Communication scientifique
Séance du 6 novembre 2012

Séance dédiée à la prise en charge obstétricale dans les pays en voie de développement. Présentation

Gilles CREPIN *

Avec cette séance dédiée à la santé de la femme dans le monde, nous abordons de plein fouet la misère, la souffrance, et la stigmatisation dont sont victimes les femmes dans les pays sous-développés ou en voie de développement.

 

C’est en tout cas cette dramatique situation à laquelle voulait nous sensibiliser Jacques Milliez. Il s’est malheureusement trouvé dans l’impossibilité physique d’être parmi nous et d’assurer en personne la mission à laquelle il était très attaché.

 

En acceptant sans réserve de le remplacer nous avons la volonté avec les autres orateurs d’être à l’émission de l’intérêt qu’a toujours accordé Jacques Milliez à l’action humanitaire auprès des femmes enceintes avec un triple message :

– Un message pathétique, teinté tantôt d’indignation, de doute, voire de découragement, mais jamais de résignation en abordant la mortalité maternelle. Dans un rapport sur « la mortalité maternelle et la mortalité natale des enfants nés à terme en France » (Gilles Crépin, G. Brevet, séance de l’académie nationale de médecine du 23 novembre 2010) nous avions qualifié la position de la France en matière de mortalité maternelle (seizième rang en Europe) de peu enviable, mais les situations rencontrées dans les pays de grande pauvreté sont autrement surréalistes.

– Un message d’espoir avec l’intervention du Professeur Alexandre Dumont qui tentera de démontrer au travers de sa propre expérience humanitaire que la mortalité maternelle n’est pas en soi une fatalité et que des solutions, même difficiles, sont possibles à l’échelon individuel et collectif.

– Un message encourageant avec les communications des médecins généraux Claude Dumurgier et Ludovic Falandry qui ont beaucoup œuvré en Afrique. Ils sont toujours impliqués dans une action humanitaire de grande envergure, en se consacrant à un authentique fléau : les fistules obstétricales. Ces complications graves de l’accouchement résultent en fait d’une absence totale d’accompagnement obstétrical digne de ce nom. Elle concerne au minimum deux millions de femmes réparties dans le monde et notamment en Afrique. Ces délabrements du périnée aboutissent à une double souffrance : la mort de l’enfant, inéluctable dans ce type d’accouchement, et la mort « sociale » de la mère pour le regret incroyable de leur environnement familial et sociétale.

 

Grâce à une détermination sans relâche dans les centres spécialisés dédiés aux fistules obstétricales, quand ils existent, Claude Dumurgier et Ludovic Falandry, chirurgiens, appliquent avec succès des techniques gynécologiques qui on fait, à une bien plus faible échelle, la preuve de leur efficacité en France.

 

 

Non seulement ces traitements chirurgicaux redonnent à ces femmes toute leur dignité et leur intégrité, mais leur permettent d’accéder à leur réhabilitation sociale.

 

Toutes ces questions, lourdes de conséquences, abordées au cours de cette séance, illustrent à l’évidence l’immense défi que représente l’absence de prise en charge obstétricale structurée dans les pays sous-développés.

Bull. Acad. Natle Méd., 2012, 196, no 8, 1507-1508, séance du 6 novembre 2012