Penser l’avenir de la pédopsychiatrie dans le monde : bilan de quatre années de présidence de l’International Association of Child and adolescent Psychiatry and the Allied Professions (IACAPAP) par Bruno FALISSARD (Membre de l’Académie nationale de médecine)
Alors que les questions de santé mentale interpellent toutes les sociétés, la psychiatrie a toujours autant de mal à trouver sa place dans le système de soins, en particulier chez les enfants et les adolescents : ainsi le nombre de pédopsychiatres en France a été diminué par 2, leur moyenne d’âge est supérieure à 60 ans et le délai d’attente moyen d’une consultation de pédopsychiatrie se situe entre 6 et 12 mois. Cette situation paradoxale vient d’un flou sémantique plus ou moins entretenu autour de trois concepts fondamentalement différents : la santé mentale, qui s’intéresse au bien-être ; le handicap, qui vise à mieux intégrer des sujets différents dans la société ; la psychiatrie, qui soigne des humains en rupture et en souffrance du fait de leur fonctionnement psychique. La pédopsychiatrie est une sorte de « tache aveugle » dans beaucoup de pays qui considèrent que les psychiatres « fabriqueraient » les maladies psychiatriques de l’enfant (l’exemple du syndrome d’hyperactivité) et leur prescriraient des médicaments sans réelle indication. À l’évidence, ces trois domaines doivent apprendre à travailler ensemble. Mais comme les trois brins d’une tresse, ils doivent d’abord être considérés séparément avant de les entrelacer. Le tout ne sera que plus solide.
HLA-B*5801 et réactions cutanées à l’allopurinol dans la population Kinh d’Ho Chi Minh Ville (Vietnam) par Thomas BARDIN (Centre de recherche Franco-Vietnamien sur la goutte et les maladies chroniques, centre médical Vien Gut, Ho Chi Minh City, Vietnam. Service de Rhumatologie, Hôpital Lariboisière, Paris. Unité INSERM 1132 Université Paris Diderot, Paris)
Le but de cette étude prospective était d’identifier les facteurs de risque, incluant l’HLA-B*5801, de réactions cutanées sévères ou bénignes à l’allopurinol dans l’ethnie Kinh, majoritaire au Vietnam. Dix réactions sévères (syndromes de Lyell ou de Stevens Johnson) furent identifiées dans les services de dermatologie d’Ho Chi Minh Ville (HCMV), 54 réactions bénignes dans ces mêmes services et au centre médical Vien Gut (HCMV), spécialisé dans la prise en charge de la goutte. Cent-douze patients sans intolérance (pas de réaction dans les 3 mois suivant la dernière augmentation de posologie de l’allopurinol) furent recrutés au Vien Gut. Les données cliniques furent collectées de façon prospective et un typage HLA-B* 5801 fut réalisé à l’aide du kit de détection PG5801 (Parmigene, Taiwan). L’HLA-B*85801, présent chez les 10 patients avec réaction sévère, a été trouvé très significativement associé à ces accidents graves (p<0,0001 ; Odds Ratio (OR) : 171 ; écart type (ET) 95% : 20 ; 7889). Les autres facteurs de risque de réactions sévères rapportés dans la littérature (absence de goutte, sexe féminin, insuffisance rénale, hypertension artérielle, dyslipidémie, absence d’augmentation progressive de la posologie), mais pas la dose d’allopurinol, ont été confirmés. Pour les réactions bénignes, il n’y avait pas d’association à l’HLA-B*5801. Seules l’absence d’augmentation progressive de l’allopurinol, l’hypertension artérielle et les dyslipémies leur étaient associées.
Historique de l’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques : rôle actuel en hématologie. Nouveautés pour le traitement des leucémies aiguës myéloblastiques de l’adulte par Norbert-Claude GORIN (Professeur d’hématologie Paris Sorbonne. Responsable du centre international greffes, Hôpital Saint-Antoine, Paris. Chair of the EBMT (European Society for Blood and Marrow Transplantation) Global Committee
L’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) est une technique mise au point à l’hôpital Saint Antoine en 1976 pour pallier l’absence de possibilité d’allogreffe à l’époque chez plus de 75% des patients qui ne disposaient pas de frères/sœurs géno-identiques et/ou étaient âgés de plus de 35 ans. La technique de l’autogreffe consiste à prélever des CSH à un patient atteint d’hémopathie maligne. Ces CSH sont congelées, cryo-conservées, et réinjectées dans le sillage d’une polychimiothérapie associée ou non à une radiothérapie, afin de restaurer l’hématopoïèse. Cette stratégie fait aujourd’hui systématiquement partie du traitement de première ligne pour les patients atteints de myélomes et de lymphomes du manteau âgés de moins de 70 ans. Elle fait également partie du traitement de rattrapage en seconde ligne pour les autres lymphomes, y compris la maladie de Hodgkin. Quarante mille autogreffes sont réalisées chaque année dans le monde pour ces indications. L’utilisation de l’autogreffe dans les leucémies aigues myéloblastiques s’est réduite récemment du fait des améliorations considérables de l’allogreffe qui peut aujourd’hui faire appel à des donneurs alternatifs (donneurs non apparentés et haplo-identiques). Des améliorations importantes pour l’autogreffe sont toutefois récemment survenues, telles que 1) une meilleure définition des patients pouvant en bénéficier, 2) le recours à un conditionnement myéloablatif plus efficace, 3) surtout une meilleure évaluation de la maladie résiduelle qui permet de consolider par chimiothérapie lourde et autogreffe les patients en rémission complète moléculaire. Enfin, l’immunothérapie (anticorps monoclonaux et lymphocytes éduqués « CAR-T cells ») s’annonce comme un traitement de maintenance novateur pour prévenir les rechutes. La question actuelle est de savoir si une consolidation lourde suivie d’autogreffe peut fournir la plateforme idéale pour l’introduction d’une immunothérapie complémentaire et ainsi remplacer à terme dans certaines indications précises, l’allogreffe. Il pourrait en résulter une meilleure qualité de vie en l’absence du risque de réaction du greffon contre l’hôte.