Rapport
Séance du 4 février 2025

Rapport 25-03. Les effets néfastes retardés du sport intensif. Partie 1 : les commotions cérébrales dans le sport

MOTS-CLÉS : SCAT6 – CRT6 – impacts sous-commotionnels - maladies neurodégénératives - encéphalopathie chronique traumatique – sclérose latérale amyotrophique
The delayed effects of intensive sport. Part 1: Concussions in sport
KEY-WORDS : SCAT6 – CRT6 – subconcussive impacts – neurodegenerative diseases - chronic traumatic encephalopathy - amyotrophic lateral sclerosis

Xavier BIGARD et Jean Marc VITAL

Les auteurs ne déclarent aucun lien d’intérêt.

Résumé

Les commotions cérébrales (CC) représentent 5 à 9 % de tous les traumatismes liés à la pratique du sport, mais avec une grande variabilité suivant le type de sport. Compte tenu des politiques mises en place afin de développer la pratique du sport amateur et de loisir, il est fort probable que ces données de prévalence soient très largement sous-estimées.

De nombreux arguments épidémiologiques existent pour considérer que les CC peuvent être à l’origine de maladies neurodégénératives, encéphalopathie chronique traumatique, sclérose latérale amyotrophique ou maladie d’Alzheimer. Il en est de même pour les impacts crâniens sous-commotionnels dont la répétition à l’entrainement ou en compétition est à l’origine d’une mortalité par sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie d’Alzheimer plus importante que dans la population générale.

C’est la raison pour laquelle la mise en place de stratégies de prévention est essentielle afin de réduire le risque de développement de ces pathologies neurodégénératives. De telles stratégies doivent reposer à la fois sur une amélioration des équipements de protection (casques, protections intra-buccales dans certains sports), une meilleure préparation physique et technique des sportifs et l’adaptation de règlements sportifs.

Du côté médical, une meilleure sensibilisation des professionnels de santé à la reconnaissance des CC, à leur diagnostic précoce, à la mise en place de programmes adaptés de récupération des fonctions neurologiques (en utilisant les ressources de télémédecine) et à l’application de critères stricts de retour en compétition sont indispensables pour réduire les effets à long terme des CC. Enfin, la formation des cadres sportifs non-professionnels de santé à la reconnaissance de signes suspects de CC tient une place importante pour la prévention des effets à long-terme des CC répétées.

Summary

It is considered that concussions account for 5-9% of all sports-related injuries, although this varies widely depending on the type of sport. Given the policies put in place to develop amateur, leisure sports and physical activity, it is highly likely that this prevalence data is highly underestimated.

There are now many epidemiological arguments to consider that concussions can be at the origin of neurodegenerative diseases, i.e. chronic traumatic encephalopathy, amyotrophic lateral sclerosis (ALS) or Alzheimer’s disease. The same is true of subconcussive cranial impacts, the repetition of which during training or competition is responsible for a higher mortality rate from ALS or Alzheimer’s disease than in the general population.

This is why it is essential to implement preventive strategies to reduce the risk of neurodegenerative diseases. Such strategies must be based on improving protective equipment (helmets, mouthguards in some sports), improving the physical and technical training of athletes and adapting sports regulations. From a medical point of view, health professionals need to improve their knowledge of how to recognize and diagnose concussions early, put in place appropriate programs to recover neurological functions (using telemedicine resources) and apply strict criteria for returning to competition, if the long-term effects of concussion are to be reduced. Finally, training sports managers and coaches to recognize the symptoms at risk of concussion is an important part for preventing the long-term effects of repeated concussions.

Accès en ligne : https://doi.org/10.1016/j.banm.2025.04.013

*Au nom du groupe de travail de la commission 5, 7 et 8 de l’Académie nationale de médecine

Bull Acad Natl Med 2025;209:617-29. Doi : 10.1016/j.banm.2025.04.013