Communiquéorganisme génétiquement modifié, santé publique, thérapeutique., transgenes, vigilance produits de santéorganisms, genetically modified, product surveillance, postmarketing, public health, therapeutics., transgenesA. Rérat
COMMUNIQUÉ
Au nom de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie nationale de pharmacie
OGM et Santé – Recommandations
Alain RÉRAT L’Académie nationale de médecine et l’Académie nationale de pharmacie ont procédé conjointement à une analyse approfondie des risques éventuels pour la santé pouvant résulter de l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) pour l’alimentation ou pour des soins.
Au terme de cet examen, il apparaît que :
1 — Il n’existe aucun risque particulier lié au mode d’obtention des OGM
L’ADN de leur génome est semblable à celui des autres génomes. Il est comme eux dégradé dans l’intestin lors de la digestion. En schématisant, on pourrait dire qu’en mangeant des carottes ou des laitues, on ne court pas le risque d’introduire dans son génome des gènes de carottes ou de laitues et que ce n’est pas parce que l’on aurait introduit un gène de laitue dans le génome d’une carotte que l’on ferait apparaître ce risque.
2 — Les risques éventuels des OGM pour la santé sont contrôlables
Le danger potentiel des OGM ne peut être dû qu’aux protéines dont la synthèse est codée par le gène introduit. C’est donc au cas par cas et selon des protocoles précis et bien définis au niveau national et européen qu’il faut vérifier l’absence de toxicité ou de réactions allergiques, comme ceci doit être, d’ailleurs, effectué pour tous les nouveaux aliments. Il faut remarquer, à cet égard, que plusieurs centaines de millions d’habitants de notre planète (en Amérique du Nord et du Sud, en Inde et en Chine) consomment quotidiennement depuis plusieurs années des aliments à base d’OGM et qu’aucun effet nocif sur la santé n’a été rapporté. De même, depuis quinze ans, de nombreux médicaments provenant d’OGM sont largement utilisés et aucun effet nocif particulier n’a été observé.
Bien au contraire, les hormones ainsi obtenues ont des avantages sur le plan de la sécurité en raison de l’absence de contaminations d’origine animale.
3 — Les avantages escomptés l’emportent sur les risques éventuels
Les OGM ouvrent en effet, pour l’alimentation, des perspectives très favorables : limitation de l’usage des pesticides et des insecticides, amélioration de la qualité des aliments permettant de lutter contre certaines carences (fer, certaines vitamines), contre les déficits protéiniques, ou les déséquilibres alimentaires (excès de corps gras saturés, entraînant un accroissement des risques d’affections cardiovasculaires). Nous ne ferons que mentionner le potentiel d’augmentation des rendements grâce à une meilleure adaptation des semences à la qualité des sols (salinité, sécheresse).
4 — Les perspectives thérapeutiques sont également très prometteuses
Possibilité de produire avec une sécurité accrue et en l’absence de tout risque de contamination par des virus animaux, de très nombreuses molécules (hormones telle l’insuline, cytokines tels les interférons, anticorps, vaccins etc.) qu’il est difficile ou impossible d’obtenir par d’autres méthodes. Des malades actuellement incurables devraient bénéficier de ces nouvelles méthodes de production.
5 — Les contraintes réglementaires qui, actuellement, limitent la recher- che sur les OGM et leurs utilisations, mériteraient d’être reconsidé- rées car elles mettent la France et l’Union européenne dans une position d’infériorité par rapport à d’autres pays industrialisés et elles risqueraient d’avoir des effets dommageables sur la recherche biologique et agronomique, sans avoir le moindre avantage connu pour la santé.
Les questions relatives à l’environnement n’ont pas été abordées dans les analyses faites par les Académies nationales de médecine et de pharmacie car elles sont développées par ailleurs dans un rapport de l’Académie des sciences.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 10 décembre 2002, a adopté le texte de ce communiqué (8 abstentions).
Bull. Acad. Natle Méd., 2002, 186, n° 9, 1663-1664, séance du 10 décembre 2002