Publié le 18 janvier 2022

Les séances de l’Académie*

* Par Catherine Barthélémy, Pierre Brissot, Martin Danis, Vincent Delmas, Francis Michot

Communications

Les différentes phases de l’évolution moléculaire et antigénique des virus SARS-CoV-2 au cours des 20 mois suivant son émergence par Bruno LINA (Laboratoire de Virologie des HCL, Institut des Agents Infectieux (IAI), CNR des virus à transmission respiratoire, Groupement Hospitalier Nord, Hôpital de la Croix Rousse, Lyon)

Depuis son émergence en décembre 2019 jusqu’à la fin de la quatrième vague pandémique en octobre 2021, la circulation du SARS CoV-2 a été associée à des évolutions moléculaires significatives du virus. Ces évolutions ont été la conséquence de mutations qui ont entrainé l’apparition de lignages présentant des avantages réplicatifs. Ces avantages sont liés d’une part à l’augmentation de leur transmissibilité (correspondant à une augmentation de l’affinité du virus pour son récepteur ACE2 -Angiotensin-Converting Enzyme 2-), d’autre part à un échappement partiel à la réponse immunitaire progressivement croissante. Le contexte pandémique, avec des bouffées épidémiques massives observées dans des zones de forte densité de population, a incontestablement créé des conditions favorables à l’apparition de ces « variants ». Durant ces 20 mois, au moins trois périodes évolutives peuvent être identifiées, conduisant à la situation observée en octobre 2021. C’est la première fois qu’un effort sans précédent est fait pour surveiller les virus circulant à l’échelle planétaire, de manière transparente et avec un partage rapide des données. Cette surveillance moléculaire a permis la description précise des virus circulant et de leur évolution. Les outils et moyens déployés pour faire l’épidémiologie moléculaire du SARS CoV-2 reflètent incontestablement une montée en puissance de la capacité d’analyse à l’échelle planétaire, et peut nous permettre d’être mieux préparés pour le prochain épisode pandémique. La crise COVID-19 est probablement en passe de s’amender, et peut-être de se terminer, au moins au niveau du territoire métropolitain. La meilleure maitrise de notre environnement et la surveillance renforcée de la santé du monde animal (vecteur de maladies zoonotiques à potentiel pandémique) permettront de réduire le risque, ou de le détecter plus rapidement.

 

La cardiomyopathie hypertrophique : une maladie génétique en développement continu par Maria Dorobantu (Université de Médecine et de Pharmacie, «Carol Davila», Département cardio-thoracique, Hôpital des Urgences. Bucarest, Roumanie.)

La cardiomyopathie hypertrophique est une maladie cardiaque génétique, fréquente (1/200 à 1/500), sans prédominance de genre, avec un développement continu depuis sa première description il y a plus de 60 ans. Huit gènes principaux, liés à la synthèse de protéines sarcomériques, et majoritairement à transmission autosomale dominante, ont été impliqués. Toutefois le diagnostic ne peut reposer actuellement sur les tests  génétiques, tant sont multiples les variants nouvellement identifiés et tant est incertaine leur réelle pathogénicité. Le diagnostic (augmentation de l’épaisseur du septum interventriculaire d’au moins 15mm) de la maladie repose principalement sur l’échocardiographie, mais la résonance magnétique joue un rôle croissant par l’apport d’informations précieuses pour le pronostic et la planification chirurgicale. Le traitement a évolué progressivement vers de nouvelles molécules prometteuses, des défibrillateurs cardiaques implantables, la myomectomie personnalisée, et la plastie de la valve mitrale. Cette pathologie bénéficie grandement de l’apport de l’imagerie multimodale à la fois pour le diagnostic et pour la stratification de la maladie ainsi que d’un traitement personnalisé ayant comme but la baisse du risque de mort cardiaque subite afin d’atteindre une survie comparable à celle de la population générale de même âge.

 

L’analyse des sténoses coronaires : au-delà de la coronarographie par Martine Gilard (CHRU de Brest)

La maladie coronaire est la première cause de mortalité dans les pays industrialisés. Deux traitements peuvent être proposés : le traitement médical ou la revascularisation coronaire. La revascularisation coronaire, dominée actuellement par l’angioplastie coronaire, a participé à l’amélioration de la prise en charge des patients ayant un syndrome coronaire aigu, avec une efficacité significative sur la morbi-mortalité. Mais la pertinence de la revascularisation chez le patient stable reste discutée. Chez le patient instable, la revascularisation est guidée par la coronarographie tout en notant que cette exploration a des limites (visualisation de la seule lumière artérielle à l’aide du produit de contraste, représentation bidimensionnelle) et qu’elle bénéficie de l’apport de techniques telles que l’échographie endocoronaire et la tomographie par cohérence optique. Chez le patient stable, une revascularisation ne doit être faite que s’il existe des signes d’ischémie (tests d’ischémie positifs). Chez les patients ne présentant pas de signes d’ischémie ou n’ayant pas réalisé de test avant la coronarographie, la « Fractional Flow Reserve » (FFR) est un atout majeur. Elle permet d’estimer la répercussion hémodynamique d’une sténose coronaire et de guider les revascularisations. Ainsi, une FFR ≥ 0.80 exclut l’ischémie inductible par une sténose avec une précision de 95%, et une FFR <0.75 indique une ischémie dans presque 100% des sténoses, justifiant la revascularisation. Grâce à la FFR, l’angioplastie prend toute sa place dans le traitement des syndromes coronaires stables avec une réduction significative de la morbidité et de la mortalité.