Publié le 11 février 2020

Séance dédiée :

« Télémédecine et maladies cardio-vasculaires »

Organisateur : Michel KOMAJDA

Télémédecine et surveillance des stimulateurs et défibrillateurs par Françoise HIDDEN-LUCET (Unité de rythmologie, Département de cardiologie, GH Pitié-Salpêtrière)

Télémédecine : une solution d’avenir pour l’insuffisance cardiaque ? par le Professeur Michel Desnos, Département de cardiologie adulte – Hôpital Marie Lannelongue – Le Plessis Robinson

L’insuffisance cardiaque, malgré les progrès thérapeutiques considérables, reste une maladie fréquente, grave et coûteuse, notamment en raison des réhospitalisations très fréquentes et graves (5 à 10% de mortalité). La télémédecine (pratique médicale à distance), grâce aux avancées majeures des technologies de l’information et de la communication, apparait comme une solution prometteuse pour l’amélioration de sa prise en charge. La France reconnait depuis dix ans cinq actes de télémédecine : téléconsultation, téléexpertise, téléassistance, régulation médicale, et télésurveillance. La télésurveillance a été très étudiée dans la défaillance cardiaque, car elle permet de dépister précocement les signes avant-coureurs de décompensation et d’éviter ainsi, via une adaptation thérapeutique, une réadmission. La surveillance de multiples paramètres physiologiques, invasifs et non invasifs, est actuellement possible grâce à de nombreux outils (support téléphonique structuré, objets connectés à domicile, dispositifs médicaux implantables à visée thérapeutique ou diagnostique) avec des innovations continuelles (par exemple, objets connectés portables). Bien que les résultats de dizaines d’essais cliniques randomisés soient divergents (en raison notamment de la complexité de la surveillance à distance et de l’hétérogénéité des techniques employées), les différentes méta-analyses montrent un bénéfice médical et économique de la télésurveillance. C’est pourquoi, en attendant les résultats des études en cours, en particulier en France, notre pays a mis en place pour la première fois, une expérience en vie réelle (programme ETAPES). Malgré les nombreuses questions non résolues et la nécessité de la démonstration formelle d’un réel bénéfice médical et économique, la télémédecine, associée aux progrès de l’intelligence artificielle, représente une potentialité énorme pour la prise en charge future de l’insuffisance cardiaque.

Rôle de la télémédecine dans les accidents vasculaires cérébraux par Thierry MOULIN (Neurologie, Hôpital Jean Minjoz, CHU de Besançon)

L’impact du numérique dans la relation de soin : De considérations générales à l’application concrète de la télémédecine par Madame Lina Williatte-Pellitteri, Professeur de droit, Les Facultés de Université Catholique de Lille, Vice-Présidente de la Société Française de la Santé Digitale, Avocat au Barreau de Lille

 L’intrusion des technologies de l’information et de la communication dans la pratique de la médecine a généré plusieurs impacts qui donnent lieu à des réflexions juridiques et éthiques dont les premières applications sont analysées à travers le déploiement de la télémédecine, télémédecine dont la pratique répond à un caractère réglementaire spécifique. Les principaux impacts sont : i) La redéfinition spatio-temporelle de la relation de soin : en effet, cette prise en charge sort géographiquement du cabinet du médecin qui suit à distance son patient ; quid de la responsabilité juridique du médecin s’il s’est « déconnecté » de cette télésurveillance ? ; ii) Un changement de paradigme dans l’appréciation des responsabilités. Ce changement est notamment en lien avec l’intrusion du tiers technologique dans le colloque singulier : en cas de défaut de prise en charge médicale, est-ce le médecin ou l’objet connecté qui est en cause ? ; en particulier le télémédecin doit s’assurer du caractère sécurisé de sa messagerie afin de garantir le secret professionnel.  La responsabilisation du patient doit aussi être prise en compte dans la mesure où un problème de prise en charge peut aussi être en rapport avec une incapacité du patient à suivre son traitement ou avec un manquement de sa part dans le cadre de son suivi. Quant aux experts judiciaires, ils doivent être formés aux nouveaux types de contentieux liés à cette pratique médicale. Le télémédecin, de son côté, doit, avant de s’engager dans la pratique de téléconsultation, veiller au sérieux des fournisseurs d’outils et surtout doit informer le patient de ce que la téléconsultation suppose en termes de respect de ses droits afin que le patient puisse consentir de manière éclairée.