Résumé
Une médecine sans imagerie n’est plus concevable actuellement. Au prix de quelle iatrogénie ? L’irradiation due aux téléradiographies, aux radiographies de la colonne, de l’abdomen et du pelvis, aux mammographies, à la radiographie cardiaque et surtout aux scanners, en pleine expansion, s’accompagne d’un préoccupant sur-risque de cancer, même si ce dernier demeure modéré. Cette irradiation a augmenté de façon inquiétante ces deux dernières décades dans les pays industrialisés. Les produits de contraste iodés ou gadolinés, en plus de leur toxicité directe, sont potentiellement à l’origine de phénomènes d’hypersensibilité ou d’allergie. Les injections à visée diagnostique (articulaires, spinales…) ont également leur lot de complications. Ce travail fait le point sur la iatrogénicité de l’imagerie médicale diagnostique et sur les importants efforts actuels destinés à réduire cette iatrogénicité : nouvelles radiographies ou nouveaux scanners moins irradiants, produits de contraste non ioniques, techniques d’imagerie alternatives…. Il aborde également la iatrogénie « indirecte » moins connue mais plus fréquente, très dépendante de la qualité des examens d’imagerie ainsi que de l’accompagnement humain de ceux-ci et propose des solutions, d’ordre institutionnel, à cette situation.
Summary
Imaging is an indispensable element of modern medicine but is not without risk. Low-dose irradiation due to spinal, abdominal, pelvic or cardiac radiography, and the increasing use of CT, carries an additional, albeit moderate risk of cancer. Iodinated and gadolinium-containing contrast media, besides their direct toxicity, can trigger hypersensitivity and allergic-like reactions. Spinal and articular diagnostic injections can also lead to complications. This article reviews the direct iatrogenicity of diagnostic imaging and current efforts to limit it through the use of new radiological systems, lower-dose CT, non ionic contrast media, and alternative imaging techniques. The authors also examine the less known but more frequent problem of indirect iatrogenesis, which is highly dependent on the quality of the imaging personnel and technique. Finally, we propose some political solutions to this problem.
Bull. Acad. Natle Méd., 2014, 198, nos 4-5, 725-743, séance du 1er avril 2014