Tirés-à-part : Professeur François BRICAIRE, à l’adresse ci-dessus.
Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, n° 5, 983-984, séance du 27 mai 2003