Le 3 novembre 2006, Strasbourg a commémoré un événement important de son histoire, la création en ses murs en 1856, de l’Ecole Impériale du Service de Santé Militaire. Ayant eu l’honneur de représenter l’Académie nationale de médecine à cette cérémonie du 150e anniversaire, qu’il me soit permis d’en dire quelques mots.
Placée sous l’égide du Service de Santé des Armées, de la Faculté de Médecine, des Hôpitaux Universitaires et de la ville de Strasbourg, la manifestation s’est déroulée en deux temps.
Le matin, une cérémonie militaire a eu lieu devant le bâtiment de l’ancienne Ecole Impériale, Place de la Cathédrale, en présence du Médecin Général Inspecteur Jacques Auclair, Directeur Régional du Service de Santé des Armées à Metz, du Général Alain Fléchaire, commandant l’Ecole de Lyon, du Sénateur Maire de Strasbourg Madame Fabienne Keller, du Doyen de la Faculté de Médecine, et de nombreux Professeurs. Une plaque commémorative a été dévoilée à la mémoire des quatre élèves de l’Ecole, Bartholomot, Combier, Lacour, Roy, morts lors du siège de Strasbourg en 1870.
L’après-midi, s’est tenu, à la Faculté de Médecine, un colloque dans le cadre duquel le Doyen Bertrand Ludes a relevé la communion de pensée qui unit la Santé Militaire aux grandes valeurs qui font la gloire de notre pays, alors que le Doyen de la Faculté de Pharmacie rappelait avec beaucoup d’humour que l’Ecole du Service de Santé Militaire n’avait pas jugé nécessaire à ses débuts de former aussi des élèves officiers en pharmacie. Le Professeur Schaaf a, de son côté, retracé l’histoire de l’Ecole de Strasbourg depuis sa formation en 1856 par Napoléon III, jusqu’au coup fatal que lui porta la guerre de 1870 et son transfert, en 1888, à Lyon.
Le Docteur Billmann a brossé le tableau de Charles Emmanuel Sédillot, chirurgien novateur et brillant, directeur de l’Ecole de 1856 à 1868.
Le Professeur Jean-Marie Le Minor fit revivre avec émotion la mémoire des élèves de l’Ecole cités plus haut.
Le Médecin Général Inspecteur, Alain Fléchaire, a tenu à signaler que les « Santards » sont actuellement près de 600, dont 95 % de futurs médecins, les autres se destinant à la pharmacie et à la médecine vétérinaire, tous, ayant la double obligation d’être à la fois soignants et officiers, l’École les préparant à cette double mission.
Au nom de l’Académie, j’ai eu l’occasion de rappeler que l’Ecole de Santé des Armées s’avérait fidèle à ses nobles traditions et continuait à faire honneur à l’ambitieux programme qui était le sien. J’ai surtout évoqué le souvenir des quatre élèves de l’École de Santé de Strasbourg qui furent Présidents de l’Académie Nationale de Médecine.
Jacques-Louis Bégin dirigea notre Compagnie en 1847. Premier Professeur de Clinique Chirurgicale et de Médecine opératoire à la Faculté de Strasbourg, il répondait à la perfection aux trois critères majeurs de la supériorité chirurgicale, la précision du diagnostic, le tact des indications et l’habileté opératoire.
Michel Lévy, un authentique strasbourgeois, élève de l’École de Strasbourg à partir de 1830, occupa par la suite la chaire d’hygiène du Val de Grâce, avant de présider notre Compagnie en 1857. En reconnaissance de sa contribution à la création de l’École Impériale de Santé, le Ministre de la guerre de l’époque, lui conféra le titre et les fonctions d’Inspecteur permanent de l’École de Strasbourg.
Edmond Delorme, d’origine lorraine, réalisa la première décortication pulmonaire et la première péricardectomie. Il fut élu Président de notre Compagnie en 1919.
Enfin, Alphonse Laveran, en découvrant les hématozoaires endoglobulaires de l’homme comme cause du paludisme, devint le premier français titulaire en 1907 du Prix Nobel de physiologie et de médecine, avant de présider en 1920, notre Académie.
C’est ainsi que durant des décennies, se sont noués entre l’Académie de Médecine et le Service de Santé des Armées, des liens qui jamais n’ont connu le moindre relâchement et que s’est étendu sur tous les membres de la grande famille médicale, l’éclat de la prestigieuse École.
La belle journée commémorative de Strasbourg a séduit tous les participants puisqu’elle a fait vibrer leur fibre patriotique, en communion de cœur avec l’Alsace, fière d’être associée à l’hommage rendu à ses « carabins rouges ».
* Président honoraire de l’Académie nationale de médecine.
Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 190, no 1, 129-130, séance du 23 janvier 2007