Résumé
L’expansion du terme burn-out est une source de confusion en raison des limites imprécises de cette réalité. La symptomatologie du burn-out regroupe plusieurs dimensions : épuisement émotionnel, dépersonnalisation, réduction de l’accomplissement personnel. Les nosographies médicales ne mentionnent pas le burn-out. Celui-ci peut s’apparenter soit à un trouble de l’adaptation, soit à un état de stress post traumatique, soit à un état dépressif. Il peut aussi désigner un tableau de désarroi psychologique d’intensité infra clinique à celle qui est requise pour désigner une pathologie caractérisée. C’est ce que tendent à confirmer les quelques données biologiques qui ont rapporté une dys-régulation de l’axe hypothalamo-hypophyso-adrénocorticotrope, du système immunitaire ou encore des taux circulants de facteurs trophiques (tel le BDNF).
L’échelle de mesure développée par Christina Maslach (MBI) ne peut être considérée comme un outil diagnostique : en population non clinique elle repartit chaque dimension (épuisement émotionnel, dépersonnalisation, réduction du sentiment d’accomplissement de soi) en trois tertiles (niveau faible, intermédiaire, élevé).
Les facteurs étiologiques du burn-out sont ceux des risques psycho-sociaux : (exigences du travail, exigences émotionnelles, manque d’autonomie, manque de soutien social et de reconnaissance, conflits de valeur, insécurité de l’emploi et du travail) et ceux liés à la personnalité du sujet : des facteurs individuels peuvent être déterminants de vulnérabilité.
La prévention du burn-out professionnel doit être conçue par le management de l’entreprise au plus haut niveau en impliquant tous les acteurs concernés de cette entreprise. Elle ne doit pas pour autant méconnaitre les facteurs de risques inhérents au sujet lui-même : neuroticisme, surinvestissement, antécédents psychopathologique. Le médecin du travail (et le service de santé en entreprise) en accord avec sa déontologie, doit être concentré sur la définition des actions de promotion de la santé au sein de l’entreprise. Le Ministère de la Santé doit développer des campagnes d’information auprès du grand public. L’Académie de Médecine souligne la nécessité de créer une structure capable de faciliter la coopération entre Ministère de la Santé et Ministère du Travail.
Summary
The expansion of the term « burn-out » is a source of confusion because of the imprecise confines of that reality. The symptomatology of burn-out includes several dimensions: emotional exhaustion, depersonalization, reduction of personal accomplishment. Medical nosographies do not mention burn-out. It can be similar either to an adaptative disorder, a post-traumatic stress disorder or a depressive disorder. It can also designate the picture resulting from an emotional turmoil at a lower clinical level than the one required for a characterized condition. This is confirmed by a few biological data that show a dysregulation of the hypothalamic–pituitary–adrenal axis, of the immune system or of the plasma levels of neurotrophic factors (such as BDNF).
The measurement scale developed by Christina Maslach (MBI) cannot be considered as a diagnosis tool: in non-clinical population it divides each dimension (emotional exhaustion, depersonalization, reduction of self-accomplishment) in three tertiles (low, moderate and high levels).
The etiological factors of burn-out are those of psychosocial risks: (work demands; emotional demands; lack of autonomy, lack of social support and of recognition, conflicts values, and job insecurity) and those related to the individual personality.
The prevention of burn-out depends on the implication of the management at its highest level. It has to take into account the risk factors inherent to the subject himself: neuroticism, psychopathological history. The occupational physician (and the health department of the company) in agreement with his ethics, must contribute in defining the actions promoting good health in the company. Health Ministry has to set up campaigns to inform the global population and to cooperate with Labour Ministry.
Bull. Acad. Natle Méd., 2016, 200, no 2, 349-365, séance du 23 février 2016