Résumés des séances de l’Académie*
* Par Catherine Barthélémy, Pierre Brissot, Martin Danis, Vincent Delmas, Francis Michot
Communications
Le modèle de l’anaphylaxie : une nouvelle version de la Classification Internationale des Maladies de l’Organisation Mondiale de la Santé pour 2019 par Pascal DEMOLY (Département de pneumologie et addictologie, Hôpital A. de Villeneuve, Montpellier)
L’anaphylaxie est définie comme une réaction d’hypersensibilité généralisée ou systémique grave mettant la vie en danger. La difficulté de coder l’anaphylaxie dans le système de classification internationale des maladies (CIM) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est reconnue comme un motif important de sous-notification de l’anaphylaxie en général et des décès par anaphylaxie en particulier. Sur les certificats de décès actuels, un nombre limité de codes CIM sont des causes sous-jacentes du décès, et les certificats de décès n’incluent pas le mot anaphylaxie en tant que tel. Au cours des six dernières années, des preuves ont été apportées de la nécessité de modifier les classifications de l’OMS pour les maladies allergiques en général, telles que l’anaphylaxie, ce qui a conduit à obtenir, après de longues discussions à l’O.M.S., la modification du codage de la onzième version de la CIM. L’anaphylaxie est maintenant une cause sous-jacente de décès sur les certificats de décès internationaux. Cette reconnaissance du choc anaphylactique mortel devrait conduire à préconiser la prescription d’adrénaline auto-injectable chez un patient allergique connu, étant donné la rapidité et la gravité de ce type de choc. Les conditions allergiques et d’hypersensibilité ont leur propre section dans le chapitre « Troubles du système immunitaire ».
Faut-il revasculariser les sténoses carotides asymptomatiques ? par Jean-Louis MAS (Service de Neurologie, Hôpital Sainte-Anne, Paris ; Université Paris Descartes, DHU NeuroVasc Sorbonne Paris Cité, INSERM UMR S894)
La sténose carotidienne asymptomatique (SCA) affecterait en France 760 000 personnes pour les sténoses supérieures ou égales à 50% et 220 000 personnes pour les sténoses supérieures ou égales à 70%. Le bénéfice de la revascularisation des SCA, comparativement à un traitement médical moderne de prévention vasculaire, est en cours de réévaluation dans plusieurs essais randomisés. En attendant les résultats de ces essais, les recommandations récentes des sociétés européennes de chirurgie vasculaire et de cardiologie sont d’envisager une endartériectomie carotide chez les patients ayant une sténose carotide asymptomatique de 60-99%, s’il existe au moins un facteur associé à un risque plus élevé d’infarctus cérébral homolatéral, sous réserve que l’intervention puisse être réalisée avec un risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou décès < 3% et que l’espérance de vie du patient soit supérieure à 5 ans. Le stenting pourrait être une alternative à la chirurgie si le patient est considéré à haut risque chirurgical, sous réserve que l’intervention puisse être réalisée avec un risque d’AVC ou décès < 3% et que l’espérance de vie du patient soit supérieure à 5 ans. Il est important de noter que la pertinence de cet algorithme reste à valider. La participation des patients aux essais thérapeutiques en cours ou en préparation est capitale pour résoudre les incertitudes actuelles sur le bénéfice de la revascularisation des sténoses carotides asymptomatiques. Dans l’attente des résultats de ces essais, la décision d’endartériectomie est basée sur : l’existence de marqueurs de risque d’infarctus cérébral ipsilatéral, l’espérance de vie du patient, le risque opératoire, et les préférences du patient informé et de la revascularisation carotide et des incertitudes sur le bénéfice additionnel de la chirurgie comparativement à un traitement médical optimal seul.
Évaluation de l’éducation thérapeutique individuelle et collective chez les patients à risque cardiovasculaire : l’étude ETHICCAR par Bernard GAY (Département Médecine générale, Faculté de Médecine, Université de Bordeaux)
Les maladies cardiovasculaires représentent la deuxième cause de mortalité en France. L’éducation thérapeutique permet un meilleur suivi des pathologies chroniques. L’étude ETHICCAR avait pour objectif d’évaluer l’efficacité de l’éducation thérapeutique sur la réduction du risque et de la morbi-mortalité des patients à risque cardiovasculaire par rapport au suivi habituel en médecine générale. Il s’agit d’une étude d’intervention randomisée et stratifiée chez des patients à risque cardiovasculaire. Le groupe individuel bénéficiait de séances éducatives personnalisées. Le groupe collectif participait à des ateliers éducatifs. Le groupe témoin avait un suivi médical usuel. L’analyse comparait le score de risque et la morbi-mortalité dans les trois groupes. Les résultats montrent que le score de risque avait diminué de manière significative dans le groupe individuel à 12 et 24 mois, et dans le groupe collectif à 12 mois. Chez les 153 patients suivis à 1 an et les 104 patients suivis à 2 ans, la variation du score de risque n’était pas significativement différente dans les trois groupes : l’effet de l’éducation individuelle ou collective n’était pas statistiquement démontré. Concernant la morbi-mortalité, le suivi à 5 ans des 171 patients inclus ne montrait pas de différence significative. En conclusion, les contraintes liées à la méthode ont limité le nombre d’inclusions et réduit la puissance de l’étude. La tendance favorable observée dans les groupes interventions, en particulier pour la démarche individuelle, laisse cependant espérer un effet positif de l’éducation thérapeutique du patient.