Séance dédiée à la chirurgie cardiaque et la cardiologie pédiatrique itinérante
PRÉSENTATION
Yves LOGEAIS *
Lorsque dans les années cinquante, s’est ouverte la chirurgie cardiaque dans les pays développés, la question de la chirurgie itinérante ne se posait pas. Audacieuses mais aussi prudentes, les équipes cantonnaient leur activité dans leurs propres services où elles pouvaient disposer d’un maximum de moyens techniques et humains et l’idée « d’exporter » la chirurgie ne venait à personne. La complexité non encore maîtrisée limitait tout naturellement le panorama chirurgical aux gestes les moins élaborés et aux cardiopathies les moins complexes.
La cardiologie et la chirurgie ont connu dans les dernières décennies, grâce à la recherche, une évolution considérable, marquée par plusieurs tendances concordantes : progrès majeurs dans la connaissance des cardiopathies, de la chirurgie et de la réanimation ; évolution considérable, grâce à l’essor de l’industrie, des moyens techniques d’investigations en imagerie et échocardiographie, et développement des techniques non invasives.
Ces progrès constants ont reculé les frontières du possible et élargi le champ d’action aux coronaires, aux transplantations, aux malformations congénitales complexes, à l’assistance circulatoire, grâce à des moyens toujours plus raffinés mais de plus en plus coûteux.
Une fois atteint le stade de l’assurance qui va avec la maturité, c’est tout naturellement que cardiologues et chirurgiens se sont tournés vers les pays en voie de développement dans lesquels souffrent et meurent des enfants atteints de cardiopathies qui nous sont désormais accessibles.
Dans la première étape de cette marche humanitaire (1989), les malades ont été opérés en France, puis (1994) ont débuté les missions opératoires, qui ont permis l’éducation des équipes locales, le terme ultime étant la réalisation d’hôpitaux. La finalité n’est pas de tenter des prouesses en s’adressant aux cas les plus complexes, mais de procéder de façon réaliste, tenant compte des limites socio-économiques, pour apporter la guérison à des pathologies certes menaçantes et sévères, mais raisonnablement accessibles à des traitements qui ont largement fait leurs preuves.
* Membre de l’Académie nationale de médecine, e-mail : ylogeais@club-internet.fr
Pour exposer ces problèmes, nous nous sommes assurés du concours de trois équipes reconnues :
Le Professeur Alain Deloche , chirurgien de l’équipe de Broussais, puis de Georges
Pompidou, possède une expérience considérable puisqu’il a été un pionnier de la médecine humanitaire, successivement membre de Médecins sans frontières, co-fondateur de Médecins du monde et président fondateur de la Chaîne de l’Espoir.
C’est un homme généreux et passionné dont l’expérience de plus de 13 000 cas recouvre l’Afrique, l’Orient et l’Amérique du sud. Il est bien placé pour nous dresser un panorama général.
Nous procèderons ensuite à une étude plus analytique des cardiopathies les plus courantes.
Le Professeur Daniel Sidi dirige à l’hôpital Necker-Enfants Malades un centre de référence des malformations cardiaques congénitales complexes.
Il nous parlera des shunts gauche-droite qui s’établissent par le biais d’une communication entre haute et basse pression, sous la forme d’une CIV, d’une CIA ou d’un canal artériel qui risquent, à terme, de détruire la circulation artérielle pulmonaire menacée par le haut débit, la pression élevée et l’excès d’oxygène.
Les shunts droite-gauche dont l’expression la plus classique est la Tétralogie de
Fallot, associant CIV et sténose de la voie pulmonaire. C’est la malformation de l’enfant bleu, hypotrophique, dyspnéique et malheureux, dans laquelle le compartiment artériel normalement rouge est contaminé par le sang noir désaturé.
Il nous expliquera le réalisme qu’il convient d’appliquer dans l’indication opératoire, en fonction des moyens limités qui sont ceux de ces pays, le choix devant être celui de l’efficacité.
Le Professeur Alec Vahanian , membre correspondant de notre Compagnie, chef du
Département de Cardiologie de l’hôpital Bichat-Claude Bernard, traitera des valvulopathies d’origine rhumatismale qui sont au premier rang des cardiopathies acquises de l’enfant, dans ces pays où persiste à l’état endémique le rhumatisme articulaire aigü (RAA) qui a disparu de notre pays.
C’est la valve mitrale qui est le plus souvent atteinte, soit sous la forme d’une insuffisance mitrale responsable d’une sévère morbi-mortalité. Il faut tout faire pour réparer la valve et éviter de la remplacer par une prothèse. Soit sous la forme d’une sténose mitrale qui peut être levée de façon élégante par une commissurotomie per-cutanée, dont Alec Vahanian possède une excellente maîtrise.
Les uns et les autres vont nous montrer les passionnantes expériences qui sont les leurs dans les pays en développement.
Bull. Acad. Natle Méd., 2011, 195, no 2, 303-304, séance du 8 février 2011