Résumé
L’obésité a une prévalence croissante et atteint les proportions d’une épidémie dans le monde actuel. Elle est associée à de nombreuses comorbidités, hypertension artérielle, dyslipidémies, diabète de type II et c’est une cause majeure d’atteintes cardiovasculaires : maladie coronaire, insuffisance cardiaque, fibrillation auriculaire arythmies ventriculaires et mort subite. L’obésité seule est la cause de 11 % des cas d’insuffisance cardiaque (IC) chez l’homme et de 14 % des cas chez la femme. L’étude de Framingham a montré que chaque point d’augmentation de l’index de masse corporelle entraîne une majoration du risque de développer une IC de 5 % chez l’homme et de 7 % chez la femme. L’obésité augmente le travail cardiaque et altère les fonctions systoliques et diastoliques du cœur. Le plus souvent les obèses ont une IC à fonction systolique préservée. En dépit de cette atteinte et de ces associations pathologiques, de nombreuses études ont mis en évidence le paradoxe de l’obésité, les insuffisants cardiaques en sur-poids ou obèses ayant un meilleur pronostic que les sujets insuffisants cardiaques de poids normal. Cet article rappelle les effets cardiaques délétères de cette maladie de la nutrition, les diverses études montrant le paradoxe de l’obésité, le meilleur pronostic des insuffisants cardiaques obèses et les explications potentielles de ces résultats surprenants. De nombreuses questions se posent : faux diagnostics d’IC, biais méthodologiques, rôle protecteur du tissu adipeux à l’égard des cytokines, prise en charge plus rapide des obèses insuffisants cardiaques ? Des études prospectives sur de larges effectifs de patients paraissent nécessaires.
Summary
Obesity has now reached epidemic proportions worldwide. Obesity is associated with numerous comorbidities, including hypertension, lipid disorders and type II diabetes, and is also a major cause of cardiovascular disease, coronary disease, heart failure, atrial fibrillation, and sudden death. Obesity is the main cause of heart failure in respectively 11% and 14% of cases in men and women. The Framingham study showed that, after correction for other risk factors, each point increase in the body mass index raises the risk of heart failure by 5% in men and 7% in women. Obesity increases the heart workload, causes left ventricular hypertrophy, and impairs both diastolic and systolic function. The most common form of heart failure is diastolic dysfunction, and heart failure in obese individuals is associated with preserved systolic function. Despite these comorbidities and the severity of heart failure, numerous studies have revealed an “obesity paradox” in which overweight and obese individuals with heart failure appear to have a better prognosis than non overweight subjects. This review summarizes the adverse cardiac effects of this nutritional disease, the results of some studies supporting the obesity paradox, the better survival rate of obese patients with heart failure. Potential explanations for these surprising data include the possibility that a number of obese patients may simply not have heart failure, as well as methodological bias, and protective effects of adipose tissue. Further studies of large populations are needed to determine how obesity may improve the prognosis of heart failure.
Bull. Acad. Natle Méd., 2014, 198, no 1, 61-70, séance du 28 janvier 2014