RAPPORT 06-04
Au nom de la Commission XI (Eaux de consommation et thermalisme)
Sur la demande d’autorisation d’exploiter en tant qu’eau minérale naturelle, telle qu’elle se présente à l’émergence, après transport à distance et après mélange sous le nom d’« Occident » l’eau des captages « Honorine » et « Occident Nord » situés sur la commune de Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques)
Claude MOLINA*
HISTORIQUE
L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 6 avril 2004, avait adopté à l’unanimité le texte du rapport de la Commission XI, réunie le 23 mars 2004 sous la présidence du Professeur BOUDÈNE, et refusant cette autorisation.
En effet, compte tenu des nombreux antécédents d’obturation des captages , l’A.F.S.S.A. recommandait la mise en place d’appareils de mesure et d’enregistrement du débit des captages « Honorine » et « Occident Nord » et l’information immédiate des autorités sanitaires en cas de modification des débits artésiens actuels et recommandait la consommation de l’eau uniquement dans le cadre d’une cure thermale sous contrôle médical.
Par ailleurs, si l’eau issue des captages, après transport et mélange, répondait aux définitions d’une eau minérale naturelle et les installations correspondantes en permettaient l’exploitation dans des conditions satisfaisantes, les installations de stockage entraînaient l’altération du caractère sulfuré qui est, en principe, prépondérant pour les soins O.R.L.
En outre l’absence d’information sur les modalités d’administration de l’eau thermale dans les soins respiratoires et rhumatologiques ne permettait pas
de porter un jugement sur la pertinence voire l’efficacité de cette thérapeutique.
Enfin les analyses bactériologiques n’avaient certes pas mis en évidence de contamination des eaux à l’émergence et après mélange, mais les prélèvements à proximité de la zone de soins des baignoires avaient révélé la présence de Pseudomonas (3 en juin et 125 en novembre 2001) et de
Legionella Pneumophila (1,77.105 UFC en novembre 2001) taux supérieur à la norme autorisée de 10 2 (circulaire d’application de l’arrêté de Juillet 1992).
C’est dire qu’il paraissait nécessaire d’effectuer un contrôle bactériologique renforcé après la mise en place de mesures efficaces de nettoyage et de désinfection, aux points d’usage de l’eau (les derniers contrôles datant de 2001).
NOUVELLE DEMANDE
Le dossier a été à nouveau présenté à la Commission XI le 10 Janvier 2006 avec de nouveaux éléments d’information.
L’Établissement thermal a installé, après passage de l’AFSSA, deux débitmètres et deux conductimètres sur les captages « Occident Nord » et le mélange « Occident Nord » et « Honorine » (en outre deux appareils de mesure de T° et un appareil de mesure de pression du gisement). De plus, il s’engage à respecter l’artésianisme des deux émergences aux débits respectifs de 3m3/h et 33m3/h.
Concernant l’altération du caractère sulfuré de l’eau minérale après stockage, l’Établissement thermal nous informe que les soins ORL sont directement alimentés par l’eau du mélange , ne transitant pas par le bassin de stockage, donc sans perte de la sulfuration, ce qui est techniquement possible du fait des relativement faibles quantités d’eau nécessaires pour ces soins (environ 6m3/h) Cette sulfuration est ainsi plus importante que celle décrite dans l’autorisation de 1991.
Par contre, concernant les soins rhumatologiques qui nécessitent de plus grandes quantités d’eau, le stockage pendant les périodes de nonfonctionnement de l’Établissement (12h environ) a toujours été nécessaire et selon Mme Ohayon-Courtès du Laboratoire de Surveillance des Eaux Minérales (Bordeaux) permet d’assurer le maintien de la qualité bactériologique de l’eau, même s’il n’est responsable que partiellement de la perte de sulfuration.
Quant aux contrôles bactériologiques qui dataient de 2001 dans le précédent dossier, ils ont été réalisés depuis, tant au niveau des points d’émergence que des zones de soins, et ils s’avèrent satisfaisants. Ils nous ont été récemment communiqués, les derniers contrôles datant respectivement de mai et de juin 2005.
Reste un dernier point technique qui relève des compétences de l’AFSSA, c’est celui du périmètre sanitaire d’émergence , l’AFSSA préconisant deux zones clôturées de dix mètres de diamètre autour de chaque émergence et recommandait des investigations complémentaires afin de préciser « la zone d’impluvium et les activités industrielles et agricoles situées dans cette zone, afin, en fonction des résultats, d’agrandir éventuellement ce périmètre ».
L’Établissement thermal a fait réaliser par l’UMR 7047 de Physico-Chimie des Fluides Géologiques, (Université Pierre et Marie Curie) une datation de l’eau par analyse isotopique, qui semble indiquer un âge compris entre 4 et 5 000 ans. Ceci réfute l’argument d’une éventuelle infiltration d’eau près des émergences thermales.
Par contre, concernant les travaux à effectuer pour l’élargissement du périmè- tre sanitaire, l’Établissement thermal fait remarquer qu’ils pourront être réalisés après étude, mais que les ouvrages sont situés dans un domaine privé de vingt hectares, et sont naturellement protégés contre d’éventuelles contaminations.
L’AFSSA saisie à nouveau sur ce point a déclaré s’en remettre aux autorités sanitaires locales et qu’une nouvelle expertise n’était pas nécessaire.
Au vu de tous ces éléments la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales a donné un avis favorable à cette nouvelle demande d’agrément.
La Commission XI réunie le 10 Janvier 2006 sous la Présidence du Professeur Claude BOUDÈNE enregistre favorablement les réponses aux demandes d’information contenues dans son avis du 6 avril 2004 et sous réserve de nouvelles études cliniques sur l’efficacité respiratoire et rhumatologique de la cure, (pour tenter de se conformer le plus possible aux récentes recommandations de l’Académie concernant le Thermalisme), donne un avis favorable à la nouvelle demande d’exploitation des captages de Cambo-les-Bains.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 28 février 2006, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité.
Bull. Acad. Natle Méd., 2006, 190, no 2, 511-513, séance du 28 février 2006