Publié le 15 juin 2016

Séance dédiée : « La maladie de Lyme »

Organisateurs : François BRICAIRE et Patrick CHOUTET

 

Introduction : Quels enjeux médicaux et sociétaux aujourd’hui ? par Patrick CHOUTET (Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine. Institut National de Médecine Agricole, Tours)

 

Communications

 

Comment poser un diagnostic de maladie de Lyme ? par Daniel CHRISTMANN (Service des Maladies Infectieuses et Tropicales. Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg)

Infection due à des bactéries appartenant au complexe Borrelia burgdorferi sensu lato, transmises par piqûres de tiques du genre Ixodes, la borréliose de Lyme est une infection qui peut être polysystémique. Ses manifestations cliniques, pour certaines anciennement décrites, sont mieux connues depuis l’identification des germes et la mise au point des techniques diagnostiques. À l’exception de quelques aspects très spécifiques, la symptomatologie clinique où dominent les atteintes neurologiques et articulaires, est très protéiforme pouvant être partagée avec d’autres pathologies. Sur la base des données anamnestiques et des tests sérologiques, le diagnostic sera en général facile à établir, conforté par une antibiothérapie adaptée efficace.

 

Sémiologie persistante polymorphe après piqûre de tique : maladie de Lyme ? par Christian PERRONNE (Infectiologie, Hôpitaux universitaires Paris – Ile de France – Ouest Assistance publique – Hôpitaux de Paris, Université de Versailles Saint Quentin, Paris-Saclay – Garches)

Les formes classiques de la maladie de Lyme sont généralement faciles à gérer, mais des situations médicales se présentant sous forme de symptômes polymorphes non spécifiques, en majorité subjectifs, peuvent être déroutantes pour les médecins. Des problèmes sérieux dans la mise au point des tests sérologiques ont été analysés dans le rapport de 2014 du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Un rapport de 2016 de l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) souligne que dans toutes les études sur les sérologies, les populations sont mal définies rendant difficile l’interprétation des sensibilités et spécificités alléguées et qu’il faut en confronter les résultats aux données cliniques. Chez ces malades souffrant de symptomatologies chroniques mal identifiées, tout n’est pas Lyme. Il existe de nombreuses borrélioses dues à des espèces variées de Borrelia. Il existe des co-infections possibles avec d’autres bactéries ou parasites (Anaplasma, Bartonella, Ehrlichia, Neoehrlichia, Babesia, etc.). Il faudrait pouvoir utiliser des tests de diagnostic direct par isolement de la bactérie ou du parasite (amplification des acides nucléiques, séquençage à haut débit, etc.), mais ces tests ne sont pas disponibles en routine. De la recherche fondamentale s’avère donc indispensable. En pratique, devant un malade suspect de Lyme chronique et dont on n’a pas de confirmation diagnostique, il faut s’acharner à trouver des critères objectifs de maladie organique. Il faut éliminer un autre diagnostic par un examen clinique complet et une exploration appropriée. Si l’on n’a toujours pas d’orientation diagnostique précise, il faut proposer un traitement antibiotique d’épreuve. La réponse au traitement peut être difficile à évaluer rapidement, en raison de l’évolution cyclique des symptômes et de leur exacerbation très fréquente, déclenchée par les anti-infectieux. Plusieurs publications montrent des résultats contradictoires concernant le traitement anti-infectieux de la maladie de Lyme chronique. Pour montrer des résultats significatifs, les critères d’évaluation doivent être précis. La durée du traitement doit être suffisante. Des études cliniques sont nécessaires pour évaluer les meilleurs médicaments efficaces pour le traitement d’entretien en cas de symptomatologie persistante.

 

Performances des méthodes biologiques dans le diagnostic et le suivi de la borréliose de Lyme par Benoît JAULHAC (CNR des Borrelia-Borreliella et EA 7290, Faculté de Médecine et Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Plateau Technique de Microbiologie, Strasbourg)

La borréliose de Lyme est une spirochétose transmise par piqûre de tique. La manifestation clinique la plus fréquente est l’érythème migrant. Les pathogènes peuvent ensuite disséminer par voie hématogène vers différents tissus et organes, incluant principalement le système nerveux, les articulations, et la peau. Les tests biologiques, principalement basés sur la sérologie, sont essentiels au diagnostic de la maladie, à l’exception de l’érythème migrant dont le diagnostic reste clinique. Les performances tests biologiques sont exposées et discutées.

 

Les tiques : infections, co-infections et moyens de prévention par Muriel VAYSSIER (INRA, UMR BIPAR, Anses. École nationale vétérinaire d’Alfort)

En Europe, la maladie transmise par les tiques la plus importante en termes de santé publique est la maladie de Lyme, relativement bien connue, diagnostiquée et guérie par une antibiothérapie adaptée. Cependant, dans les mois ou les années qui suivent une morsure de tique, certains patients se plaignent de symptômes très polymorphes et invalidants. Il est alors fréquent d’évoquer une maladie de Lyme, bien que dans un certain nombre de cas, il soit impossible d’en faire la preuve. Depuis la découverte dans les années 80 de la bactérie responsable de cette maladie, Borrelia burgdorferi, d’autres espèces impliquées ont été identifiées et de nombreux autres microorganismes transmis par les tiques sont encore découverts. Ces agents pathogènes et les pathologies qu’ils provoquent sont très peu connus du milieu médical et pour certaines, aucun test diagnostique n’est encore disponible. Cet article fait une revue des différents agents pathogènes que la tique est susceptible de transmettre (ou co-transmettre) et propose des moyens de prévention simple contre les maladies à tiques.

 

Conclusion : Comment mener les recherches pour répondre aux incertitudes actuelles ? par François BRICAIRE (Membre de l’Académie nationale de médecine)