Communication scientifique
Séance du 12 octobre 2010

Présentation

Jean-Jacques Hauw *

 

Séance dédiée à la Maladie de Parkinson

Présentation

Jean-Jacques HAUW *

La maladie de Parkinson, affection neurodégénérative fréquente et invalidante, a un retentissement social et économique majeur. Sa prévalence exacte en France est mal connue (l’association France-Parkinson demande que soit instauré un Plan Parkinson dont le premier but serait de recenser les syndromes parkinsoniens) mais elle pourrait y toucher plus de 120 000 personnes.

Notre conception du mécanisme et du traitement de la maladie décrite en 1817 par Sir James Parkinson [1] a remarquablement évolué depuis quelques décennies.

Pendant longtemps, on a pensé que les lésions étaient limitées à la substantia nigra et donc au système dopaminergique nigro-strié. Elles expliquaient les signes moteurs caractéristiques de la maladie (akinésie, rigidité, tremblement de repos).

L’idée s’imposa donc d’un traitement substitutif par la dopamine. La L-DOPA, levo-DOPA dont la décarboxylation produit la dopamine, le permit. Initié simultanément aux Etats-Unis [2], au Canada [3] et en France [4] sous l’impulsion de Pierre Rondot, ce traitement s’avéra et reste le plus efficace. Cependant, à la suite d’expé- riences menées sur un modèle de singe rendu parkinsonien par l’injection d’une toxine, le MPTP, par Abdelhamid Benazzouz [5] à Bordeaux, la stimulation du noyau sous-thalamique fut tentée et réussie chez le patient parkinsonien par AlimLouis Benabid et Pierre Pollack à Grenoble en 1993 [6] et se révéla plus efficace que celle d’autres régions [7, 8]. Elle donna des résultats comparables à ceux de la L-DOPA, permettant de relayer ce traitement lorsque cela s’avérait nécessaire. AlimLouis Benabid nous fait part du bilan de vingt ans de son expérience.

Les études neuropathologiques systématiques, menées notamment par l’école de Eva et Heiko Braak à Francfort, ont montré que les lésions n’affectaient pas sélectivement la substantia nigra, comme on l’avait longtemps pensé, mais qu’elles touchaient, de façon souvent apparemment hiérarchique, de multiples régions cérébrales, paraissant même débuter dans le tissu nerveux périphérique [9, 10]. C’est ce dont traite Charles Duyckaerts du Laboratoire de Neuropathologie Raymond Escourolle et de l’Institut du Cerveau et de la Moelle de l’Hôpital de La Salpêtrière à Paris. Les données qu’il développe expliquent que des symptômes non moteurs (troubles dysautonomiques, psychiatriques, de l’olfaction, du sommeil, alors que la démence est plus rare si l’on écarte les démences à corps de Lewy) soient fréquemment associés aux symptômes moteurs lors de l’évolution de la maladie de Parkinson. Il traite aussi du mécanisme de formation des lésions. Léon Tremblay, de l’Institut des Sciences Cognitives de Lyon, pour ce qui le concerne, aborde la physiopathologie de la maladie en se focalisant sur les ganglions de la base. Il expose les données qu’il a obtenues avec un modèle voisin de celui utilisé par Abdelhamid Benazzouz, qui en diffère par la réversibilité des signes moteurs [11]. Il explore les effets moteurs et comportementaux de régions spécifiques du striatum et du noyau sous thalamique antérieur, dont les dysfonctionnements pourraient expliquer certains troubles de l’émotion et de la cognition observés au cours de la maladie de Parkinson et pourraient intervenir au cours des traitements substitutifs par la L-DOPA. Enfin, Gilles Fénelon et Pierre Césaro, du Service de Neurologie du Centre Hospitalo-Universitaire Henri Mondor de Créteil, exposent leur expérience sur l’état psychique du patient atteint de maladie de Parkinson.

BIBLIOGRAPHIE [1] Parkinson J. — An essay on the shaking palsy, London: Sherwood, Neely and Jones, 1817.

[2] Cotzias G.C., Papavasiliou P.S., Gellene R. — Modification of parkinsonism-chronic treatment with L-dopa. N. Engl. J. Med., 1969, 280 , 337-45.

[3] Barbeau A. — Traitement de la maladie de Parkinson avec la L-DOPA.

Union Méd Can., 1969, 98 , 183-6.

[4] Boudin G., Castaigne P., Lhermitte F., Beck H., Guillard A. Marteau R. et al . —

Traitement de la maladie de Parkinson avec la L-DOPA: A propos de 77 observations. Paris, Rev. Neurol., 1970, 122 , 89-1022.

[5] Benazzouz A., Gross C., Feger J., Boraud T., Bioulac B. — Reversal of rigidity and improvement in motor performance by subthalamic high-frequency stimulation in MPTPtreated monkeys. Eur. J. Neurosci ., 1993, 5, 382-9.

[6] Pollak P., Benabid A.L., Gross C., Gao D.M., Laurent A., Benazzouz A. et al. — Effets de la stimulation du noyau sous-thalamique dans la maladie de Parkinson. Paris,

Rev. Neurol., 1993, 149, 175-6.

[7] Benabid A.L., Pollak P., Louveau A., Henry S., de Rougemont J. — Combined (thalamotomy and stimulation) stereotaxic surgery of the VIM thalamic nucleus for bilateral Parkinson disease. Appl. Neurophysiol., 1987, 344-6.

[8] Benabid A.L., Benazzouz A., Limousin P., Koudsie A., Krack P., Piallat B. et al.

Dyskinesias and the subthalamic nucleus.

Ann. Neurol. , 2000, 47 , S189-92.

[9] Braak H., Del Tredici K., Rüb U., de Vos R.A., Jansen Steur E.N., Braak E. — Staging of brain pathology related to sporadic Parkinson’s disease. Neurobiol. Aging ., 2003, 24 , 197-211.

[10] Lebouvier T., Chaumette T., Paillusson S., Duyckaerts C., Bruley des Vrannes S., Neunlist M. et al . — The second brain and Parkinson’s disease. Eur J Neurosci. , 2009, 30 , 735-41.

[11] Mounayar S., Boulet S., Tande D., Jan C., Pessiglione M., Hirsch E.C. et al. — A new model to study compensatory mechanisms in MPTP-treated monkeys exhibiting recovery.

Brain, 2007, 130 , 2898-2914.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine, e-mail : jjhauw@laposte.net</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 7, 1269-1271, séance du 12 octobre 2010