Présentation
François DUBOIS *, Francis WATTEL **
Cette séance a été organisée autour du rapport émanant de la Commission IX (chirurgie, réanimation, anesthésie, urgence) sur la prise en charge pré-hospitalière des urgences vitales de l’adulte en pratique civile.
Celle-ci repose sur un trépied spécifique : point de recueil unique des appels, régulation médicale et médicalisation précoce sur place. Après avoir décrit les multiples acteurs qui interviennent et le parcours de la personne en détresse, sont identifiés les dysfonctionnements à l’origine de retard voire de manquement dans la prise en charge, lesquels renvoient à la question de l’égalité de chances pour tous, compte-tenu de la diversité du territoire national au plan de la géographie et de la répartition de la population. Enfin sont définis les objectifs à atteindre pour amé- liorer l’efficacité du système qui conduisent à l’établissement de dix propositions concernant à la fois l’organisation, les moyens nécessaires et la formation-éducation des multiples acteurs concernés.
Pour illustrer la diversité du champ des urgences primaires, trois communications ont été retenues qui traitent chacune d’un domaine particulier, mais partagent en commun le caractère original du sujet concerné.
La médecine de guerre à l’avant est abordée avec la mise en condition de survie des blessés en opération extérieure, par le Professeur Bruno Palmier, (hôpital d’Instruction des Armées, Toulon-Saint Anne), à partir de l’expérience acquise sur le terrain afghan. La mission de la médecine de guerre à l’avant commence avec le relevage du blessé, sa mise en condition de survie sur le terrain et son évacuation vers une unité médico-chirurgicale. En Afghanistan, la majorité des blessés de guerre est victime de blessures par explosion et un contrôle précoce de l’hémorragie constitue le moyen principal d’améliorer la survie. Pour ce faire, une procédure appelée ‘‘ Sauvetage au combat ’’ est enseignée à tous les échelons du soutien médical, du combattant au médecin, et elle est appliquée depuis quelques années sur le terrain. Elle précise en particulier le positionnement des médecins le long de la chaîne de survie. Spécificité française, le médecin est à l’avant à chaque fois que possible et, si ce n’est pas possible, des gestes médicalisés délégués à des personnels formés sont réalisés au bon endroit, dans le seul but d’améliorer la survie des blessés.
La prise en charge des urgences vasculaires cérébrales ischémiques , sujet de pleine actualité est rapportée par le Professeur Didier Leys (Neurologie et Pathologie Vasculaire, hôpital Roger Salengro, CHRU-Lille), et le Docteur Patrick Goldstein (Directeur du SAMU 59). En présence d’un accident vasculaire cérébral identifié par l’interrogatoire et l’examen clinique, seule l’imagerie différencie l’ischémie de l’hémorragie cérébrale. L’imagerie par résonance magnétique avec séquence de diffusion-perfusion et exploration du polygone de Willis est appelée à remplacer le scanner cérébral : elle permet, même à un stade précoce, d’apporter des éléments pronostics et de visualiser l’occlusion artérielle. Les moyens thérapeutiques sont efficaces pour réduire la mortalité, les séquelles et les récidives : traitement d’une urgence vitale immédiate, admission en unité neurovasculaire, thrombolyse intraveineuse par rt-PA chez les patients admis dans les quatre à cinq heures en l’absence de contre-indication, si les conditions locales le permettent et, chez ceux qui ne sont pas éligibles pour le rt-PA, l’aspirine (160 à 300 mg).
Enfin, le Professeur Pierre Carli (Directeur du SAMU de Paris, hôpital Neckerenfants malades, Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine), propose une ‘‘ nouvelle ’’ réflexion médicale sur les urgences vitales qui pourraient s’inscrire dans une dynamique de prévention et représenter un axe essentiel de solidarité et de citoyenneté : ’’au-delà du cœur, une sensibilisation nécessaire du public aux urgences vitales ’’ . Plus que toute autre circonstance, les urgences vitales nécessitent une prise en charge rapide et appropriée. L’implication du public est bien souvent un déterminant essentiel du pronostic. En effet, la victime, elle-même, son entourage, ou un simple témoin spectateur fortuit, s’il a la bonne réaction peut potentialiser l’intervention des services d’urgences. La mort subite de l’adulte est l’un des domaines ou l’implication du public a été mise le plus en exergue. En partant de cet exemple, l’auteur analyse la possibilité d’extension de cette implication à d’autres urgences vitales et décrit les effets qu’ils induisent dans le domaine de la santé publique et même de la société.
Bull. Acad. Natle Méd., 2012, 196, nos 4-5, 885-886, séance du 24 avril 2012