Communication scientifique
Séance du 17 mai 2011

Présentation

André Vacheron *

 

Séance dédiée à la fibrillation atriale

PRÉSENTATION

André VACHERON *

Plus communément appelée aujourd’hui fibrillation atriale, la fibrillation auriculaire (FA) est la plus fréquente des arythmies cardiaques. C’est Jean-Baptiste Bouillaud, président de notre Compagnie en 1862 qui semble, le premier, avoir identifié l’arythmie complète sous le nom de delirium cordis, mais c’est l’anglais Sir

Thomas Lewis en 1909 qui fit la première description clinique et électrocardiographique de la fibrillation auriculaire et du caractère anarchique de l’activité auriculaire. La prévalence de 1 à 2 % dans la population générale va s’élever progressivement avec le vieillissement de la population. Elle atteint près de 10 % après 80 ans.

Le registre RECORD-AF, dont le premier signataire dans l’American Journal of Cardiology de 2010 est notre collègue Jean-Yves Le Heuzey, a montré que la fibrillation atriale était fréquemment associée à l’hypertension artérielle (68 % des cas), à une dyslipidémie (42 % des cas), à l’insuffisance cardiaque (26 % des cas), à une valvulopathie (19 % des cas), à la maladie coronaire (18 % des cas), au diabète (16 % des cas). L’obésité, les apnées du sommeil, l’hyperthyroïdie, une maladie artérielle périphérique, le sexe féminin, l’âge entre soixante-cinq et soixantequatorze ans seraient aussi des facteurs favorisants. Personnellement, je souligne également le rôle délétère des syndromes grippaux fébriles chez les sujets âgés. En pratique, c’est l’hypertension artérielle qui est l’étiologie la plus fréquente.

Trémulation anarchique et inefficace des oreillettes avec arythmie ventriculaire complète, la fibrillation atriale favorise la thrombose auriculaire et les embolies systémiques. C’est un facteur majeur d’infarctus cérébral dont elle multiplie par cinq le risque de survenue. Elle favorise l’insuffisance cardiaque qui aggrave elle-même son pronostic. Elle double la mortalité cardiovasculaire. Elle est à l’origine d’hospitalisations itératives, d’explorations et de traitements souvent coûteux et sa charge économique pour l’Assurance Maladie dépasse 2,5 milliards d’euros dans notre pays.

Outre la prévention prioritaire de l’infarctus cérébral et du handicap souvent très lourd qui peut en résulter et notre consœur Marie-Germaine Bousser nous exposera son expérience d’une unité d’urgences neurovasculaires, la prise en charge de la fibrillation atriale doit avoir pour objectifs la réduction des hospitalisations et la réduction de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires.

La prévention des complications thrombo-emboliques et notamment de l’infarctus cérébral par les anticoagulants oraux au long cours a démontré sa supériorité sur les antiagrégants plaquettaires. Cependant le risque d’accident vasculaire cérébral ischémique ou hémorragique des patients sous antivitamines K est loin d’être négligeable quand l’anticoagulation est mal contrôlée. C’est dire l’intérêt des nouveaux anticoagulants oraux (inhibiteurs directs de la thrombine tels que le dabigatran ou du facteur Xa comme l’apixaban et le rivaroxaban qui ne nécessitent pas de contrôles réguliers de l’INR) dont va parler Jean-Paul Bounhoure.

Après le ralentissement initial de la fréquence cardiaque, le contrôle du rythme cardiaque, c’est-à-dire la restauration du rythme sinusal, n’est pas toujours préfé- rable au contrôle simple de la fréquence cardiaque, c’est-à-dire au ralentissement de l’arythmie ventriculaire. Le choix stratégique doit être examiné avec soin. A côté de la cardioversion pharmacologique ou électrique la plus utilisée, l’ablation de la fibrillation atriale par cathéter de radiofréquence isolant les veines pulmonaires a des indications bien délimitées que nous exposera Nadir Saoudi.

Je terminerai cette introduction en soulignant que la fibrillation auriculaire est bien un marqueur indépendant de morbimortalité cardiovasculaire qui implique une prise en charge attentive et globale des patients et de leurs facteurs de risque cardiovasculaire.

BIBLIOGRAPHIE [1] Le Heuzey J.Y., Breithardt G., Camm J., Crijns H., Dorian P., Kowey P.R., Merioua I., Prystowsky E.N., Schwartz P.J., Torppedersen C., Weintraub W. — The recordAF study : design, baseline data, and profile of patients according to chosen treatment strategy for atrial fibrillation. Am. J. Cardiol., 2010, 105 (5) , 687-93.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2011, 195, nos 4 et 5, 951-952, séance du 17 mai 2011