Communication scientifique
Séance du 18 avril 2023

Les expériences de gain-de-fonction des virus pathogènes émergents

MOTS-CLÉS : Mutation gain-de-fonction, Molécules contenant des motifs associés aux pathogènes, Pandémies, Protéines de résistance aux myxovirus, Infections à coronavirus, Syndrome respiratoire aigu sévère
Gain-of-function experiments of emerging pathogenic viruses
KEY-WORDS : Gain-of-function mutation, Pathogen-associated molecular pattern molecules, Pandemics, Myxovirus resistance proteins, Coronavirus infections, Severe acute respiratory syndrome

Patrick Berche*

Résumé

Dans la nature, des virus adaptés à la transmission circulent dans les espèces animales (chauves-souris, oiseaux, rongeurs, primates, etc.). Le franchissement de la barrière des espèces peut se faire par contamination d’autres espèces animales, dont l’homme. Des manipulations génétiques ont été réalisées sur des virus sauvages pour faciliter le passage interespèces et augmenter la virulence virale. Le but était d’identifier les gènes critiques pour la pathogénicité. Ces manipulations ont été réalisées sur des agents pathogènes potentiellement épidémiques, comme Myxovirus influenzae de la grippe aviaire et les coronavirus des épidémies de SRAS et de MERS. Ces expériences dangereuses ont fait l’objet d’un moratoire aux États-Unis (2014–2017). Trois ans après l’émergence du COVID-19, l’origine du SARS-CoV2 d’emblée très contagieuse reste un mystère. Il existe deux scénarios pour expliquer son émergence. Les partisans de l’origine naturelle avancent que le virus de la chauve-souris aurait pu infecter directement l’homme, se propageant silencieusement à un faible niveau chez l’homme pendant des années, sans éliminer l’existence d’hôtes intermédiaires non détectés. Cela n’explique pas l’origine à Wuhan, loin des réservoirs naturels de virus. Le site furin serait apparu spontanément à partir d’autres coronavirus. Le scénario alternatif est celui d’un accident de laboratoire à Wuhan, après des expériences de gain-de-fonction à partir d’un SARS-like CoV, voire même la survenue d’une contamination humaine par un virus CoV sauvage recueilli sur le terrain, lors de cultures cellulaires ou des tests sur les animaux à Wuhan.

Summary

In nature, viruses are well adapted to transmission in wild animal species (bats, birds, rodents, primates…). The crossing of the species barrier can be done by contamination of other animal species, including humans. Genetic manipulations have been carried out on wild viruses to facilitate interspecies passage and increase viral virulence. The aim was to identify genes critical for pathogenicity. These manipulations have been performed on potentially epidemic pathogens, such as Myxovirus influenzae from avian influenza and coronaviruses from the SARS and MERS epidemics. These dangerous experiments were placed under a moratorium in the United States (2014–2017). Three years after the emergence of COVID-19, the origin of the highly contagious SARS-CoV2 remains a mystery. There are two scenarios to explain its emergence. Proponents of the natural origin argue that the bat virus could have directly infected humans, spreading silently at a low level in humans for years, without eliminating the possibility of undetected intermediate hosts. The furin site would have appeared spontaneously from other coronaviruses. However, this does not explain the specific origin in Wuhan, far from natural virus reservoirs. The alternative scenario is that of a laboratory accident in Wuhan, after gain-of-function experiments with an SARS-like CoV, or even the occurrence of human contamination by a wild CoV virus collected in the field, during cell cultures or animal tests in Wuhan.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2023.06.006

Accès sur le site EM Consulte

*Académie nationale de médecine, 16, rue Bonaparte, 75006 Paris, France

Bull Acad Natl Med 2023;207:875-83. Doi : 10.1016/j.banm.2023.06.006