Résumé
Le coût social des drogues en France mesure le coût monétaire des conséquences de la consommation et du trafic des drogues légales (alcool et tabac) et illégales. Le coût social est composé du coût externe (valeur des vies humaines perdues, perte de la qualité de vie, pertes de production) et du coût pour les finances publiques (dépenses de prévention, répression et soins, économie de retraites non versées, et recettes des taxes prélevées sur l’alcool et le tabac). Les paramètres de calculs suivent les recommandations du Rapport Quinet en 2013 et les données sanitaires ont été collectées dans la littérature scientifique. Le « coût social » de l’alcool et celui du tabac sont proches de 120 milliards d’euros, suivi par les drogues illicites (8,7 milliards d’euros). Le coût social engendré par le tabac peut être rapproché des 13,4 millions de fumeurs et le coût social de l’alcool des 3,8 millions « d’usagers à risques d’alcool ». Les drogues illicites engendrent un faible « coût social » total, en comparaison de l’alcool et du tabac, parce qu’elles sont moins consommées. Le « coût externe » représente l’essentiel du « coût social » pour l’alcool, le tabac et les drogues illicites (respectivement 96,1 %, 86,4 % et 67,9 %). L’importance de cette composante s’explique par le nombre très important de vies perdues (respectivement environ 49 000, 79 000, 1600) et par la valeur de l’année de vie perdue (115 000 euros) qu’il est recommandé d’utiliser en France dans les calculs socioéconomiques. Le « coût externe » de l’alcool est 8 % plus élevé que celui du tabac bien que le nombre des décès par le tabac soit plus important que ceux engendrés par l’alcool. Cette différence s’explique par un âge moyen au décès plus jeune pour l’alcool que pour le tabac (63 ans vs 71 ans) et par le fait que de nombreux décès accidentels engendrés par l’alcool interviennent précocement. Le « coût des drogues pour les finances publiques » est élevé (1,0 % du PIB). Chaque année, l’État doit payer respectivement pour l’alcool, le tabac et les drogues illicites, 3,9 milliards, 13,8 milliards et 2,4 milliards d’euros. Ainsi, 33 % du déficit budgétaire français serait constitué par le poids négatif des drogues sur les finances publiques. Les recettes de taxation sont inférieures au « coût des soins » (respectivement 8,5 et 25,9 milliards d’euros). La taxation sur les alcools ne représente que 37 % du coût des soins des maladies engendrées par l’alcool tandis que les taxes sur le tabac sont également insuffisantes à couvrir le coût des soins engendrés par ce dernier et représentent 40 % des recettes de taxation.
Summary
The total social cost of drugs in France measures the monetary cost of consequences of use and trade of legal (alcohol and tobacco) and illegal drugs. The social cost is made of “external costs” (value of wasted human lives, loss of quality of life, loss of production) and of cost for public finances (prevention, repression and health care spending, saving of unpaid pension amounts, and revenues from taxes on alcohol and tobacco). Calculation parameters follow the recommendations of the Quinet Report (2013) and health data have been collected in available scientific literature. The “social cost” of alcohol and tobacco is close to 120 billion euro, followed by that of illegal drugs (8,7 billion euro). Social cost of tobacco can be compared with the 13,4 million smokers, and social cost of alcohol with the 3,8 million of “at-risk alcohol users”. Illegal drugs induce a low total “social cost” for they are less used. The “external cost” accounts for the bulk of the “social cost” of alcohol, tobacco and illegal drugs (96,1%, 86,4% and 67,9%, respectively). The importance of this component is explained by the enormous amount of lost lives (49,000, 79,000 and 1600, respectively) and by the value of a life lost per year (115,000 Euros) that is recommended to use in France for socio-economic calculations. “External cost” of alcohol is 8% higher than that of tobacco although the number of death due to tobacco is higher than that induced by alcohol. This is explained by the younger mean age at death for alcohol than for tobacco use (63 vs. 71), and by the numerous early occurring alcohol-related accidental deaths. “Drug cost for public funds” is high (1% of GPD). Each year, State has to pay 3,9 billion, 13,8 billion and 2,4 billion Euros for alcohol, tobacco and illegal drugs, respectively. So, 33% of French budget deficit may be due to drugs burden on public finances. The tax income is below the “cost of treatment” (8,5 and 25,9 billion euro, respectively). Alcohol taxation is only 37% of the cost of alcohol induced diseases, while tobacco taxes, also insufficient to cover associated costs, equal only 40% of these costs.
L’article est disponible sur le site Science Direct édité par Elsevier-Masson : https://doi.org/10.1016/j.banm.2018.09.001
Bull Acad Natl Med (2019) 203 , 193-200