Communication scientifique
Session of 28 juin 2022

Les traitements par ARN interférents et par oligonucléotides antisens actuellement disponibles en France : une mise au point

MOTS-CLÉS : ARN interférent, Oligonucléotide antisens, Maladie rare
Interfering RNA and antisense oligonucleotide treatments currently available in France: An update
KEY-WORDS : RNA interference, Oligonucleotide drug, Rare disease

G. Bouvenot*

*L’auteur déclare des liens ponctuels (conseils en développement) avec : GSK, Sanofi, Vifor Pharma, Sage Therapeutics, Steba Biotech, Alnylan, TesaroBio France, Insmed, GenSight.

Résumé

L’arrivée des vaccins anti Covid-19 à ARN en 2020 ne doit pas occulter le fait que nous disposons déjà depuis plusieurs années de traitements à base d’ARN interférents ou d’oligonucléotides antisens dans un certain nombre de maladies rares de pronostic très sombre telles que l’amylose à transthyrétine, la porphyrie hépatique aiguë, l’hyperoxalurie primitive, l’amyotrophie spinale ou l’hyperchylomicronémie familiale. Si leurs performances, à l’inverse de celles des vaccins, ne sont pour l’instant qualifiées que de progrès thérapeutiques modérés dans les stratégies thérapeutiques opposées à ces maladies, il y a lieu de tenir compte du fait que leur évaluation initiale a été pénalisée par un certain nombre de facteurs défavorables : des essais de petits effectifs, des modalités thérapeutiques à affiner, le manque de recul, sur leurs effets à long terme mais surtout le choix du moment de l’instauration du traitement dans l’évolution naturelle de la maladie. Ce choix n’est pas anodin car l’on imagine mal que les produits utilisés puissent, au-delà d’une simple stabilisation de la maladie installée, permettre sa régression dès lors que certaines lésions constituées sont irréversibles. C’est pourquoi leur mise en œuvre très précoce, éventuellement fondée sur un dépistage génétique, est une piste à saisir dans l’intérêt des patients. Mais, dans le contexte concurrentiel des innovations dans le domaine, ARN interférents et oligonucléotides antisens devront compter avec les thérapies géniques et l’édition du génome par la technique CRISPR-Cas 9.

Summary

The arrival of anti-Covid-19 RNA vaccines in 2020 should not obscure the fact that for several years we have already had treatments based on interfering RNA or antisense oligonucleotides in a number of rare diseases with a very poor prognosis such as transthyretin amyloidosis, acute hepatic porphyria, primary hyperoxaluria, spinal muscular atrophy or familial hyperchylomicronemia. If their performance, unlike that of vaccines, is for the moment only qualified as moderate therapeutic progress (moderate clinical added value) in the therapeutic strategies against these diseases, it should be taken into account that their initial evaluation was penalized by a certain number of unfavorable factors: trials of small numbers, therapeutic modalities to be refined, the lack of hindsight on their long-term effects but especially the choice of the moment of the initiation of the treatment in the natural evolution of the sickness. This choice is not trivial because it is hard to imagine that the products used could, beyond a simple stabilization of the disease installed, allow its regression as soon as certain lesions formed are irreversible. This is why their very early implementation, possibly based on genetic screening, is an avenue to be seized in the interest of patients. But, in the competitive context of innovations in the field, interfering RNAs and antisense oligonucleotides will have to reckon with gene therapy and genome editing using the CRISPR-Cas 9 technique.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.02.005

Accès sur le site EM Consulte

*Professeur émérite à la faculté de médecine de Marseille, membre de l’Académie nationale de médecine
Académie nationale de médecine, 16, rue Bonaparte, 75006 Paris, France

Bull Acad Natl Med 2022;206:554-8. Doi : 10.1016/j.banm.2022.02.005