Résumé
Le café a été introduit pour la première fois à Marseille et en France en 1644. Dans les deux décennies qui suivirent, « l’usage du café devint si universel à Marseille que les médecins s’en alarmèrent, dans la pensée que cet usage ne convenait point aux habitants d’un climat assez chaud et extrêmement sec, ce qui forma une espèce de dispute et de division dans la ville….
Les choses en cet état, les médecins trouvèrent à propos, pour discréditer cette boisson, d’en faire le sujet d’une dispute publique et de se prononcer, pour ainsi dire, juridiquement sur son usage… ». Cette dispute mémorable mit en scène un dénommé Claude Colomb à qui l’on imposa en 1679, s’il voulait être agrégé au Collège des médecins de la ville, de soutenir une thèse sur les dangers du café. La conclusion de cette thèse, dont le style n’aurait pas
dépareillé les diatribes de Monsieur Purgon dans Le Malade imaginaire et que les adversaires du café attendaient avec ferveur, était: « De tout cela il faut nécessairement conclure que l’usage du café est nuisible à la plus grande partie des habitants de Marseille. » Pourtant, malgré tous les efforts déployés pour convaincre, cette cérémonie n’eût guère d’impact sur le comportement de la population marseillaise et sur ses pratiques de convivialité.
On observait bien encore quelques réticences des gens de bon ton à fréquenter les maisons de café, cabarets tenus par des levantins, mais l’ornementation de plus en plus recherchée de ces établissements, lieux de négoce, finit par emporter les derniers scrupules.
Summary
Coffee was introduced for the first time in Marseille and in France in 1644. During the two following decades the use of coffee became so universal in Marseille that doctors became alarmed at thinking this use did not suit the inhabitants of a rather hot and extremely dry climate. And this led to quarrel and division in town about the subject. It was the way things were when doctors found relevant to make this quarrel public and to give, so to speak, one’s
verdict on its use in order to discredit the beverage. This memorable quarrel staged a so-called Claude Colomb who was told in 1679 he had to defend a thesis on the dangers of coffee if he wanted to be aggregated among the College of doctors of the city. The conclusion to this thesis longed for by the opponents of coffee and whose style would not have spoilt the diatribes of Monsieur Purgon in Molière’s Le Malade Imaginaire was thus expressed:
‘‘ from all this it is to be concluded that the use of coffee is harmful to the largest parts of people in Marseille. ’’ However despite all the efforts made to convince the population, this ceremony had very little impact on the inhabitants’ way of living and on their idea of conviviality. There was here and there some hesitation from fashionable people to go to coffee houses or to cabarets hold by Levantines but the more and more sophisticated decoration of these establishments and trade places prevailed in the end.
Bull. Acad. Natle Méd., 2016, 200, nos 8-9, 1709-1719, séance du 8 novembre 2016