Communication scientifique
Séance du 9 avril 2013

Place de l’immunothérapie dans le traitement actuel des envenimations ophidiennes

MOTS-CLÉS : ÉVALUATION DES RISQUES. MORSURES DE SERPENT. PRISE EN CHARGE PERSONNALISEE DU PATIENT. SERUMS ANTIVENIMEUX. URGENCES
Role of antivenoms in the treatment of snake envenomation
KEY-WORDS : ANTIVENINS. CASE MANAGEMENT. EMERGENCIES. RISK ASSESSMENT. SNAKE BITES

Jean-Philippe CHIPPAUX*

L’auteur déclare avoir reçu un financement couvrant une partie des frais de fonctionnement des études cliniques sur les antivenins de la part de Pasteur Mérieux Sérums & Vaccins entre 1994 et 1997, puis de Bioclon entre 2005 et 2008.

Résumé

Après une longue période de rejet, la fabrication des sérums antivenimeux jugés peu efficaces, dangereux et d’utilisation difficile, a été significativement améliorée. Les anticorps, portés par les immunoglobulines G, sont désormais fragmentés, purifiés et leur qualité contrôlée, ce qui a permis d’augmenter considérablement leur tolérance et d’en simplifier l’utilisation en médecine d’urgence. L’envenimation se manifeste par des syndromes distincts en fonction de l’espèce de serpent responsable de la morsure : les Viperidae possèdent un venin fortement inflammatoire, hémorragique et nécrosant, les Elapidae entraînent une paralysie respiratoire parfois mortelle. Cependant, il existe des exceptions, le venin de certains Viperidae pouvant conduire à une asphyxie similaire à celle observée en cas de morsure par Elapidae et, inversement, des morsures d’Elapidae se compliquent par des hémorragies ou des nécroses, ce qui égare le diagnostic étiologique. Le traitement symptomatique est complexe, souvent insuffisant, et émaillé d’évènements indésirables. En revanche, neutralisant et accélérant l’élimination du venin, les antivenins – dénomination reflétant leurs nouvelles caractéristiques – constituent le traitement étiologique incontournable des envenimations, notamment dans les formations sanitaires isolées des pays en développement. Les préparations actuelles sont des antivenins polyvalents couvrant les espèces venimeuses d’une région. Le principal handicap reste leur coût élevé ; la priorité consiste désormais à développer de nouvelles stratégies de prise en charge des morsures de serpent, notamment en garantissant l’accessibilité d’antivenins appropriés, notamment dans les pays en développement où ils sont indispensables.

Summary

The production of antivenoms, which were long deemed ineffective, dangerous and difficult to use, has improved dramatically. These antibodies (immunoglobulin G) are now fragmented, purified and controlled for their quality, leading to significantly better safety and facilitating their emergency use. Envenomation can result in various syndromes depending on the snake species: Viperidae venoms are highly inflammatory, hemorrhagic and necrotising, while Elapidae venoms can cause fatal respiratory paralysis. However, some Viperidae venoms can lead to asphyxiation similar to that observed in Elapidae envenomation while, conversely, Elapidae bites may be complicated by hemorrhage or necrosis, thus complicating etiologic diagnosis. Symptomatic treatment is complex, often insufficient, and frequently associated with adverse events. In contrast, antivenoms neutralize the venom and accelerate its clearance, thus providing an etiological treatment for envenomation, particularly in remote healthcare facilities in developing countries. Current formulations consist of polyvalent antivenoms covering most of the venomous species present in a specific region. The main limitation is their high cost, and the priority should be to develop new treatment strategies, including more affordable antivenoms, especially in developing countries where they are most needed.

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* UMR 216, Institut de Recherche pour le Développement et Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Faculté de Pharmacie, 4 Avenue de l’Observatoire, 75006 Paris. E-mail : jean-philippe.chippaux@ird.fr

Bull. Acad. Natle Méd., 2013, 197, nos 4-5, 993-1008, séance du 9 avril 2013