Programme de la séance dédiée « Assistance médicale au suicide : enjeux »
Organisateur : Jean-Pierre Olié
Introduction par Jacques BRINGER
Conférence
Après la loi du 2 février 2016 par Jean LEONETTI (Ancien ministre des Affaires européennes. Maire d’Antibes Juan-les-Pins. Président de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis)
Communications
De l’euthanasie au suicide assisté : aspects éthiques par Pierre LE COZ (Professeur de philosophie à la Faculté de médecine, Aix-Marseille Université, Laboratoire UMR ADES 7268-EFS-CNRS, Marseille)
Suicide assisté des malades mentaux par Philippe COURTET (Département Urgence et Post-Urgence Psychiatriques, Hôpital Lapeyronie, CHU Montpellier)
Assistance médicale au suicide en fin de vie par Régis AUBRY (Pôle Autonomie – Handicap, CHRU de Besançon. Axe « Éthique et progrès médical » Inserm CIC 1431 / Laboratoire de Recherches Intégratives en Neurosciences et Psychologie Cognitive, Université Bourgogne Franche-Comté, Besançon. Président de la plateforme nationale de recherche sur la fin de vie. Membre du Comité Consultatif National d’Éthique.)
Conclusion par Jacques BRINGER
Enregistrement vidéo de la séance dédiée « Assistance médicale au suicide : enjeux »
Résumés des séances de l’Académie*
* Par Catherine Barthélémy, Pierre Brissot, Martin Danis, Vincent Delmas, Francis Michot
De l’euthanasie au suicide assisté : aspects éthiques par Pierre LE COZ (Professeur de philosophie à la Faculté de médecine, Aix-Marseille Université, Laboratoire UMR ADES 7268-EFS-CNRS, Marseille)
Depuis de nombreuses années en France, le débat éthique relatif à la fin de vie se cristallise autour d’une opposition entre partisans du respect de la vie et défenseurs de l’euthanasie. Dans les faits cependant, c’est une voie intermédiaire qui tend à dessiner ses contours à l’échelle internationale : la dépénalisation du suicide assisté. On peut mettre au crédit de cette « troisième voie », le fait qu’elle évite la transgression de l’interdit de tuer puisque c’est le patient qui s’administre lui-même un produit létal. Il n’en demeure pas moins que le médecin continue à porter une lourde responsabilité. En tant que prescripteur, il lui incombe de poser le diagnostic et d’établir la recevabilité de la demande de suicide. Il en résulte un cas de conscience qui appelle une réflexion philosophique de fond sur les causes du suicide et la légitimité pour un tiers d’y apporter son concours.
Suicide assisté des malades mentaux par Philippe COURTET (Département Urgence et Post-Urgence Psychiatriques, Hôpital Lapeyronie, CHU Montpellier)
Les débats sur l’euthanasie et le suicide assisté (ESA) sont d’actualité en Europe. L’élargissement de l’ESA pour motif psychiatrique, déjà autorisé dans certains pays, interroge tant sur le plan éthique que clinique étant donné la proximité entre les patients suicidaires et les patients demandant ou ayant accédé à l’ESA. Comment concilier l’ESA avec la promotion de la prévention du suicide, qui tue près de 10000 personnes par an en France ? Plusieurs questions clés méritent une réponse claire avant d’envisager d’aller plus loin dans les débats sociaux : comment s’assurer de l’irréversibilité de la souffrance psychologique ? comment s’assurer que les patients demandeurs d’ESA disposent d’une totale capacité de prise de décision ? comment juger de la futilité thérapeutique ? Il semble capital de protéger les patients les plus vulnérables en faisant en sorte que la psychiatrie bénéficie des progrès de la science et puisse offrir de nouvelles solutions aux patients en souffrance.
Assistance médicale au suicide en fin de vie par Régis AUBRY (Pôle Autonomie – Handicap, CHRU de Besançon. Axe « Éthique et progrès médical » Inserm CIC 1431 / Laboratoire de Recherches Intégratives en Neurosciences et Psychologie Cognitive, Université Bourgogne Franche-Comté, Besançon)
Il s’agit d’apporter un éclairage sur la réalité complexe des questions de nature éthique liées à l’assistance au suicide. Le premier dilemme analysé est lié à la tension qui existe entre l’interdit de faire mourir, interdit fondateur pour nos sociétés, le respect de l’autonomie de la personne, ainsi que le devoir de solidarité vis à vis des personnes les plus vulnérables. La seconde question éthique abordée est celle de l’autonomie : on ne peut pas considérer celle-ci comme une valeur absolue, en particulier lorsque la maladie influence notre rapport à notre corps, à notre existence… D’autant plus que notre autonomie est influencée par des éléments extérieurs. La troisième question est celle de la place du tiers qui assiste la personne et de son influence possible sur la demande elle-même. Est analysée ensuite la différence éthique entre euthanasie et assistance au suicide avec en particulier une réflexion sur l’implication du médecin. L’ambiguïté qui existe entre la nécessité d’une politique de prévention contre le suicide et la nécessité de réfléchir à l’assistance au suicide dans certaines situations de fin de vie est ensuite questionnée. Enfin sont abordées les conditions éthiques d’une prise de décision pouvant conduire à accepter l’assistance au suicide. Le dernier point de cette série de questionnements concerne certaines situations exceptionnelles en fin de vie qui ne peuvent pas relever de l’assistance au suicide mais posent néanmoins la question d’une éthique de la transgression de l’interdit d’administrer un produit létal.
Il apparait fondamental que de telles questions fassent débat, pour réfléchir à d’éventuelles évolutions du droit, mais aussi aux limites de la médecine et aux nécessaires politiques d’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité.