Conférence
Haute Autorité de Santé et évolutions de la Commission de la Transparence par Pierre COCHAT (Président de la Commission de la Transparence, Haute Autorité de Santé)
Résumés des séances de l’Académie*
* Par Catherine Barthélémy, Pierre Brissot, Martin Danis, Vincent Delmas, Francis Michot
Communications
(Bien)faits et méfaits des compléments alimentaires par Luc CYNOBER (Nutrition, Biochimie, Hôpital Cochin, Paris)
Par définition, un complément alimentaire est une denrée alimentaire dont le but est de compléter le régime alimentaire normal. Mais les motivations du grand public à consommer ce type de produits dépassent largement ce cadre : ces produits sont utilisés pour être plus beau, rester jeune et en bonne santé, pour prévenir une pathologie, pour se réapproprier sa maladie. La réglementation européenne, transposée dans le droit français, définit différents types d’allégations (nutritionnelle, de santé, de réduction du risque de maladies) dont certaines sont sources de confusion avec le médicament. Les compléments alimentaires peuvent être utiles dans certaines situations particulières au cours du cycle de la vie (ex : acide folique chez la femme prévoyant une maternité, vitamine D chez la personne âgée …). Mais ils peuvent provoquer des effets secondaires, voire une véritable perte de chance, en rapport avec leur mésusage, un surdosage, leur association entre eux ou avec des médicaments, leur mauvaise qualité, une confusion entre différentes espèces dans le cas des plantes, la présence de substances masquées et illicites au sein du produit. Ces problèmes se rencontrent principalement pour des produits vendus sur internet. D’où l’importance du dispositif de nutrivigilance auquel les professionnels de santé devraient adhérer plus fortement. Certaines molécules, plantes et extraits de plantes autorisés dans les compléments alimentaires ne devraient pas l’être et la liste positive relative aux plantes doit être urgemment révisée. Enfin, les médecins, les pharmaciens et les diététiciens devraient être mieux formés à l’encadrement de l’utilisation de ces produits.
La protéine HIP/PAP/REG3A : une protéine avec de multiples activités biologiques et un candidat médicament par Christian BRÉCHOT (Professeur University of South Florida, Président du Global Virus Network, Président du conseil d’administration de la société The Healthy Aging Company)
La protéine « Human Regenerating Islet-Derived Protein 3α » (REG3A), également nommée « Hepatocarcinoma-Intestine-Pancreas » (HIP) ou Pancreatitis Associated Protein (PAP) est un peptide antimicrobien sécrété par les cellules de Paneth ; c’est également un facteur de survie, de régénération et de différentiation de plusieurs types cellulaires ; elle est impliquée dans la régulation des métabolismes glucidiques et lipidiques et module la composition du microbiote intestinal ; HIP/PAP/REG3A a été impliquée dans des pathologies concernant de nombreux tissus: foie, intestin, pancréas, poumon, cœur, peau, système nerveux central et périphérique. Candidat médicament, cette protéine pourrait en particulier trouver ses cibles dans le traitement de la résistance à l’insuline et de ses complications, ainsi que comme molécule anti-oncogénique vis-à-vis des métastases hépatiques du cancer du colon, voire comme molécule anti-hépatite virale au cours de l’infection par le virus B. Des études cliniques sont en cours pour évaluer ces possibles effets thérapeutiques d’importance.
Cardiomyopathies aux anthracyclines : détection des patients à risque (Résultats de l’observatoire national OFECPACA) par Pierre GIBELIN (Cardiologie, Université Côte d’Azur, Nice)
La cardiotoxicité liée à la chimiothérapie est en augmentation du fait d’une part du vieillissement de la population et d’autre part d’une meilleure efficacité du traitement anticancéreux. Les anthracyclines représentent la base du traitement dans de nombreux cancers solides et hématologiques. La toxicité cardiaque aboutit à une cardiomyopathie hypokinétique. De nombreux traitements associés et/ou adjuvants favorisent l’atteinte cardiaque. Il en est de même de la radiothérapie associée. La fréquence dépend du type d’anthracyclines, de la dose et des facteurs de risque de cardiotoxicité des patients à savoir des antécédents cardiovasculaires et/ou des facteurs de risque cardiovasculaires. Il est important de détecter précocement cette cardiotoxicité permettant de mettre en place un traitement efficace rapidement. En collaboration avec le groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathie de la société Française de cardiologie a été mis en place un registre national d’évaluation de l’état cardiovasculaire des patients programmés pour une chimiothérapie aux anthracyclines associés ou non à un traitement par le trastuzumab (OFECPACA). Cinq centres ont participé à l’étude (Grenoble, Marseille, Bordeaux, Lyon, Nice). Deux cent dix-huit patients ont été inclus (72 % femmes, âge moyen 66 ans). En ce qui concerne les antécédents cardiovasculaires, 9 % des patients avaient une coronaropathie, 7 % une insuffisance cardiaque, et 5 % des troubles du rythme. Pour les facteurs de risque cardiovasculaire, 48 % des patients présentaient une HTA, 26 % une hypercholestérolémie, 26 % un diabète, et 32 % un surpoids voire une obésité. À l’échocardiographie, 4 % des patients avaient une FEVG inférieure à 50 % et sur le plan biologique, 10 % des patients avaient une valeur de la troponine supérieure à la limite supérieure du laboratoire. En conclusion, ces résultats soulignent l’intérêt de développer des centres d’onco-cardiologie avec des équipes multidisciplinaires afin d’optimiser la prise en charge des patients nécessitant une chimiothérapie potentiellement cardiotoxique.