Communication scientifique
Séance du 1 juin 2010

Présentation

Gilles Crépin *

 

Séance dédiée à l’Obstétrique

PRÉSENTATION

Gilles CREPIN *

Permettez-moi, tout d’abord, de remercier notre Président, d’avoir accepté avec le Comité de Rédaction et le Conseil d’Administration, l’idée d’une séance dédiée à l’obstétrique, sans thème défini mais dont les sujets ont, en commun, le même fil conducteur : la souffrance.

Souffrance maternelle et parentale, quand au cours de la grossesse se révèle une anomalie morphologique ou staturo-pondérale liée à une affection létale qui entraîne la mort du fœtus en fin de grossesse, au cours de l’accouchement ou dans les premiers jours de la vie. Bien sûr pour ces futures mères désemparées par l’annonce d’une situation dramatique imprévue, le recours légal à l’interruption médicale de grossesse est possible. Mais certaines, sinon beaucoup d’entre elles ne sont pas en mesure d’assumer cette décision. Par contre, toutes ont un immense besoin d’accompagnement. Cette démarche qualifiée de soins palliatifs, sera abordée par le Professeur Laurent Storme (responsable de la réanimation néonatale au CHRU de Lille, confronté par ailleurs à la survie incertaine des grands prématurés), et Madame Isabelle de Mézerac, (bénévole, non médecin) qui, à la suite d’une expé- rience personnelle, a créé et préside l’Association pour les soins palliatifs en maternité (SPAMA).

Souffrance maternelle et familiale, quand au cours de l’accouchement, une anoxie néonatale sévère provoque des lésions irréversibles du cerveau entraînant la mort du fœtus, ou pire encore une infirmité motrice et cérébrale. À la souffrance et à l’investissement affectif s’ajoute très vite — et d’autant plus vite qu’il y a le sentiment d’une information parcellaire voire d’un manque de transparence — le souci légitime d’élucider les circonstances exactes de l’accouchement et de déterminer d’éventuelles responsabilités.

Le Professeur Claude Racinet envisagera cette question sensible. Professeur de gynécologie obstétrique au CHU de Grenoble il s’est, depuis plusieurs années, investi en tant qu’expert dans les imperfections, les incertitudes voire les errances juridiques liées à ces situations particulièrement douloureuses pour les familles, mais aussi délicates et source de souffrance, pour les obstétriciens et les sage-femmes quand ils sont mis en cause.

Souffrance physique, souffrance fœtale enfin.

Le fœtus a longtemps été considéré comme un être inerte, tout au moins indifférent au monde extérieur. Fort heureusement il dispose maintenant d’un authentique statut de personne et nous savons depuis plusieurs décennies que le fœtus acquiert progressivement dès le deuxième trimestre de grossesse toutes les capacités sensorielles de l’adulte : le toucher, l’ouïe, l’odorat et même la vue…

Se pose de facto la question de la douleur. Certains profanes ont tenté d’y répondre, le polémiste Jean Hedern Hallier ne prétendait-il pas qu’il se souvenait du forceps qui l’avait fait naître !

Plus sérieusement, le Professeur Véronique Houfflin-Debarge va nous faire part des avancées récentes dans ce domaine difficile à appréhender. Professeur de gynécologie-obstétrique et responsable de médecine fœtale à l’Hôpital Jeanne de Flandre de Lille, elle poursuit parallèlement des recherches sur la douleur fœtale et plus globalement sur la réactivité fœtale, grâce à une expérimentation animale rigoureuse et sophistiquée.

Tels sont les sujets de cette séance dédiée qui ont, en commun, outre leur singularité, d’aborder des questions tout à fait inhabituelles mais oh combien importantes de l’obstétrique moderne.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine, e-mail : crepin.gilles@neuf.fr</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 6, 877-878, séance du 1er juin 2010