Communiqué
Séance du 13 décembre 2005

Recommandations synthétiques pour la prévention des accidents médicamenteux évitables

MOTS-CLÉS : affection iatrogenique. enseignement médical.. erreur administration médicament/prévention et contrôle. formation continue. préparations pharmaceutiques/administration et posologie. préparations pharmaceutiques/effets indésirables. revue des pratiques de préscription des médicaments

Patrice QUENEAU* et André UZAN**

Communiquéaffection iatrogenique, enseignement médical., erreur administration médicament/prévention et contrôle, formation continue, préparations pharmaceutiques/administration et posologie, préparations pharmaceutiques/effets indésirables, revue des pratiques de préscription des médicamentsPatrice Queneau et André Uzan, au nom des Académies nationales de médecine et de pharmacie

Patrice QUENEAU* et André UZAN**

Les médicaments sont un grand bienfait pour la santé de l’homme , à la condition qu’il en soit fait bon usage. De cette séance bi-académique, il ressort qu’un effort particulier doit être fait par les professionnels de santé dans quatre directions essentielles :

Améliorer le bon usage des médicaments, ce qui impose :

• de bonnes pratiques de prescription reposant sur les données actualisées de la science médicale avec personnalisation de chaque prescription.

Entre autres, il convient de limiter le nombre de médicaments à ceux réellement nécessaires, de limiter la durée des traitements prescrits (savoir ‘‘ dé- prescrire ’’ afin d’éviter les accoutumances : en matière de psychotropes, d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, par exemple…) et enfin d’éviter les interactions médicamenteuses et alimentaires nocives.

Toute prescription doit être lisible et signée lisiblement.

Les traitements non médicamenteux ne doivent pas être négligés et toute consultation ne doit pas être obligatoirement suivie d’une prescription médicamenteuse.

• de bonnes pratiques de dispensation consistant essentiellement pour le pharmacien en la validation de l’ordonnance et la communication au patient de l’ensemble des informations nécessaires au bon usage des médicaments dispensés.

En outre, l’ informatique est un outil indispensable pour améliorer le circuit des médicaments à l’hôpital, ainsi qu’en exercice libéral pour que les pharmaciens d’officine aient une vision globale des prescriptions, notamment lorsqu’il existe plusieurs prescripteurs (cas fréquent).

Des contacts plus fréquents entre médecins et pharmaciens sont souhaitables afin d’éviter ou tout au moins de réduire le risque d’accidents médicamenteux.

Développer le recueil des informations sur les accidents thérapeutiques (Observatoire de la prescription) afin d’évaluer, en étroite articulation avec les

Centres de pharmacovigilance, leur fréquence réelle, leur nature, leur gravité, leur caractère évitable.

Concrétiser un programme pédagogique de grande envergure (incluant la pédagogie par l’erreur) :

formation initiale et continue :

des médecins à l’apprentissage des bonnes pratiques de prescription, commençant à la Faculté par l’apprentissage de la décision thérapeutique personnalisée avec évaluation exigeante comprenant notamment la rédaction d’ordonnances face à des cas cliniques concrets, réels ou simulés, — des pharmaciens à l’apprentissage des bonnes pratiques de dispensation.

La prévention des accidents médicamenteux doit constituer un axe essentiel de la formation continue des médecins et des pharmaciens dont certaines réunions devraient être utilement conjointes.

• promouvoir une réelle éducation thérapeutique des malades mais aussi de chaque citoyen concernant ce qu’est réellement un médicament, c’est-à-dire un ‘‘ produit ’’ pas comme les autres.

Améliorer la recherche clinique :

• en développant en toute rigueur méthodologique et dans le respect de l’éthique médicale, les essais cliniques chez les sujets à risques, entre autres les enfants, les personnes âgées et les insuffisants rénaux ;

• en suivant les effets indésirables des médicaments qui peuvent apparaître après leur mise sur le marché, sans les minimiser.

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 13 décembre 2005, a adopté le texte de ce rapport moins deux abstentions.

 

* Membre de l’Académie nationale de médecine. ** Membre de l’Académie nationale de pharmacie.

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2005, 189, no 9, 1875-1876, séance du 13 décembre 2005