Communication scientifique
Session of 7 février 2006

Présentation

François Dubois *

Séance thématique sur la Télémédecine

Présentation

François DUBOIS *

Ce terme peut paraître provocateur à tous ceux qui, comme nous-mêmes, ont été élevés et ont exercé dans le cadre de la médecine traditionnelle et son code de déontologie.

Il ne s’agit pourtant que de reconnaître les progrès réalisés dans les moyens de transmission depuis le téléphone jusqu’aux plus modernes télétransmissions transocéaniques satellitaires ou par câble, qui permettent d’améliorer le soin au malade, but unique de tout progrès médical. Il s’agit aussi d’observer les modifications qui peuvent en résulter pour les règles de la pratique médicale et ne pas en sous-estimer les conséquences économiques et juridiques.

Définir brièvement, la télémédecine n’est pas facile car elle englobe l’ensemble de la pratique médicale, du diagnostic clinique à l’imagerie, à la thérapeutique et à l’enseignement, d’ailleurs de nombreuses définitions en ont été données. La commission de technologie biomédicale qui, après plus d’un an de travaux et d’auditions, avait produit un rapport sur ce sujet, estimait qu’il s’agissait du partage de l’image, de la connaissance et de l’action entre le patient et les différents acteurs médicaux grâce à la télétransmission .

La télémédecine grâce aux progrès de la transmission des informations digitalisées, a des applications déjà nombreuses et son développement est inéluctable.

Les réalisations actuelles ont des niveaux de maturité divers :

— consultations à distance pour un malade isolé, un auxiliaire médical, un médecin généraliste, ou entre spécialistes, — télétransmission de données radiologiques ou biologiques, — télésurveillance permettant le retour ou le maintien à domicile des malades chroniques ou âgés avec la téléprescription, — télédépistage, en particulier du diabète, — régulation des urgences, par exemple neurochirurgicales,
— téléchirurgie, — téléenseignement.

Des problèmes se posent pour le développement de la télémédecine :

— humains, de formation et de disponibilité des personnels, — financiers, pour l’acquisition, le fonctionnement du matériel et la rémunération des actes, — évaluation de la qualité et du rapport coût/efficacité, — rapports nouveaux médecin-malade, — responsabilités, en raison du vide juridique actuel.

Étant-donné l’ampleur du sujet qui englobe toute la pratique médicale, il est évident qu’il n’est pas possible de traiter tous les aspects et toutes les implications de la télémédecine ; ne seront donc envisagés que quelques chapitres, et seront exclus :

— la description des matériels, caméras orientables ou non, organes de transmission numérisés, robots, de plus en plus perfectionnés complexes et onéreux, en perpétuels changements et améliorations et qui sont plus de la compétence des ingénieurs que des médecins, — la téléchirurgie qui a fait des progrès spectaculaires dont le plus médiatisé a été le projet Lindbergh de cholecystectomie transocéanique qui a été exposé ici-même par Jacques Marescaux, mais aussi télémentoring , réalité augmentée etc., — le téléenseignement et le développement d’une université virtuelle : vidéotransmission de cours, télé-conférences, transmission d’examen clinique et de consultation pour pallier le raccourcissement des séjours hospitaliers et respecter les patients, télé-examens tout en évitant les fraudes, enseignement postuniversitaire, en groupe ou à domicile, télé-documentation et consultation de fichiers, enseignement de la chirurgie grâce à la vidéo, télé-éducation du public et des malades. Notre confrère André Aurengo viendra nous en parler prochainement, — le dossier médical informatisé et la télétransmission des données administratives et de gestion.

Par contre, il parait intéressant de se pencher sur quelques réalisations qui fonctionnent actuellement, avec leurs avantages, leurs limites et leurs perspectives d’avenir, et sur les répercussions que la télémédecine aura en matière de responsabilité juridique et de conséquences économiques.

Nous avons la chance que Monsieur le Sénateur Louis Lareng, pionner en la matière avec l’expérience Midi-pyrénées et qui a été à l’origine de la loi sur la télémédecine, vienne nous exposer la genèse de cette loi. Notre confrère Jacques Bazex fera le point sur cette expérience pionnière.

Médecin Général Jacques de Saint-Julien et le Médecin Chef Jean-Pierre Menu nous donneront leur expérience sur la télémédecine dans le Service de Santé des Armées, ses contraintes et ses perspectives d’avenir.

L’Assistance Publique de Paris ayant développé pour la neurochirurgie le réseau TELIF, le Professeur Claude Marsault qui en est le coordinateur fera le point sur les progrès réalisés grâce à ce réseau.

Après une discussion portant sur ces aspects cliniques, les répercussions juridiques et économiques seront évoquées :

— en ce qui concerne la responsabilité juridique en télémédecine par Madame le Professeur Claude Esper, — pour les conséquences économiques par le Professeur Robert Launois.

Ces sujets feront l’objet d’une discussion spécifique.

* Membre de l’Académie nationale de médecine

Bull. Acad. Natle Méd., 2006, 190, no 2, 319-321, séance du 7 février 2006