Publié le 4 janvier 2016

 

 14h00    Comité secret

Présentation du budget prévisionnel pour 2016 par Jacques ROUËSSÉ

 

 

14h30

Élections

 

Dans la 4ème division, santé publique

 

– d’un membre associé étranger en remplacement de M. André GOVAERTS, décédé.

 

– de trois membres correspondants étrangers en remplacement de MM. Béchir HAMZA, Slimane NEJMI et Ihsan DOGRAMACI, décédés.

 

 

 

Séance dédiée : « Hépatites virales »

Organisateur : Yves BUISSON

 

Introduction par Yves BUISSON

Communications

Vaccination contre l’hépatite B : Évolution de la couverture vaccinale. Impact en santé publique, limites de la vaccination, nouveaux vaccins par François DENIS (Académie nationale de médecine)

La France appartient aux pays de faible endémie vis-à-vis de l’infection par le virus de l’hépatite B (VHB), avec une prévalence de l’Ag HBs estimée à 0,65 %. Le taux de mortalité imputable au VHB est estimé à 2,2/100 000 habitants. Aucun facteur de risque n’est retrouvé dans 30 % des nouvelles infections.

La capacité du vaccin à réduire l’incidence des hépatites aiguës B puis à diminuer le risque d’infections chroniques et leurs conséquences est démontrée dans les régions de forte ou faible  endémie du fait de l’efficacité remarquable des vaccins actuels.

Mais les couvertures vaccinales des nourrissons (< 80 %) et des adolescents (< 33 %) sont scandaleusement basses très en deçà des objectifs nationaux et mondiaux.

Il est donc impératif d’améliorer l’application des recommandations vaccinales, ciblant non seulement nourrissons et pré-adolescents, mais aussi les nouveau-nés de mères porteuses de l’Ag HBs et les personnes à risque accru d’infection par le VHB.

Alors que chez l’adolescent des taux élevés de vaccination contre l’hépatite B ont été atteints il y a presque deux décennies (1995), les polémiques ont provoqué un coup d’arrêt de cette vaccination en France nécessitant une forte remobilisation en sa faveur et une surveillance attentive de la couverture vaccinale.

Il faut donc s’engager clairement en faveur de la vaccination de la population générale nourrissons-adolescents-adultes tel qu’indiqué dans le projet de « Politique Nationale d’Amélioration de la Vaccination  2012-2017 », tout particulièrement par la facilitation de l’accès à la vaccination, l’incitation à la vaccination, l’amélioration du suivi  et de  l’évaluation de la politique vaccinale ce qui suppose des moyens humains et matériels et une politique  claire, volontariste et cohérente.

 

Situation actuelle et perspectives du dépistage et du traitement curatif des hépatites B et C en France par Stanislas POL (Université Paris Descartes, INSERM UMS20, Institut Pasteur, APHP, Unité d’Hépatologie, Hôpital Cochin)

En vingt ans, les progrès dans la connaissance des hépatites virales ont été considérables. L’alphabet des virus hépatotropes s’est élargi, et aux virus A et B se sont ajoutés les virus C, D, E et G dont les génomes ont été caractérisés, permettant de définir différents types, sous-types ou isolats, dont l’importance en termes de physiopathologie et de réponse aux traitements antiviraux a été récemment établie. Les connaissances épidémiologiques, virologiques et thérapeutiques en matière d’hépatites virales n’ont cessé de croître, permettant aujourd’hui de mieux prendre en charge de manière diagnostique et thérapeutique des sujets ayant une hépatite aiguë ou chronique. L’identification de marqueurs « chronologiques » des infections virales hépatotropes permet d’informer mieux les patients en termes non seulement pronostiques, mais aussi en termes de réponse thérapeutique, si un traitement antiviral est indiqué. Enfin, l’identification des facteurs associés à la progression de la fibrose jusqu’à la cirrhose dans les infections chroniques hépatotropes permet de mettre en place les meilleurs traitements prophylactiques (abstinence d’alcool, correction des déficits immunitaires) et d’anticiper les traitements antiviraux. Les progrès en matière de transplantation hépatique et de thérapeutiques antivirales pour limiter l’impact de la récidive virale sur le greffon ont permis d’optimiser le pronostic médiocre des cirrhoses virales actives et du carcinome hépatocellulaire. Pour le VHB comme pour le VHC, environ la moitié des sujets infectés en France connaissent leur statut (séroprévalence de 0,65 % et 0,84 % de la population adulte assurée sociale respectivement) ; l’accès au traitement est facile et couvert à 100 %. Les analogues nucléos(t)idiques de deuxième génération permettent une virosuppression virale B chez tous les patients observants mais doivent être poursuivis à vie, contrairement à l’interféron dont une cure de 48 semaines permet environ un tiers de virosuppression durable et 10 % de perte de l’Ag HBs. L’infection par le VHC peut être guérie par des combinaisons d’antiviraux oraux dans plus de 95 % des cas : les manifestations hépatiques et extra-hépatiques sont majoritairement réversibles en cas de guérison virologique.

 

Perspectives vaccinales contre l’hépatite C par Philippe ROINGEARD (INSERM U966, Université François Rabelais, Centre Hospitalier Régional Universitaire de Tours)

Le virus de l’hépatite C induit des maladies chroniques du foie allant jusqu’à la cirrhose et le cancer. De nouvelles molécules antivirales sont désormais disponibles pour éliminer l’infection par ce virus. Cependant, ces médicaments sont très couteux, et beaucoup de personnes contaminées par le virus ignorent qu’elles sont infectées, jusqu’à ce que la maladie se déclare. À ce stade ces molécules sont moins efficaces car si elles permettent d’éliminer le virus elles ne permettent pas toujours de restaurer les fonctions hépatiques. Il reste donc très important de mettre au point un vaccin contre le virus de l’hépatite C, d’autant que l’Organisation Mondiale de la Santé estime que près de 4 millions de nouvelles infections surviennent chaque année dans le monde. À la différence, il existe un vaccin très efficace contre le virus de l’hépatite B, qui a fait reculer à l’échelle mondiale l’incidence du cancer du foie induit par ce virus. Ce constat a récemment conduit à l’idée de mettre au point un vaccin bivalent qui ressemble en de nombreux points au vaccin contre l’hépatite B, mais qui présenterait l’avantage de protéger aussi contre le virus de l’hépatite C. Ce vaccin induit une réponse équivalente à celle induite par un vaccin commercial contre l’hépatite B, renforçant l’idée qu’il puisse potentiellement se substituer aux vaccins actuellement commercialisés. De plus, ce vaccin aurait l’avantage de pouvoir être produit selon les mêmes procédures établies pour le vaccin contre l’hépatite B, réduisant ainsi les délais et coûts de son développement industriel. À terme, ce vaccin pourrait sensiblement renforcer la prévention contre les maladies du foie induites par les virus.

 

Conclusions par Yves BUISSON.