Publié le 26 juin 2015

Proclamation des lauréats 2015

 

Par Jean-François ALLILAIRE, Secrétaire adjoint

Comité secret du mardi 16 Juin 2015

 

 

PRIX GÉNÉRAUX

 

 

PRIX DE L’ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE30 000 €

Monsieur Philippe BOUSSO, 44 ans, DR1 INSERM à Pasteur , pour ses travaux intitulés « Décoder les réponses immunitaires contre les cancers et les infections à l’aide de l’imagerie intravitale ».

 

Notice biographique

Philippe Bousso est un immunologiste, directeur de Recherche Inserm DR1, responsable d’un laboratoire à l’Institut Pasteur. Diplômé de l’Ecole Polytechnique, il a effectué son doctorat à l’Institut Pasteur dans le laboratoire de Philippe Kourilsky. Au cours de cette période, il a caractérisé la composition des répertoires de lymphocytes T et leurs mécanismes de sélection. Il a ensuite rejoint le laboratoire d’Ellen Robey à l’Université de Californie Berkeley (USA) pour un stage postdoctoral au cours duquel il a développé des techniques d’imagerie dynamique in vivo pour l’étude des réponses immunitaires.

A son retour en France, il est lauréat des programmes Groupe à 5 ans (Pasteur) et Avenir (Inserm), et crée le laboratoire ‘Dynamiques des Réponses Immunes’ à l’Institut Pasteur. S’appuyant sur des approches d’imagerie intravitale, le travail de son unité vise à identifier de nouveaux mécanismes régulant les réponses immunitaires contre les cancers et les infections. Philippe Bousso est auteur de 68 publications originales dont 16 comme premier auteur et 35 comme dernier auteur (Science, Nat. Immunol, Nat. Med, Immunity…). Il est lauréat de plusieurs prix comme le prix JM. Le Goff de l’Académie des Sciences, le prix Pasteur-Vallery Radot, le prix Pasteur-Sanofi ou le prix MESCLE de la Fondation pour la Recherche Médicale. Il a obtenu en 2010 un financement Starting Grant du European Research Council et est membre EMBO depuis 2014.

 

Abstract

Philippe Bousso est un immunologiste qui dirige l’Unité des Dynamiques des Réponses Immunes à l’Institut Pasteur. A l’aide de techniques d’imagerie intravitale innovantes qui lui permettent de visualiser les cellules immunitaires en temps réel, ses travaux de recherche visent à comprendre et à manipuler les réponses immunitaires au cours d’infections ou de cancers. Il a ainsi pu caractériser comment les cellules T s’activent lors des interactions cellulaires avec les cellules dendritiques dans les ganglions lymphatiques. Ses recherches dans le cadre de maladies infectieuses ont mis en évidence l’importance de la diffusion des cytokines effectrices dans les tissus infectés et lui ont permis de proposer le concept d’immunité tissulaire basé sur l’activité collective des macrophages pour le contrôle de pathogènes intracellulaires. Son laboratoire a aussi mis en évidence un nouveau mécanisme cellulaire impliqué dans le rejet de greffe. Enfin, dans le cadre des réponses immunitaires anti-tumorales, son laboratoire a identifié le rôle complémentaire des cellules T et des cellules NK et mis en évidence le mode d’action de la thérapie anti-CD20, l’immunothérapie la plus couramment utilisée pour traiter les lymphomes B.

 

 

PRIX JANSEN— 10 000 €

Monsieur Frédéric GAMBINO, 34ans, CR2 à l’institut des Neurosciences de Bordeaux, pour ses travaux intitulés « Plasticité cérébrale et renforcement des neurones corticaux : mise en évidence de la mémoire des neurones silencieux ».

 

Notice biographique

Frédéric Gambino est neurophysiologiste, Chargé de Recherche CNRS au sein de l’Institut Interdisciplinaire de Neuroscience (IINS – UMR5297) dirigé par le Dr Daniel Choquet à Bordeaux. C’est un expert des enregistrements électrophysiologiques in vivo, de l’imagerie biphotonique chronique, et de l’optogénétique chez l’animal éveillé. Ses recherches ont pour objectif de comprendre la façon dont l’apprentissage affecte la dynamique des représentations neuronales corticales à l’origine de comportements complexes comme, par exemple, la prise de décision ou la planification d’une réponse motrice adaptée.

Il obtient son doctorat en Neurosciences en 2009, après 3 années de recherche au sein de l’Institut de Neurosciences Cellulaires et Intégratives (INCI) de Strasbourg, dans l’équipe du Dr Bernard Poulain  (actuellement Directeur Adjoint Scientifique de l’Institut des Sciences Biologiques du CNRS). Il y apprend l’électrophysiologie synaptique in vitro et montre que la potentialisation synaptique à long-terme (LTP), une étape essentielle de la mémorisation cellulaire, est altérée de façon remarquablement similaire dans plusieurs modèles murins d’autisme et de maladies psychiatriques.

Il se passionne alors pour les bases neurophysiologiques des comportements prédictifs acquis, mais conscient des limites fondamentales des modèles in vitro, décide de poursuivre en 2010 un stage postdoctoral sur des modèles in vivo. Il rejoint alors l’équipe du Prof Anthony Holtmaat à la Faculté de Médecine de Genève, Suisse. Il y obtient une prestigieuse bourse EMBO (2010-2012) et découvre de nouvelles règles ‘métaplastiques’ induites par l’altération des entrées sensorielles (Neuron 2012a,b). En 2012, il est nommé Attaché de Recherche au sein de la même équipe à Genève et supervise un groupe de 3 chercheurs. Frédéric Gambino met alors au point avec ses collaborateurs de nouvelles méthodes innovantes d’imagerie calcique chronique et d’optogénétique chez le rongeur éveillé et anesthésié. Elles lui permettent de contrôler de façon précise et de mesurer l’activité des circuits neuronaux thalamo-corticaux. Il met alors en évidence de nouveaux mécanismes synaptiques non-linéaires recrutés au cours de l’apprentissage (Nature 2014a,b).

Frédéric Gambino rejoint l’IINS en 2014 et est recruté Chargé de Recherche CNRS la même année. Il obtient plusieurs financements majeurs (ANR, Marie-Curie CIG, Chaire d’installation IdEx, Fondation NRJ/Institut de France) qui lui permettent de créer le MIND (‘Multimodal In vivo Neurophysiology Department’) dont il est le coordinateur scientifique. Le MIND est un espace mutualisé de l’IINS qui regroupe de nombreuses compétences in vivo (chirurgie, comportement, imagerie, électrophysiologie, optogénétique) offrant un environnement unique à Bordeaux pour l’étude des mécanismes corticaux de l’apprentissage associatif chez l’animal éveillé.

 

Abstract

Chez les mammifères, le néocortex constitue une structure remarquablement plastique à l’origine de leurs formidables capacités d’adaptation et d’apprentissage. Cette plasticité corticale dépend de la stabilisation de connexions synaptiques pertinentes au détriment de celles devenues inutiles. Cet équilibre subtil entre formation et perte des synapses serait gouverné par des mécanismes de potentialisation (LTP) et de dépression (LTD) à long-terme de la force synaptique. J’ai en effet montré que chez le rongeur anesthésié, les neurones corticaux pouvaient être potentialisés in vivo de façon artificielle en associant des potentiels d’action somatiques avec des potentiels postsynaptiques évoqués par la stimulation d’une vibrisse (Gambino & Holtmaat, Neuron 2012).

De façon intéressante, cette plasticité synaptique de type STD-LTP (“spike-timing dependent LTP”) peut être facilitée par la diminution des conductances inhibitrices induite par une modification des entrées sensorielles. Mes travaux ont ainsi mis en évidence pour la première fois un rôle “métaplastique” de la désinhibition dans la facilitation de la LTP à l’origine de l’expansion des représentations sensorielles corticales. Pourtant, les neurones corticaux demeurent remarquablement silencieux in vivo, suggérant que cette plasticité STD-LTP ne serait probablement pas la forme dominante de plasticité synaptique chez l’animal éveillé.

Au contraire, nous avons récemment mis en évidence une nouvelle forme de LTP induite pas la stimulation rythmique des vibrisses sans l’aide de potentiels d’action somatiques (Gambino et al, Nature 2014). En combinant de façon inédite des approches optiques, électrophysiologiques, génétiques, pharmacologiques et optogénétiques in vivo, nous avons montré que cette LTP dépendait de potentiels dendritiques “en plateau” générés par l’activation des récepteurs NMDA. Ces “spikes” dendritiques prennent leur origine dans l’activation de voies synaptiques de rétrocontrôle interne entre le thalamus et le cortex nécessaires au contrôle des entrées sensorielles (Gambino et al, Nature 2014). Cette forme de LTP pourrait ainsi être importante dans le recrutement de neurones silencieux faiblement connectés au sein d’un réseau synaptique fonctionnel.

 

PRIX DE LA SOCIÉTÉ DES EAUX MINÉRALES D’ÉVIAN-LES-BAINS— 2 500 €

 

Madame Sandra BEDARIDA, 32ans, anthropologue & biologiste à l’université Aix- Marseille, pour des travaux très originaux intitulés :

Paléomicrobiologie : recherche et étude de l’évolution de pathogènes au sein de spécimens archéologiques”.

 

Notice biographique

Titulaire d’une maitrise en Biologie Moléculaire et Cellulaire obtenue à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6), elle effectue un stage au Canada dans l’équipe de génétique des populations du Pr Damian Labuda au CHU Sainte-Justine de Montréal, où elle aborde l’étude de la diversité du génome humain et l’histoire génétique des populations humaines. Elle décide de compléter sa formation par un master d’Anthropologie Biologique à l’université d’Aix-Marseille afin d’appréhender l’étude des restes humains du terrain au laboratoire. Cela l’incite à prendre part à des fouilles archéologiques et à se rapprocher du Musée de l’homme où elle effectua des stages. Forte de cette double qualification en biologie moléculaire et en anthropologie, lors de son master, elle initie, en association avec les anthropologues de l’UMR ADÉS 7268 et l’équipe de virologie de l’Établissement Français du Sang – Alpes Méditerranée, un nouvel axe de recherche s’intéressant à la paléomicrobiologie afin d’étudier les pathogènes sur des collections biologiques anciennes provenant de restes archéologiques.

Ce travail prometteur se poursuit par la suite sous la direction du Dr Philippe Biagini grâce à l’obtention d’un contrat doctoral du ministère de la Recherche et s’achève à l’automne 2015 avec l’obtention du doctorat avec la mention très honorable et les félicitations du jury. Depuis son doctorat, elle collabore régulièrement avec cette unité de recherche à la formation des masters et aux études de paléomicrobiologie conjointement avec des paléopathologistes. Elle prospecte actuellement pour un post-doctorat à l’étranger dans des laboratoires spécialisés en paléomicrobiologie.

 

Abstract

Sandra Bédarida sonde les vestiges humains pour détecter, identifier et caractériser les microorganismes présents (virus et bactéries), fournissant ainsi d’importantes informations concernant l’évolution de ces pathogènes et la compréhension de certaines épidémies anciennes. Cette discipline, la paléomicrobiologie permet d’appréhender l’épidémiologie des maladies infectieuses, leurs virulences et leurs adaptations. De surcroit, l’étude des infections passées reste indispensable tant pour la compréhension des épidémies modernes – un problème majeur de l’humanité – que pour celle de la réémergence de pathogènes aujourd’hui éradiqués ou de l’émergence de souches multi-résistantes.

La thèse de Sandra Bédarida, à l’interface entre virologie, anthropologie et paléomicrobiologie, fut consacrée à l’étude des Anelloviridae. Ces virus à ADN circulaire simple brin, découverts en 1997, combinent des caractéristiques uniques dans le monde viral de part leur statut ubiquitaire (prévalence supérieure à 95% chez l’homme), leur infection chronique, leur extrême hétérogénéité et l’absence putative de pathogénicité. La famille virale des Anelloviridae se compose de trois genres majoritaires chez l’homme  (TTV, TTMDV, TTMV), révélant une organisation génomique conservée, dont les variants sont détectés dans différents compartiments biologiques. Ces virus présentent une extrême diversité génétique et pourraient constituer de remarquables exemples de coexistence et de coévolution avec leurs hôtes.

La recherche doctorale de Sandra Bédarida comporte deux volets interconnectés afin d’appréhender d’une part la diversité génétique et la distribution de cette famille virale au sein des populations et d’autre part d’analyser l’évolution des Anelloviridae. L’axe principal visait à caractériser de façon antéchronique la diversité génétique par l’étude de populations contemporaines aux profils variés (grâce aux échantillons sanguins de l’EFS) et de spécimens anciens datant du Néolithique à l’époque moderne provenant de localités différentes (fournis par les anthropologues de l’UMR ADÉS 7268). L’objectif était de vérifier si la distribution des trois genres viraux était comparable quelle que soit la population et s’il existait des variants spécifiques à l’une d’entre elle.

Le second axe a exploré l’évolution de ces virus au cours du temps, par une étude longitudinale à l’échelle individuelle au sein de deux corpus (patients transplantés et hémodialysés). Le dessein était de visualiser la pérennité ou non des souches dominantes et les possibles néo-infections. Afin d’optimiser le panel de détection de ces virus, un travail méthodologique de biologie moléculaire a été mis en œuvre afin d’apporter des améliorations et de standardiser les protocoles d’analyse existants pour les collections contemporaines et de mettre au point un protocole de détection des génomes viraux au sein de spécimens archéologiques à partir de prélèvements dentaires. En comparant la distribution des Anelloviridae au sein de plusieurs populations contemporaines saines, des différences significatives de profil ont été observées. Par ailleurs, d’un point de vue évolutif, les taux de mutation calculés de ces virus à ADN simple brin, concordent avec les vitesses d’évolution estimées antérieurement. Forts de ces connaissances sur les Anelloviridae dans les populations contemporaines, ces analyses ont permis d’attester l’ancestralité de ces virus et de détecter pour la première fois des particules virales non intégrées au génome de l’hôte.

 

PRIX ALBERT SÉZARY — Deux prix annuels de 7 500 €

 

Monsieur Lionel APETOH, 34ans, responsable d’un groupe de recherche INSERM  à Dijon, pour ses travaux intitulés:

« Rôle des lymphocytes T dans les réponses immunitaires anticancéreuses : application en immunothérapie anti-tumorale ».

 

Notice biographique

Lionel Apetoh a effectué sa formation initiale à l’Ecole Supérieure de Biotechnologie de Strasbourg où il a obtenu en 2004 les diplômes d’ingénieur en biotechnologie et de Master en Biologie Cellulaire et Moléculaire. Il a ensuite commencé sa carrière scientifique dans le laboratoire de Laurence Zitvogel à l’Institut Gustave Roussy à Villejuif où il a préparé sa thèse de doctorat. Ses recherches menées dans le domaine de l’immunologie du cancer ont permis de mettre en évidence que certains types de chimiothérapies pouvaient induire des réponses immunitaires anticancéreuses indispensables à leur efficacité thérapeutique. Après avoir soutenu sa thèse en 2008 et obtenu les félicitations écrites du jury pour ses travaux, il a poursuivi sa carrière par un post-doctorat de 2 ans au sein de l’équipe de Vijay Kuchroo à l’Université de Harvard à Boston aux Etats-Unis. Dans cette équipe, Lionel Apetoh a développé ses connaissances sur la biologie de deux sous-types de globules blancs, les lymphocytes T CD4 et T CD8, et sur leur implication dans les maladies autoimmunes et le cancer. Grâce à l’obtention d’un financement de l’Agence Nationale de la Recherche, il est revenu en France début 2011 pour créer son groupe de recherche dans l’équipe de François Ghiringhelli «Chimiothérapie, Métabolisme des lipides et réponses immunitaires antitumorales» au sein de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale UMR866 de Dijon dirigé par Laurent Lagrost.

Lionel Apetoh et son groupe étudient les liens entre le système immunitaire et le développement des cellules cancéreuses responsables de la formation de tumeurs. Ils recherchent également des méthodes permettant de donner aux cellules T CD4 des propriétés anticancéreuses. Avec le soutien du laboratoire d’excellence LipSTIC, programme de recherche fédérant 23 équipes en France, ils ont pu mettre en évidence que les lymphocytes T CD4 libérant de l’interleukine-9 (cellules Th9) avaient des propriétés anticancéreuses. Ces travaux suggèrent que ces cellules pourraient être utilisées en thérapie cellulaire anticancéreuse chez l’homme.

 

Abstract

Depuis plus de 40 ans, le traitement des pathologies cancéreuses, aujourd’hui devenues première cause de mortalité en France, s’appuie sur quatre modalités, la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie. Le mécanisme d’action supposé de la plupart de ces traitements résulte d’une action cytotoxique directe sur les cellules tumorales. Cependant, nous avons pu montrer que l’efficacité anti-cancéreuse de certaines chimiothérapies dépendait également de l’activation du système immunitaire. En effet, si le système immunitaire est un ensemble de cellules qui vont coopérer pour défendre l’organisme contre des microbes comme les bactéries, champignons ou virus, il peut également limiter le développement de cancers. Nous examinons en détail les propriétés d’un type particulier de cellules du système immunitaire, les lymphocytes T CD4. Ces cellules également appelées lymphocytes T auxiliaires agissent comme des chefs d’orchestre des réponses immunitaires.

Pour être efficaces, les cellules du système immunitaire ont en effet besoin de communiquer entre elles et les lymphocytes T CD4 ont la capacité de libérer des signaux moléculaires qui vont activer d’autres cellules immunitaires pour éliminer la source du danger. Il a également été suggéré que certains sous-types particuliers de cellules T CD4 peuvent lutter contre le développement de cellules cancéreuses. Malheureusement, au sein d’une tumeur cancéreuse, ces cellules sont peu nombreuses et les cellules cancéreuses sont capables de neutraliser leur effet anti-cancéreux. Notre objectif a donc été d’isoler ces cellules T CD4 à partir du sang, de les amplifier in vitro (dans des boîtes de culture) et d’augmenter fortement leurs propriétés anticancéreuses pour ensuite les utiliser comme outil thérapeutique dans la lutte contre le cancer. Nos travaux de recherche fondamentale menés chez la souris ont permis de montrer que des cellules T CD4 libérant deux molécules, les interleukines 9 et 21, possèdent de fortes propriétés anticancéreuses lorsqu’elles sont injectées chez des animaux porteurs de cancers de la peau. Cette activité suggère que les cellules T CD4 produisant les interleukines 9 et 21 pourraient être utilisées comme outil  thérapeutique chez l’homme. En effet, ces cellules pourraient être isolées à partir du sang d’un patient atteint de cancer, modifiées in vitro pour renforcer leur sécrétion d’interleukines 9 et 21, puis réinjectées chez ce même patient pour lutter contre le cancer.

 

 ET

 

Madame Estelle MARION, 29ans, Ingénieure Agronome INSERM à Angers, pour ses travaux intitulés:

« Ulcère de Buruli et Mycobacterium ulcerans : de l’environnement aux interactions moléculaires hôte-pathogène.

 

Notice biographique

Durant un stage à l’institut Pasteur de Seoul, Corée du Sud, dans l’Equipe Inserm du Dr Brodin, réalisé dans le cadre de sa formation d’Ingénieur Agronome, Estelle Marion s’est intéressée à deux infections mycobactériennes : la Tuberculose et l’ulcère de Buruli (ou infection à M. ulcerans). Sa curiosité l’amène à poursuivre ses investigations à l’Institut Pasteur du Cameroun où, avec le Dr Eyangoh, elle étudie le rôle des punaises aquatiques dans l’écologie de M. ulcerans. Durant son séjour au Cameroun, elle participera à l’organisation du cours Pasteur international portant sur l’infection à M. ulcerans en prenant en charge les travaux pratiques de cet enseignement.

A son retour, elle intègre, l’équipe du Dr Marsollier (université/CHU d’Angers et Inserm), où elle étudiera les interactions entre M. ulcerans, sa toxine la mycolactone et le système nerveux. Ce travail fondamental, publié dans la revue Cell, ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine de la prise en charge de la douleur. Enthousiasmée par les travaux qu’elle a initiés, Estelle Marion décide de préparer un doctorat en microbiologie; pendant trois années, elle développe une approche globale intégrée et originale afin d’étudier les différentes facettes de la biologie de M. ulcerans allant de l’écologie du bacille jusqu’à ses interactions moléculaires avec ses hôtes.

A l’issue de son doctorat, passionnée par les études portant sur l’infection à M. ulcerans, elle décide de parfaire sa formation postdoctorale au Bénin plus précisément à l’hôpital Raoul et Madeleine Follereau, un Centre de Diagnostic et de Traitement de l’Ulcère de Buruli à Pobè (CDTUB). Pendant quatorze mois, avec le soutien de la Fondation Raoul Follereau, elle met en place un laboratoire de diagnostic moléculaire tout en formant le personnel à ce nouvel outil. Par la qualité et la rapidité du rendu des résultats, ce laboratoire est devenu très rapidement indispensable aux équipes médicales. De plus, lors de son immersion au cœur d’une zone endémique pour l’ulcère de Buruli, elle réalise, en plus d’une étude portant sur l’écologie du Bacille, une étude prospective visant à comprendre les phénomènes de cicatrisation spontanée et de réactions paradoxales lors de l’infection à M. ulcerans. Actuellement, Estelle Marion, avec les équipes du Bénin et de l’Inserm, analyse les données collectées au Bénin. Dans la continuité de son engagement, elle poursuit son accompagnement auprès de l’équipe technique et médicale du CDTUB de Pobè pour faciliter le diagnostic moléculaire de l’infection.

 

Abstract

Les travaux de recherche de Mlle Marion ont porté sur l’ulcère de Buruli, maladie tropicale émergente et négligée, et son agent causal M. ulcerans. Au-delà du problème de santé majeur, l’abord de ce sujet présente de nombreuses difficultés et défis, tenant à des singularités. En déployant une approche globale, de l’environnement aux interactions hôte-bacille, son travail participe à l’élucidation de l’histoire naturelle de l’infection à M. ulcerans. Ainsi dans trois zones endémiques, elle a démontré que les punaises aquatiques constituaient un hôte naturel du bacille et participeraient à sa transmission. Sur le plan des interactions hôtes/Bacille, elle a dévoilé, avec ses partenaires du réseau des Institut Pasteur (Lille, Paris, Seoul), du CNRS et de l’Inserm, l’implication de la mycolactone, toxine secrétée par la bactérie, dans une singularité de la maladie portant sur l’aspect indolore des lésions. Ses investigations ont participé à la démonstration que la mycolactone agissait comme analgésique, en se fixant sur AT2R, et à l’élucidation de la signalétique cellulaire, avec des perspectives de développement de nouveaux «anti-douleurs». Cette démarche globale, conduit de fait, au développement de tout un arsenal (méthodologique et conceptuel) pouvant s’avérer précieux pour aborder, sur le long terme, d’autres infections environnementales.

 

PRIX ÉLOI COLLERY— 40 000 €

 

Monsieur Didier MENARD, 49ans, épidémiologiste de l’institut Pasteur de Phnom Penh (Cambodge), pour ses travaux sur

« La compréhension des mécanismes cellulaires et moléculaires associés à la résistance de Plasmodium falciparum aux dérivés de l’artémisinine ».

 

Notice biographique

Le Docteur Didier Menard a obtenu son diplôme de Docteur en Pharmacie de l’Université de Pharmacie de Rouen en 1991. Classé 5ème au concours de l’internat, il a poursuivi sa formation par une spécialisation en biologie médicale (DES de Biologie médicale) à l’AP-HP et à l’Université René Descartes (Paris V) à Paris entre 1991 et 1997. En parallèle, il a obtenu sa maitrise en parasitologie médicale et un DEA mention « Santé publique et pays en voie de développement ». Ses études ont été interrompues entre 1993 et 1995 par un séjour à l’Institut Pasteur de Madagascar en tant que Volontaire Service National.

A la fin de son internat, en 1998, il a intégré le Réseau des Instituts Pasteur et Institut associés (RIIP) et a travaillé pendant un an à l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie. En 2000, sa seconde affectation l’a conduit en République Centrafricaine à l’Institut Pasteur de Bangui où il a dirigé pendant 5 ans le laboratoire d’analyses médicales et le laboratoire des entérovirus (Centre collaborateur National et Régional OMS pour la poliomyélite). Il a créée en 2003 le laboratoire d’étude de la chimiosensibilité du paludisme. A partir de 2005, en tant que responsable de l’Unité de Recherche sur le paludisme de l’Institut Pasteur de Madagascar, il s’est entièrement consacré à l’étude des parasites du paludisme. Son activité s’est naturellement orientée vers l’amélioration de la prise en charge des malades atteints de paludisme (diagnostic et traitement).

Le Docteur Didier Ménard a obtenu son doctorat d’Université en 2007 et son Habilitation à diriger les Recherches en 2009 (Université Paris VI). A ce jour, il est auteur de 114 publications. Depuis 2000, il a encadré de nombreux étudiants en Master, DEA, 15 thèses de médecine et 6 thèses d’université. Il a été nommé Professeur associé de l’Université d’Antananarivo (Madagascar) en 2011. Il participe régulièrement à des congrès internationaux et à des réunions de groupes d’expert à l’OMS. Il a été récompensé en 2004 du titre de Chevalier de l’Ordre du Mérite Centrafricain.

Il poursuit actuellement son activité à l’Institut Pasteur du Cambodge et dans le Réseau des Instituts Pasteur et Instituts Associés. Son souci reste encore et toujours d’établir un lien permanent entre le terrain et l’Institut Pasteur à Paris en facilitant le transfert des avancées scientifiques et des technologies vers les pays endémiques et en sensibilisant les chercheurs des pays du Nord aux problèmes de Santé publique rencontrés sur le terrain.

 

Abstract

Au Cambodge, l’émergence de souches de Plasmodium falciparum résistantes aux dérivés de l’artémisinine est une menace majeure pouvant anéantir les efforts accomplis pour contrôler et éliminer le paludisme. En effet, le risque que ces parasites résistants se propagent à partir de l’Asie du Sud-Est vers l’Afrique, comme ce fut le cas pour les parasites résistants à la chloroquine et à l’association sulfadoxine-pyrimethamine serait une catastrophe sanitaire majeure. Jusqu’en 2013, la résistance à l’artémisinine était détectée uniquement par la mesure du ralentissement du temps nécessaire pour éliminer les parasites (taux de clairance parasitaire) chez les patients recevant un dérivé de l’artémisinine seul ou une combinaison comprenant un dérivé de l’artémisinine et une drogue partenaire (ACT). Bien que constituant un outil efficace pour détecter l’apparition de la résistance à l’artémisinine, ces études logistiquement lourdes, onéreuses étaient difficiles à déployer à grande échelle. Nous ne disposions pas de test in vitro ni de marqueur moléculaire, outils essentiels pour étudier « directement » la résistance des parasites à l’artémisinine, ce qui entravait les efforts visant à mieux comprendre les mécanismes mis en place par le parasite pour résister à cette drogue.

De 2013 à 2015, nous avons réalisé deux avancées majeures dans l’étude et la compréhension des mécanismes impliqués dans la résistance de P. falciparum aux dérivés de l’artémisinine: (1) le développement de nouveaux tests in vitro/ex vivo appelé « Ring-stage Survival Assays » (RSA), permettant de détecter les parasites résistant à l’artémisinine, dans les isolats de patients présentant une clairance parasitaire ralentie ; et (2) l’identification d’un marqueur moléculaire associée à la résistance à l’artémisinine chez P. falciparum (mutations au sein du domaine en hélice du gène Kelch situé sur le chromosome 13, appelée K13) par une approche multidisciplinaires associant des études génomiques, biologiques, cliniques et épidémiologiques.

Peu après cette découverte, nous avons conduit une étude globale visant à estimer la distribution mondiale et la prévalence des parasites présentant des mutations au sein du gene K13 afin d’élaborer une stratégie visant à améliorer la surveillance de la résistance à l’artémisinine. L’étude KARMA (K13 artemisinin resistance Multicenter Assessment) a permis d’analyser 14 037 échantillons provenant de 59 pays endémiques. L’analyse des séquences du domaine en hélice du gène K13 a été couplée à l’analyse de deux gènes polymorphes flanquant le gène K13 afin de déterminer l’origine et d’évaluer la diffusion des parasites présentant des mutations spécifiques. Nous avons également étudié l’impact phénotypique d’un allèle mutant K13 observé dans plusieurs pays africains à partir d’un parasite modifié génétiquement (introduction de la mutation étudiée dans une lignée parasitaire de référence). Le nombre important d’échantillons étudies dans le projet KARMA nous a permis de conclure que la résistance à l’artémisinine est toujours confinée à l’Asie, où un petit nombre de mutations associées à la résistance avaient atteint une fréquence parfois très élevée. En revanche, nous avons observé une absence de parasites mutants en Amérique du Sud, en Océanie, aux Philippines ou en Asie centrale, et une très faible prévalence mais impliquant beaucoup de mutations différentes dans les échantillons recueillis en Afrique. Nous n’avons pas retrouvé de parasites mutants asiatiques en Afrique ni constaté de signes de sélection positive de parasites mutants en dehors de l’Asie, suggérant l’absence de risque immédiat menaçant l’efficacité des combinaisons à base de dérivés de l’artémisinine. Ces bonnes nouvelles en revanche contrastaient avec les données inquiétantes observées dans l’Ouest du Cambodge, où la prévalence des parasites mutants est à présent proche de 100%

Le projet KARMA fournit donc à la communauté scientifique et aux experts en Santé Publique, une feuille de route claire sur la meilleure façon d’utiliser les informations issues des données moléculaires dans la surveillance de la résistance à l’artémisinine. Le polymorphisme important du gène K13 nécessite d’associer son génotypage, avec des études cliniques évaluant l’efficacité des médicaments, et des tests in vitro mesurant le niveau de résistance des isolats de terrain ou de parasites génétiquement modifiés. Il est certain que cette vaste entreprise nécessitera la coordination étroite des programmes nationaux de lutte contre le paludisme. Mobilisant plus de 50 équipes scientifiques localisées dans les différents pays où le paludisme est endémique, la dynamique ainsi que les outils créés par le projet KARMA et le soutien de l’OMS, constituent une étape important pour fédérer les prochaines activités de surveillance de la résistance à l’artémisinine à travers le monde.

 

 

PRIX ALBERT CREFF— 1 500 €

 

Madame Natalie ALMERAS, 50 ans, directrice de programmes de recherche et professeure en kinésiologie à l’Université Laval au Québec (Canada), pour ses travaux intitulés « Mesurer et cibler la qualité nutritionnelle et l’hygiène de vie à l’école et en milieu de travail : impact sur le profil de santé ».

 

Notice biographique

Le Dr Natalie Alméras est chercheuse au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ) depuis 2002 et professeure associée au département de kinésiologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval. Le Dre Alméras a obtenu un doctorat en sciences de l’activité physique à l’Université Laval en 1995.

Au cours de sa carrière, le Docteur Alméras a supervisé et co-supervisé les travaux de recherche de 2 étudiants en doctorat et de 13 étudiants en maîtrise ainsi que la formation de 45 stagiaires universitaires. Elle enseigne également aux étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs à l’Université Laval. Elle a publié plus de 87 articles indexés dans PubMed dans les domaines des facteurs de risque de maladies chroniques sociétales, de l’obésité, de la physiologie de l’exercice, de la qualité nutritionnelle et des habitudes de vie. Elle a participé à l’écriture de 2 chapitres de livre et a contribué à la présentation de 345 résumés publiés et présentés à travers le monde dans des congrès nationaux et internationaux.

Abstract

L’expertise du Dr Alméras porte sur les saines habitudes de vie, l’exercice physique, l’équilibre énergétique et le traitement de l’obésité et ses complications auprès des adultes et des jeunes. Elle a développé une expertise dans l’identification et la gestion des facteurs de risque cardiométabolique, en plus du développement de programmes d’intervention visant la perte de poids. Le Dr Alméras a dirigé l’implantation d’une unité de recherche cardiométabolique reconnue au plan international.

Une des principales réalisations de l’équipe de recherche du Docteur Alméras est le développement d’un programme d’éducation nutritionnelle pour l’enseignement au primaire. Ce programme permet aux enfants de développer leurs compétences et leur esprit critique, afin de leur donner les moyens de prendre en main leur santé. Le programme est destiné aux enfants de la maternelle à la sixième année. Depuis 2010, le Docteur Alméras a agi à titre de conseillère scientifique et responsable de la recherche pour le Grand défi Pierre Lavoie (GDPL). L’expertise acquise dans le développement de contenus éducatifs a été utilisée afin de développer le volet nutrition du GDPL. Le Docteur Alméras est également la directrice scientifique du Grand Défi Entreprise, un programme d’intervention en santé et bien-être en entreprise axé sur l’amélioration de la qualité nutritionnelle, la réduction de la sédentarité et l’augmentation de l’activité physique.

Les travaux de recherche du Docteur Alméras ont confirmé qu’en médecine les comportements sont aussi importants que les paramètres physiologiques et ils devraient être mesurés et enseignés avec des outils simples. Les résultats indiquent qu’il est possible de transmettre des messages simples pour faciliter l’adoption et le maintien de saines habitudes de vie.

 

 

 

                                                                                                                                                                                                       PRIX DE MÉDECINE


 

PRIX AUGUSTE SECRÉTAN— 4 900 €

 

Monsieur Constantin TULEASCA, 34ans, neurochirurgien de Lausanne (Suisse), pour ses travaux sur

« La névralgie du trijumeau : le traitement par Gamma-Knife. »

 

Notice biographique

Constantin Tuleasca est médecin assistant senior, en formation FMH dans le Service de Neurochirurgie et le Centre Gamma Knife de l’Hopital Cantonal de Lausanne (CHUV, depuis 2007, Professeur Marc Levivier) et chercheur (candidat MD-PHD) de l’Université de Lausanne et de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL, depuis 2012, Professeur Jean-Philippe Thiran). Il a poursuivi ses études à la Faculté de Médecine de l’Université « Gr. T. Popa », Iasi, Roumanie, avec plusieurs stages à l’étranger, notamment: étudiant Erasmus de l’Université de Salamanque (2004), externe dans le Service de Neurochirurgie de l’Hopital de Hautepierre à Strasbourg (2005) et à Freiburg-im-Breisgau (2005). Entre mai 2010 et octobre 2011 il a effectué un stage de perfectionnement dans le domaine de la neurochirurgie fonctionnelle et de la radio-neurochirurgie par Gamma Knife au CHU Timone à Marseille (Professeur Jean Régis). En tant que clinicien, il est particulièrement attiré par la neurochirurgie mini-invasive, guidé par l’image et par la neuro-oncologie; en tant que chercheur, il a réalisé des travaux importants sur le rôle de la radiochirurgie dans le traitement de la névralgie du trijumeau sur la plus grande cohorte mondiale disponible et en analysant une multitude d’aspects ; il est à présent en train d’étudier la connectivité fonctionnelle cérébrale après la thalamotomie par Gamma Knife, en utilisant des algorithmes très complexes.

Il est membre de plusieurs sociétés internationales dans le domaine. Il est auteur et co-auteur de nombreuses présentations, chapitres de livres ou articles revus par des pairs. Il est invité à donner des conférences ou à diriger des travaux dans le cadre des réunions internationales, principalement liées à la radiochirurgie Gamma Knife, son domaine d’intérêt et de recherche. En 2013, à Toronto, à l’occasion du Congres de la Société Internationale de Radiochirurgie Stéréotaxique (ISRS), on lui a conféré le prix « Young Professional Award » pour les avancées qu’il a apportées dans le domaine de la radiochirurgie fonctionnelle.

 

Abstract

Le traitement par radio-neurochirurgie par Gamma Knife (GK) est utilisé de plus en plus souvent comme une alternative à la microchirurgie conventionnelle pour le traitement des pathologies neurochirurgicales intracrâniennes. Il consiste dans l’irradiation en dose unique et à haute énergie, grâce à la méthodologie stéréotaxique et à l’utilisation d’une imagerie multimodale (IRM avec des multiples séquences, scanner et artériographie éventuelle). Le GK a été inventé par le neurochirurgien suédois Lars Leksell, qui faisait pour la première fois un ciblage du nerf trijumeau en 1951, sur la base d’une radiographie standard.

Notre projet, développé sur une durée de cinq ans (2010-2015), a analysé le rôle du traitement par GK dans la névralgie du trijumeau classique (ou idiopathique), particulièrement douloureuse et invalidante, et dont ce type de thérapie chirurgicale reste le moins invasif et avec des probabilités d’efficacité et toxicité comparables à la microchirurgie conventionnelle, autant sur le court que sur le long terme. Il s’agit d’une étude prospective, non randomisée, au CHU Timone, Marseille, France (Professeur Jean Régis, référence française et universelle dans le domaine). La cohorte analysée est la plus grande au monde (497 cas) avec la durée de suivi la plus longue (médiane de 4 ans ; 1-15 ans), traitées avec cette technique pour la névralgie du trijumeau (737 cas en 2010, plus de 1200 actuellement à Marseille). Un cadre stéréotaxique a été fixé par serrage sur la tête du patient sous anesthésie locale puis a été effectuée une imagerie en résonance magnétique reposant sur une séquence haute résolution de 0.5 mm2. La fiabilité géométrique de cet examen a été évaluée par confrontation à une imagerie scanographique en fenêtre osseuse. Un isocentre de 4 mm a été positionné au niveau de la portion cisternale du nerf trijumeau, à environ 7-8 mm en avant de son entrée dans le tronc cérébral.

Dans la grande population de 497 cas, les douleurs disparurent chez 92% des patients entre un et 180 jours; la probabilité de toujours être sans douleur et sans médication à 10 ans était de 45.3% ; la probabilité d’être libre de douleur à dix ans sans nouvelle intervention neurochirurgicale était de 67.8%. Le seul effet secondaire remarqué fut chez 20% des cas une diminution de la sensibilité de l’hémiface s’installant dans les cinq ans suivant le GK (probabilité de voire s’installer une hypoesthésie gênante de 0.6% seulement).

Notre étude a également porté sur les mécanismes d’arrêt des crises névralgiques et leurs délais respectifs, en montrant trois différents modes de réponse (article innovateur). Egalement, nous avons évalué le rôle de la radiochirurgie chez les patients porteurs d’une sclérose en plaques, où cette technique, la moins invasive, permet la même efficacité avec une toxicité minime, mais avec un taux de récurrence plus important sur le longue terme, aussi vu la physiopathologie différente (plus grande série mondiale). Dans le cadre d’une compression du nerf trijumeau par un megadolichotronc basilaire, l’efficacité reste très élevée, similaire à celle des névralgies considérées idiopathiques, avec un taux d’hypoesthésie très faible et une efficacité encore plus importante sur le longue terme (deuxième série mondiale).

Dans le contexte des névralgies récurrentes après une chirurgie ouverte préalable (décompression microvasculaire Janetta), nous avons pu démontrer pour la première fois que malgré une efficacité initiale qui est légèrement moindre, le taux de succès à long terme reste similaire avec les névralgies idiopathiques. Dans les retraitements (deuxième GK), l’efficacité initiale est la même, mais la toxicité augmente (série incluant aussi une revue systématique). Nous avons ensuite analysé le rôle du débit de dose du Cobalt-60, qui décroit sur 5.26 ans et son éventuelle influence sur l’efficacité et la toxicité et avons conclu qu’il n’y avait pas d’effet de celui-ci, autant en l’étudiant de manière standard (valeur donné par la machine GK), qu’en le calculant nous-même, afin de tenir compte de la variation intrapatient (article innovateur). D’autres aspects sont encore en cours d’étude ou bien d’analyse des résultats obtenus.

 

PRIX SERGE GAS— 600

 

Madame Maria Clara de MORAES PRATA GASPAR, 30ans, Diététicienne d’origine Brésilienne actuellement à Toulouse, pour ses travaux intitulés :

« Les diététiciennes sous le poids des normes : étude comparative de l’influence des normes socioculturelles et des normes scientifiques chez les diététiciennes et jeunes femmes françaises, espagnoles et brésiliennes ».

 

Notice biographique

Maria Clara de Moraes Prata Gaspar, brésilienne, est diététicienne de formation. Depuis 2008 elle habite entre la France et l’Espagne où elle a passé une thèse en cotutelle en Sociologie au CERTOP (Université de Toulouse – Jean-Jaurès), sous la direction de Jean-Pierre Poulain, et en Nutrition et Alimentation à l’Observatoire de l’Alimentation (Université de Barcelone), sous la direction de Jesus Contreras. Ses travaux, s’appuyant sur des méthodologies qualitatives et comparatives, s’intéressent aux relations entretenues entre normes diététiques et normes socioculturelles, au processus de médicalisation de l’alimentation et aux rapports au corps, principalement chez les diététiciennes et les femmes.

 

Abstract

Au cours des trois dernières décennies, le taux de prévalence de l’obésité a progressivement augmenté à travers le monde. Des études ont notamment pointé du doigt les mauvaises habitudes alimentaires comme responsables de cette maladie, à tel point que l’alimentation est devenue une question de santé publique indissociable de la santé et du contrôle du poids. Le processus de médicalisation de l’alimentation et du corps a été intensifié et des normes diététiques ont été globalement diffusées. Les diététicien(ne)s y jouent un rôle important. Ces professionnels, représentés majoritairement par des femmes, ainsi que les individus de la société, reçoivent et interprètent les normes diététiques dans des contextes culturels distincts, où l’alimentation et le corps sont aussi façonnés par les normes socioculturelles. En effet, si les phénomènes médicaux influencent les pratiques socioculturelles ils y sont également soumis. Cette relation réciproque provoque des perceptions spécifiques du corps, de l’alimentation et de la maladie, en fonction du temps et de l’espace.

Cette étude cherche à comprendre, à partir d’une approche qualitative basée sur des entretiens individuels semi-directifs, les relations entretenues entre normes médicales et socioculturelles en France, en Espagne et au Brésil, chez un groupe d’experts, les diététiciennes, et un groupe profane, les jeunes femmes, afin de remettre en question les caractères « objectif »,  « universel » et « rationnel » des normes nutritionnelles. Cela est primordial afin d’enrichir les connaissances sur les normes, représentations et pratiques, des femmes et des acteurs importants dans la transmission de normes. Obtenir ces connaissances est essentiel afin d’améliorer la formation des diététicien(ne)s et de contribuer à adapter leurs conseils aux demandes socioculturelles des patient(e)s, préservant ainsi la culture alimentaire et facilitant leur intériorisation et mise en pratique.

 

PRIX DESCHIENS— 640 €

 

Madame Mélanie HAMON, 39ans, chargée de recherche à l’institut Pasteur,  pour ses travaux intitulés:

« Modification d’histone induite par une infection à Listeria monocytogènès. »

 

Notice biographique

Melanie Hamon a la double nationalité française et américaine. Elle a grandi en France, mais a fait ses études universitaires aux États-Unis à l’Université de Californie à Los Angeles. Elle a obtenu son doctorat en microbiologie en 2004 sous la tutelle de Beth Lazazzera. Son projet de thèse a porté sur la caractérisation des mécanismes moléculaires impliqués dans la formation de biofilm par Bacillus subtilis.

Pour ses études postdoctorales, elle est retournée dans sa ville natale, Paris, pour travailler avec Pascale Cossart à l’Institut Pasteur. Là, elle a développé un nouveau domaine de recherche basée sur l’étude de l’interaction entre les bactéries pathogènes et la chromatine hôte. Elle a découvert que la Listeria monocytogenes est capable d’induire des modifications d’histones spécifiques en corrélation avec la reprogrammation de l’expression des gènes de l’hôte. Cette découverte n’a pas été limitée à Listeria. En effet, le domaine est en pleine expansion et de nombreuses bactéries ont été montrées comme modifiant la chromatine hôte.

Melanie Hamon est un jeune chercheur qui depuis son stage postdoctoral a un poste permanent à l’Institut Pasteur leader d’un petit groupe au sein de l’Unité Interactions Bactéries-Cellules, dirigée par le Professeur Pascale Cossart. Très récemment, elle a été promue à la tête d’un jeune groupe indépendant (G5) à l’Institut Pasteur qui sera inauguré dans les mois à venir.

 

Abstract

Comprendre l’interaction entre un pathogène et son hôte, c’est appréhender le processus infectieux pour mieux le combattre. Dans le laboratoire des Interactions bactéries-cellules à l’Institut Pasteur, l’un des thèmes de recherche actuel porte sur la modification des histones en réponse à une infection bactérienne. Les modifications de la chromatine, au niveau de l’ADN ou des histones, jouent un rôle fondamental dans la régulation de l’expression des gènes chez les eucaryotes, en contrôlant l’accès de la machinerie transcriptionnelle aux séquences promotrices. Ces modifications sont en aval de voies de signalisation et sont nécessaires pour la régulation génique. Nous avons été parmi les premiers à montrer que les bactéries telles que Listeria monocytogenes, pouvaient cibler les histones pendant l’infection.

Nous avons ensuite élucidé les mécanismes d’action et révélé des nouveaux processus impliquant des facteurs de virulence bactériens et des facteurs cellulaires de l’hôte. En effet, par ces tactiques, les pathogènes peuvent ainsi interférer avec le programme transcriptionnel des cellules hôtes. Nos études ont donc enrichi les connaissances des mécanismes de pathogenèse utilisés par les bactéries lors d’infections mais aussi la compréhension des processus purement cellulaires touchant à l’épigénomique. Ensemble, ces études contribuent à établir un domaine de recherche qui est en plein essor, celui des modifications chromatiniennes induite par les bactéries.

 

PRIX NEUROLOGIE VICTOR ET CLARA SORIANO, HENRI BARUK 655 €

 

Monsieur Arthur ANDRÉ, 30ans, neurochirurgien actuellement à Londres, pour son travail de recherche clinique et thérapeutique sur

«  Les anévrysmes de l’artère choroïdienne antérieure : traitement et facteurs de risque de complications ».

 

Notice biographique

Diplômé de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, Paris 6, Interne des Hôpitaux de Paris (Diplôme d’Etudes Spécialisées en Neurochirurgie), titulaire d’un Master de Neurosciences, le Dr Arthur André rejoindra en Novembre prochain le service de Neurochirurgie du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière en tant que Chef de Clinique – Assistant des Universités. Il est titulaire d’un Master de Neurosciences à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière et a complété sa formation en stimulation cérébrale profonde au National Hospital for Neurology and Neurosurgery de Queen Square à Londres avec lequel il continue de collaborer sur des sujets de recherche clinique.  Particulièrement intéressé par la neurochirurgie fonctionnelle et vasculaire ainsi que par l’apport des technologies digitales en médecine, il a publié plusieurs articles scientifiques dans ces domaines.

 

Abstract

Les anévrismes de l’artère choroïdienne antérieure (AChoA) sont des malformations vasculaires rares qui sont de traitement difficile du fait de  la conformation particulière de cette artère porteuse. Dans notre étude, 47 anévrysmes de l’AChoA  ayant bénéficié d’une prise en charge thérapeutique d’exclusion à la Pitié-Salpêtrière entre 1999 et 2014 ont été analysés.

Onze patients (23,4%) ont présenté des complications liées au traitement. Parmi eux, 6  (12,8%)  ont présentés des complications transitoires, et  5 (10,6%) ont présenté des complications sévères, dont 3 séquelles lourdes et 2 décès.  Le caractère bilobé de l’anévrisme est significativement associé aux complications lourdes. Le petit volume de l’anévrisme pourrait également être un facteur de risque.

Le traitement des anévrismes de l’AChoA est associé à une morbi-mortalité légèrement supérieure à celle du traitement des autres anévrismes intracrâniens. Ils constituent une population à part, dans la mesure où l’AChoA est de petit calibre et vascularise des territoires fonctionnels essentiels.  Leur morphologie semble expliquer la difficulté du geste thérapeutique, chirurgical ou endovasculaire. De plus le caractère sévère de l’ischémie du territoire de l’artère rend le pronostic plus sombre.  Il convient, lorsque l’indication de traitement est posée, d’être particulièrement vigilant sur la préservation de l’intégrité de l’AChoA.

 

 

PRIX D’HISTOIRE DE LA MÉDECINE DE LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA MÉDECINE ET DE L’ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE— 1 000 €

 

Monsieur le Professeur Jacques POIRIER , pour son ouvrage intitulé :

« Le Docteur Félix Féréol (1825-1891), avocat, médecin, artiste ».

 

Notice biographique

Né en 1937 à Paris, Jacques Poirier a suivi une carrière hospitalière et universitaire qui l’a conduit de l’externat (1957) et de l’internat (1960) des hôpitaux de Paris à la chaire d’Histologie-Embryologie-Cytogénétique de la Faculté de médecine de Paris (1983). Neurologue de formation, son activité hospitalière – à l’Hôpital Henri Mondor (Paris XII-Créteil) puis à La Pitié-Salpêtrière – a été entièrement consacrée à la pratique de la neuropathologie.Il a occupé de nombreuses fonctions électives (Conseils de Faculté et d’Université, Conseil National des Universités, Vice-Doyen de la Faculté de Médecine de Créteil, Président du Collège National Hospitalo-Universitaire des Histologistes-Embryologistes-Cytologistes).

Parallèlement, il s’est investi dans la recherche historique et a fondé à l’Université Paris-XII, le Groupe de recherche en Histoire et Épistémologie de la Médecine, formation transdisciplinaire reconnue par le Ministère de l’Éducation nationale (B1*). Outre ses publications internationales en neuropathologie, il a publié de nombreux articles d’histoire de la médecine et plusieurs livres, notamment une Histoire de l’Externat des hôpitaux de Paris et les biographies de Désiré Bourneville (en collaboration avec le professeur Jean-Louis Signoret), Joseph Babinski (en collaboration avec le professeur Jacques Philippon), Édouard Brissaud, Henri Parinaud, Félix Féréol.

Il est membre de plusieurs sociétés savantes (Société Française de Neurologie, Société Française de Neuropathologie, American Association of Neuropathologists, Société Française d’Histoire de la Médecine, International Society of History of Medicine). Il est Officier de l’Ordre des Palmes académiques. Officier de réserve honoraire, il est titulaire de la Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Algérie et de la Croix de la Valeur Militaire avec étoile de bronze.

 

Abstract

La personnalité et le parcours de Félix Second dit Féréol (1825-1891) sont étonnants à plus d’un titre. Avocat à Orléans, Républicain, libre penseur, il est contraint de s’exiler à Besançon pour avoir manifesté contre le coup d’État du 2 décembre 1851. Taraudé par sa vocation première, il entreprend alors ses études de médecine et devient interne puis médecin des hôpitaux de Paris et enfin membre de l’Académie de médecine.Son œuvre scientifique est importante : outre de nombreux cas cliniques ou anatomo-cliniques, il publie la première observation française de maladie bronzée d’Addison, donne la description princeps des crises laryngées du tabes et établit la réalité anatomo-clinique des connexions entre les noyaux des troisième et sixième nerfs crâniens.

Sa famille compte d’innombrables artistes, comédiens (notamment son père Auguste Féréol et son ancêtre le Grand Monvel), chanteurs lyriques (Mademoiselle Mars, Marie Dorval et le célèbre ténor Adolphe Nourrit), musiciens (il est le médecin et l’ami de son cousin l’organiste et compositeur César Franck) ou peintres (Maurice et Bernard Boutet de Monvel). Lui-même chante et peint.

Le professeur Édouard Brissaud, neurologue, élève chéri du professeur Jean-Martin Charcot, est son neveu. Enfin, sa descendance compte de nombreuses célébrités du monde médical et scientifique.

 

PRIX IDS SANTE  — 2 000  €

 

Monsieur Didier MENNECIER, 51ans,  médecin-colonel d’active à Bégin, pour ses travaux sur son site internet:

« Création d’une solution numérique associant un site Internet Hepatoweb.com et des applications mobiles, pour faciliter le partage du savoir dans le domaine de l’hépato-gastroentérologie ».

 

Notice biographique

Admis à l’école du service de santé des armées de Lyon en septembre 1983, le médecin en chef Didier MENNECIER effectue ses études à la faculté de médecine Alexis Carrel puis à l’école d’application du service de santé des armées pour l’armée de terre Il est reçu docteur en médecine en juin 1993 et après avoir acquis la Capacité de médecine de catastrophe, affecté à l’infirmerie de garnison du 54e Régiment des transmission au sein de la Brigade de Renseignement et de Guerre Electronique. Au cours de sa formation, il acquiert quatre diplômes universitaire et une capacité dans sa spécialité d’hépatologie mais aussi dans le domaine de l’addictologie. Il reçoit en 2000 la médaille de bronze pour travaux scientifiques ou techniques du Service de Santé des Armées à titre normal. En 2002, il obtient le diplôme d’études spécialisées en hépato-gastro-entérologie ainsi que le diplôme d’études spécialisées complémentaire en addictologie. A l’issue du concours de praticien certifié en 2002, il est affectée à l’hôpital d’instruction des armées Bégin. Tout en conservant une activité hospitalière, il complète sa formation par l’acquisition d’un diplome en réanimation hépatique en 2003. Il reçoit en 2005 la médaille d’argent pour travaux scientifiques ou techniques du Service de Santé des Armées à titre normal. Il participe à une mission en Afghanistan en 2008 et est nommé Chevalier de l’ordre National  du Mérite en 2009.

Très innovateur dans les nouvelles technologies il crée un site internet, véritable support pour les patients, les étudiants et les praticiens qui devient en quelques années la référence universitaire dans sa spécialité. Il propose depuis une application pour les praticiens sur Smartphones et tout récemment il a mis au point une application sur tablette numérique permettant de réaliser une véritable éducation thérapeutique pour le patient.  Alliant des compétences techniques, un sens de l’innovation et des capacité de management, il est nommé en janvier 2011 chef du service du Centre des Consultations Externes et réussit le Master 2 d’Analyse et Management des établissements de Santé. Il réalise en quelques mois la création d’un centre médical totalement informatisé, tout en conservant son activité au sein du service d’hépato-gastroentérologie.

Il est affecté en septembre 2013 au Bureau des Sytèmes d’Information et de la Communication de la Direction Centrale du Service de Santé des Armées où il participe à la mise en place de la transformation numérique du SSA tout en obtenant un Master 2 d’expertise en Ingénierie des Système d’information en Santé. Il reçoit en Décembre 2013  et  Janvier 2015 un prix d’innovation pour le développement de ces applications numériques pour les praticiens et patients.Il a réalisé ou participé à plus de 100 travaux avec des publications écrites et des communications affichées dans des congrès nationaux et internationaux ainsi qu’à de nombreux articles sur internet.

Abstract

C’est en Novembre 2000 que le site Internet « Hepatoweb.com » a été créé. Ce site a été réalisé entièrement par le Docteur Didier Mennecier avec comme objectif le partage du savoir dans le domaine de l’Hépato-Gastroentérologie. S’adaptant à l’évolution du numérique dans la santé, le site a progressivement proposé des supports d’information sur les maladies aiguës et chroniques en hépatologie et en gastro-entérologie pour les patients.

C’est devant l’apparition des supports numériques mobiles, qu’une application pour les praticiens sur iPhone a été créée en 2013 puis une application sur iPad en 2014.Cette dernière permet de réaliser une véritable éducation thérapeutique pour les patients hospitalisés ou en consultation.

Le site possède un contenu très riche organisé au sein de plusieurs espaces ergonomiques. La fréquentation actuelle de ce site est très importante avec 5000 visiteurs et 7500 pages vues en moyenne par jour, témoignant de sa qualité. (www.hepatoweb.com)

 

 

PRIX REFERENCE SANTE  — 5 000  €

 

Monsieur Wulfran BOUGOUIN, 29ans, CCA de cardiologie à Paris, pour ses travaux sur

« l’Epidémiologie de la mort subite en France, à partir du registre du Centre d’expertise Mort Subite, et étude de la Géolocalisation des morts subites ».

 

Notice biographique

Wulfran Bougouin, chef de clinique en réanimation médicale à l’hôpital Cochin (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) et chercheur en épidémiologie cardiovasculaire et de la mort subite (UMR Inserm 970, PARC, Hôpital Européen Georges Pompidou), vient de se voir décerner le Prix Référence Santé pour sa contribution à l’épidémiologie des morts subites en Ile-de-France. Attiré par les mathématiques et les sciences de la santé, il commence à 16 ans des études de médecine, qui le conduiront à devenir successivement cardiologue et réanimateur médical. En 2009, sa rencontre avec Xavier Jouven lui permettra d’allier ses domaines favoris à son intérêt pour l’épidémiologie, en travaillant sur l’épidémiologie de la mort subite. Dans ce cadre, il obtient son Master 2 dans l’équipe de recherche du Pr Jouven et travaille avec le Centre d’Expertise Mort Subite (CEMS), inauguré en septembre 2011 à l’hôpital Européen Georges Pompidou, encadré par le Pr Alain Cariou (réanimateur) et le Dr Eloi Marijon (rythmologue).

Ces collaborations au sein d’une structure unique lui permettent de conduire la plus grande partie de ses travaux, basés sur la création d’un registre des morts subites, recensant actuellement plus de 15000 patients. Les données issues de ce registre ont déjà conduit à plusieurs travaux dans des revues nationales et internationales. Il poursuit actuellement ses recherches en s’intéressant particulièrement aux spécificités de la mort subite chez la femme, dans le cadre d’un doctorat en épidémiologie sous la co-direction des Prs Jouven et Cariou. Wulfran Bougouin a donc choisi d’allier ses compétences de cardiologue  réanimateur et d’épidémiologiste afin d’exercer la médecine, tout en développant des outils pour mieux comprendre la mort subite.

 

Abstract

La mort subite est une problématique de santé publique primordiale, mais les données épidémiologiques sur cette pathologie en Europe sont anciennes. Cette étude rapporte les premiers résultats d’un large registre français

Un registre en population a été créé en Mai 2011, à partir de sources multiples, afin de colliger tous les cas de morts subites survenant à Paris et dans sa proche banlieue, couvrant une population totale de 6.6 millions de personnes. Les variables d’Utstein ont été recueillies. Les données préhospitalières et intrahospitalières ont été prises en compte, et le critère de jugement principal était la survie en sortie d’hôpital. Le statut neurologique à la sortie était également considéré.

Parmi les 6.165 morts subites survenues pendant les 2 ans d’étude, 3.816 patients ont fait l’objet d’une tentative de réanimation et ont constitué notre population d’étude. La plupart (69 %) étaient des hommes, et la mort subite survenait dans 72 % des cas à domicile avec un témoin présent dans 80% des cas. Un massage cardiaque était mis en route par les témoins dans 45% des cas. Le trouble du rythme initial était traitable par choc (fibrillation ventriculaire ou tachycardie ventriculaire) dans 26 % des cas. Par la suite, 1.332 patients (35 %) ont été admis vivants à l’hôpital. Parmi ceux ci, 58 % ont eu une coronarographie, et une proportion identique a été traitée par hypothermie thérapeutique. Finalement, 279 patients (7.5 %) sont sortis vivants de l’hôpital, dont 96 % ont eu une évolution neurologique favorable. En analyse multivariée, le massage cardiaque par témoin (OR 2.1, 95 % CI 1.5–3.1) et le trouble du rythme initial traitable par choc (OR 11.5, 95 % CI 7.6–17.3) étaient significativement associés à la survie, tandis que l’âge (OR 0.97 par an, 95 % CI 0.96–0.98), un délai d’arrivée des secours plus long (OR 0.93 par minute, 95 % CI 0.89–0.97), la survenue à domicile (OR 0.4, 95 % CI 0.3–0.6), et une dose d’adrénaline supérieure à 3 mg (OR 0.05, 95 % CI 0.03–0.08) étaient négativement associés à la survie.

Bien que menée à l’ère de l’hypothermie thérapeutique et de la coronarograpie, cette étude rapporte une survie après mort subite toujours décevante. Cette étude propose des pistes pour améliorer la prise en charge préhospitalière et hospitalière de ces patients.

 

PRIX DE CHIRURGIE, SPÉCIALITES CHIRURGICALES, CANCÉROLOGIE

 

PRIX ÉMILE DELANNOY-ROBBE— 20 000 €

 

Monsieur Morgan ROUPRÊT, 40ans, PU-PH d’Urologie à Paris, pour ses travaux cliniques et scientifiques sur :

«  les Tumeurs de la voie excrétrice urinaire supérieure ».

 

Notice biographique

Morgan Rouprêt est Professeur des Universités – Praticien Hospitalier (PU-PH) en Urologie, Hôpital Pitié Salpétrière, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Université Paris 6, Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie.

Le Professeur Morgan Rouprêt a accompli, depuis 1993, l’intégralité de ses études à la faculté de médecine Pierre et Marie Curie au CHU de la Pitié-Salpétrière. Il a été nommé en chirurgie à Paris, au concours de l’internat en 1999. Morgan Rouprêt est docteur en médecine depuis Novembre 2005. Outre son activité clinique, il s’est consacré à la recherche fondamentale, notamment les mécanismes de cancérogenèse en onco-urologie (cancer de la prostate et carcinomes urothéliaux). Cela lui a permis d’obtenir un Master Recherche en 2003, puis une Thèse de doctorat en sciences en 2007 (PhD) et enfin l’Habilitation à Diriger les Recherches en 2010 (HDR). Pour financer ses travaux, il a reçu successivement une bourse de l’Association Française d’Urologie en 2003 puis de l’Association Européenne d’Urologie en 2006. Le Docteur Rouprêt a séjourné au Royaume-Uni à Sheffield où il a poursuivi ses travaux de recherche pendant 9 mois en 2006 au Presbyterian Hospital de New-York et pendant 3 mois en 2012.

En outre, il a été le Président de l’Association Française des Urologues en Formation (AFUF). Morgan Rouprêt a déjà reçu plusieurs distinctions: prix d’Urologie de l’Académie Nationale de Médecine (2004) ; médaille d’Or de chirurgie de l’internat des hôpitaux de Paris (2005) ; prix Auquier du Fonds d’Etude et de Recherche du corps médical des Hôpitaux de Paris (2007) ; prix Le Dentu-Renon (2006), Duval Marjolin (2008) et du Jeune Talent Chirurgical (2013) de l’Académie Nationale de chirurgie ; award of the Best Scolarship (2007), award of the best scientific paper published in Urological literature (2008), Hans-Marberger award (2011) et first Prize of the European Urology Forum (2013) de l’Association Européenne d’Urologie (EAU) et le crystal Matula Award en 2015 . Il est le coordonateur de l’ouvrage national pédagogique du collège d’Urologie destiné à l’enseignement des étudiants en médecine pour l’ECN. En outre, Morgan Rouprêt a publié à ce jour 444 articles scientifiques référencés dans la littérature internationale.

 

Abstract

Etienne Mazeman a été le premier urologue en France à moderniser le concept de Tumeur de la Voie Excrétrice Urinaire Supérieure (TVES). En 2008, Morgan Roupret fonde avec son équipe le groupe collaboratif français des TVES. Sept ans après, ce groupe dispose de la plus grande base clinique jamais collectée en France dédiée aux TVES rassemblant plus de 2 500 cas de tumeurs grâce à la collaboration active des collègues urologues français hospitaliers, hospitalo-universitaires et libéraux. Fort de ces données, le groupe a su les exploiter pour publier à ce jour plus de 40 articles scientifiques reflétant l’excellence et l’homogénéité de la pratique française dans la prise en charge des TVES. Un travail de recherche clinique plus ambitieux a été engagé avec notamment la production d’outils de prédictions (nomogrammes) propres aux spécificités de la population française. Dans un proche avenir colliger une DNA-thèque nationale des échantillons permettra d’étudier et de confirmer à plus large échelle les profils génétiques et les polymorphismes des patients atteints de TVES, et de corréler ainsi le phénotype de la tumeur au génotype des individus. Le but ultime sera l’élaboration d’une puce à ADN somatique des TVES, capable de prédire l’évolution et l’agressivité de ces lésions comme cela a déjà été fait pour la vessie.

En effet:

  • les TVES ne sont pas si rares, car elles sont de mieux en mieux individualisés en tant qu’entité nosologique propre. Nombre de TVES étaient auparavant recensées historiquement et à tort dans les cancers du rein ou les tumeurs de la vessie. On estime aujourd’hui que 2 500 à 3 000 TVES sont diagnostiquées chaque année en France.
  • Le groupe collaboratif français des TVES a été l’un des premiers fondés et est désormais intégré dans un vaste réseau collaboratif international contribuant à renforcer la solidité des données acquises  dans ce domaine.
  • La médecine fondée sur les preuves (evidence based medicine) a connu une croissance exponentielle dans le champ des TVES. Sur PubMed (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/sites/entrez), on enregistrait 306 publications entre 1990 et 1999 contre 880 entre 2000 et 2014.
  • Il existe désormais des recommandations des sociétés savantes françaises (ccAFU) et européennes (EAU) spécifiques aux TVES.

Il va sans dire que l’avenir réserve encore de belles surprises avec le développement des techniques d’imagerie (scanner, IRM et urétéroscopie virtuelle), d’endo-urologie (urétéroscopie souple, photodynamique, fluorescence) mais les réponses que nous cherchons encore viendront sans nul doute des marqueurs moléculaires, de la cytogénétique et de l’exploration de l’ADN constitutionnel des individus.

 

PRIX D’UROLOGIE— 1 100 €

 

Monsieur Vincent MISRAI, 41ans, ex-CCA d’urologie à Toulouse, pour son travail intitulé :

« Le laser Greenlight est-il en train de révolutionner le traitement chirurgical de l’hyperplasie de la prostate? »

 

Notice biographique

Vincent Misrai est né à Toulouse le 11 septembre 1974 et est père de 3 enfants. Ancien interne et chef de clinique des hôpitaux de Paris, il exerce dans le service d’urologie de la Clinique Pasteur à Toulouse depuis 2010. Il est auteur et coauteur de nombreux articles scientifiques sur le traitement des troubles mictionnels de la femme et de l’homme. Membre du Comité des Troubles Mictionnels de l’Homme de l’Association Française d’Urologie, il s’est spécialisé dans le traitement chirurgical de l’hyperplasie de la prostate au laser greenlight©, technique mini invasive dont il a exposé à plusieurs reprises les résultats dans des revues et congrès Français et Internationaux.

 

Abstract

Le laser greenlight© est-il en voie de bouleverser le traitement chirurgical de l’adénome de prostate ?

L’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est l’une des affections les plus fréquentes chez l’homme de plus de 40 ans. Entre 60 et 70.000 résections transurétrales de prostate (RTUP) sont réalisées chaque année en France chez des patients de plus en plus âgés et fragiles. Les lasers ont fait leur apparition il y a une vingtaine d’années dans la chirurgie de l’HBP afin de diminuer la morbidité péri opératoire des patients traités par antiagrégants ou anticoagulants. La photovaporisation prostatique (PVP) au laser greenlight© (American Medical Systems, Minnetonka, USA) est aujourd’hui considérée comme une alternative aussi efficace que la RTUP pour les adénomes de moins de 80 grammes. De plus elle permet de réduire les complications hémorragiques, les durées de sondage vésical et d’hospitalisation. La pratique de la PVP est difficile à dénombrer en France, en raison de l’absence de code CCAM dédié. Néanmoins, les données du fabriquant nous permettent de conclure à une utilisation croissante par les urologues.

Si la technique semble donc se diffuser largement, sa courbe d’apprentissage est très variable dans la littérature. Rapide selon certains auteurs, elle nécessiterait pour d’autres, entre 50  et 120 interventions pour acquérir un niveau de compétence suffisant avant de pouvoir reproduire les résultats rapportés par les experts. L’utilisation de l’échographie endorectale per opératoire pourrait faciliter l’apprentissage. Au delà de 80 grammes, la  technique d’adénomectomie par voie haute est recommandée. Mais la morbidité du geste et la durée d’hospitalisation restent élevées.  Le développement de techniques « mini invasives » telle que l’énucléation endoscopique au laser holmium (HoLEP) a permis de diminuer significativement la morbidité péri-opératoire du geste. Cependant cette technique n’a pas été largement adoptée en raison d’une courbe d’apprentissage considérée comme très difficile.

L’énucléation prostatique en-bloc au laser Greenlight© ou « GreenLEP » est une nouvelle technique « mini invasive » permettant d’exciser la zone de transition de l’adénome en une seule pièce.  Son apprentissage serait plus simple. Les détails de cette intervention ont été rapportés par Gomez Sancha et al en 2014 mais à ce jour, nous sommes les seuls à avoir évalué prospectivement la faisabilité, la morbidité et les résultats fonctionnels de la technique « GreenLEP » sur une population de 30 patients. Dans notre expérience, cette technique est apparue comme une procédure sûre avec des résultats fonctionnels favorables à 1 an.

 

 

PRIX PROSPER VEIL— 7 500 €

 

Madame Isabelle JANOUEIX-LEROSEY, 48ans, DR2 INSERM à Curie, pour ses travaux intitulés :

« Comprendre la génétique et la biologie du neuroblastome, une tumeur maligne du jeune enfant, pour améliorer sa prise en charge thérapeutique. »

 

Notice biographique

Après sa formation en biologie à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, Isabelle Janoueix-Lerosey passe sa thèse de doctorat à la faculté de médecine Lariboisière-Saint Louis dans le laboratoire d’Armand Tavitian. Elle effectue ensuite un stage post-doctoral à l’Institut Pasteur dans l’équipe de Bruno Goud. Dans ces deux laboratoires, ses travaux portent sur les petites protéines G de la superfamille Ras. Isabelle Janoueix-Lerosey est recrutée à l’Inserm en 1995. Rapidement elle souhaite orienter ses travaux sur une thématique plus directement en lien avec le cancer. Elle rejoint en 1997 le laboratoire d’Olivier Delattre à l’Institut Curie pour engager un projet de recherche sur le neuroblastome, une tumeur se développant chez le très jeune enfant à partir du système nerveux sympathique. Depuis lors, elle consacre ses travaux de recherche à cette maladie. Nommée Directeur de Recherche en 2010, elle poursuit l’étude de ce cancer pédiatrique dans le but d’identifier les gènes et les mécanismes mis en jeu dans la prédisposition, le développement et la progression des neuroblastomes.

 

Abstract

Chaque année, environ 1500 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chez des enfants en France. Parmi ces cancers, le neuroblastome représente la tumeur solide extra-cérébrale la plus fréquente. Le pronostic des formes agressives de neuroblastome reste extrêmement sévère. Mes travaux de recherche, menés depuis plusieurs années à l’Institut Curie ont pour but de décrypter les mécanismes de l’oncogenèse et d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques dans cette maladie. En 2008, l’identification de mutations activatrices du gène ALK dans certains neuroblastomes sporadiques et familiaux a constitué une avancée majeure dans la compréhension de la maladie et ouvert la voie à des traitements ciblés potentiels. Après l’identification de ces mutations, je me suis attachée avec mon équipe, à déterminer leurs conséquences fonctionnelles et nous avons également développé des modèles pré-cliniques pertinents de la maladie. L’ensemble des résultats obtenus nous a permis de progresser d’un point de vue conceptuel dans la compréhension du processus tumoral mettant en jeu le gène ALK. Un premier essai clinique avec un inhibiteur de l’activité du récepteur ALK appelé crizotinib chez des jeunes patients présentant des neuroblastomes en rechute a montré une efficacité modérée de cette molécule. Nous avons récemment identifié une cible du récepteur ALK activé qui elle-même pourrait constituer une nouvelle piste thérapeutique. L’ensemble de ces résultats constitue donc la base d’une médecine personnalisée du cancer dont pourraient bénéficier les jeunes patients atteints de neuroblastome.

 

 

 

PRIX PRINCE ALBERT 1er DE MONACO— 5 000 €

 

Monsieur Patrick AUBERGER, 58ans, actuel directeur du centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire (C3M) de Nice, pour ses travaux intitulés :

« Etude des mécanismes de résistances aux chimiothérapies dans les hémopathies Myéloïdes et le Myélome Multiple : nouvelles approches thérapeutiques. »

 

Notice biographique

Après un doctorat en Sciences de la Vie et de la Santé obtenu à l’Université de Nice, il rejoint l’INSERM en 1985, puis crée sa propre équipe en 1994, avant de devenir directeur d’Unité INSERM en 2000. En 2008, il participe à la création du Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire, un institut plurithématique de recherche à Nice. Il y occupe la fonction de directeur scientifique adjoint avant d’en prendre la direction en 2012. Le C3M regroupe à l’heure actuelle 180 personnes et 13 équipes de recherches. Il y dirige de surcroît l’équipe « Morts Cellulaires, Différenciation et Cancer » qui développe une recherche fondamentale et clinique centrée sur l’étude et le traitement des hémopathies malignes.

Il a déjà été distingué pour ses travaux en recevant le Prix Joseph Amalric de la Ligue Nationale Contre le Cancer en 1993, la Prime d’Excellence Scientifique de l’INSERM en 2012 et le prix Raymond Rosen de Cancérologie de la Fondation pour la Recherche Médicale en 2014.

 

Abstract

Son équipe s’intéresse aux cancers du sang et de la moelle osseuse. Des progrès considérables ont été réalisés ces dix dernières années dans le domaine de la prise en charge de ces maladies. Pourtant, la plupart d’entre elles restent encore de nos jours incurables, en particulier du fait des résistances qui apparaissent au cours de la chimiothérapie. C’est notamment le cas des syndromes myélodysplasiques (MDS), de certaines leucémies aiguës myéloïdes (LAM) et du myélome multiple, autant d’hémopathies sur lesquelles se focalise notre recherche. D’une part, son équipe cherche à comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires en cause dans leur pathogenèse ; d’autre part, elle essaie d’identifier les défauts conduisant à la résistance au traitement.

Ces travaux couvrent les aspects fondamentaux et cliniques de ces pathologies, jusqu’à la validation de nouvelles approches thérapeutiques au bénéfice des patients. Ils ont ainsi contribué à l’amélioration de la prise en charge de la Leucémie Myéloïde Chronique qui est passée en moins de dix ans du statut de maladie incurable à celui d’une maladie chronique. Dans une autre hémopathie maligne, les SMD, son laboratoire a développé des molécules capables de contourner les résistances aux traitements de référence, dont l’une est aujourd’hui en essai clinique et d’autres en phase d’évaluation préclinique. Ce ne sont que quelques exemples parmi les avancées obtenues par son équipe, mais ils attestent des contributions réalisées afin d’ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques pour un meilleur traitement de ces pathologies.

 

PRIX HENRY ET MARY-JANE MITJAVILE— 38 000 €

 

Madame Annick HAREL-BELLAN, actuelle directrice du Laboratoire d’épigénétique du cancer de Saclay, pour l’ensemble de ses travaux sur :

« l’ Epigénétique et le contrôle du destin cellulaire. »

 

Notice biographique

Annick Harel-Bellan est Directrice de recherche de classe exceptionnelle au CNRS. Elle a une formation scientifique : après un doctorat d’Etat en Immunologie de l’Université Paris 7,  soutenu en 1986 dans le laboratoire du professeur Jean Dausset (Hôpital Saint-Louis, Paris), elle a rejoint l’Institut Gustave Roussy (Villejuif). Elle a effectué deux séjours à l’étranger l’un en Allemagne à l’EMBL (Heidelberg, 1981) dans les laboratoires de Kathryn Howell et Daniel Louvard, l’autre aux Etats-Unis au National Cancer Institute (Frederick, Maryland, 1986-1988) dans le laboratoire de Joost Oppenheim, équipe de William Farrar.

Elle dirige une équipe de recherche depuis son retour des Etats-Unis, à Gustave Roussy d’abord, puis à l’Hôpital Paul Brousse et, depuis 2011, au CEA Saclay. Elle a dirigé l’unité de recherche CNRS « Epigénétique et Cancer » à Villejuif de 1997 à 2011, puis l’unité « Génomique fonctionnelle et destin cellulaire » au CEA Saclay de 2011 à 2014. Annick Harel-Bellan est l’auteur de plus de 150 publications.

Elle a conseillé le Directeur Général de l’INSERM entre 2000 et 2007. Elle fait, ou a fait, partie de nombreuses commissions, au Ministère de la Recherche, CNRS, ANR, INCA, Ville de Paris etc ou dans les associations caritatives comme l’ARC, la ligue contre le Cancer, l’AFM, la FRM,  la Fondation de France etc., dont certaines qu’elle préside ou a présidé.

 

Abstract

Le contrôle du destin cellulaire  est un mécanisme essentiel chez les organismes multicellulaires. Chaque cellule individuellement est, en effet, à certaines étapes, orientée par une combinaison de mécanismes intrinsèques et extrinsèques, vers la division cellulaire, la différenciation terminale ou la mort. Au cours du développement, le contrôle du destin cellulaire s’exerce de manière très stricte pour modeler harmonieusement les organes. Chez l’adulte, c’est un élément essentiel de l’homéostasie tissulaire. Son dysfonctionnement est la première étape de la tumorigenèse. Il est donc important, et d’un point de vue fondamental pour comprendre le vivant, et d’un point de vue médical pour comprendre comment se forme un cancer, d’explorer les mécanismes du contrôle du destin cellulaire.

Annick Harel-Bellan s’intéresse à ce contrôle depuis plusieurs décennies, en particulier au contrôle de l’équilibre entre prolifération et différenciation terminale. L’engagement des cellules vers l’une ou l’autre voie est orchestré par des programmes génétiques. Annick Harel-Bellan s’est donc naturellement intéressée à la régulation transcriptionnelle de ce contrôle et notamment à la régulation de l’oncogène  c-fos. Rapidement ensuite, elle s’est intéressée aux aspects épigénétiques de ce contrôle. En effet, elle a été parmi les pionniers dans le domaine puisqu’elle a démontré, pour la première fois,  un lien entre les régulations « épigénétiques » et le contrôle de la prolifération et de la différenciation, notamment en montrant,  en 1998,  que la protéine « suppresseur de tumeur » Rb, un élément clé dans le contrôle de l’équilibre entre prolifération et différenciation cellulaire, mutée dans de nombreuses tumeurs humaines, contrôle l’expression des gènes en agissant sur la structure chromatinienne  et, en particulier, sur l’état d’acétylation des histones.

Au début des années 2000, l’épigénétique a changé de dimension avec la découverte de l’ARN interférence, qui a bouleversé la vision qu’on avait du contrôle de l’expression des gènes en montrant un rôle important, en tant que régulateurs de l’expression des gènes, des ARN non codants, et notamment des petits ARN non codants comme les microARN (miRNA), de courtes séquences ARN (une vingtaine de nucléotides)  qui inhibent la traduction d’ARN messagers cibles comportant une séquence partiellement complémentaire, en guidant vers leurs cibles un complexe multiprotéique comportant la protéine Argonaute. Des petits ARN synthétiques (siRNA), complètement complémentaires d’ARNm cibles,  peuvent utiliser cette voie pour inhiber de manière assez spécifique l’expression d’un gène.

Annick Harel-Bellan a  été parmi les premiers à montrer l’importance de l’ARN interférence en cancérologie, notamment en montrant le potentiel en tant qu’outil, en thérapie anticancéreuse, des siARN (petits ARN interférants) qui sont capables, lorsqu’ils sont bien choisis, de distinguer entre une séquence sauvage et un mutant ponctuel, oncogénique, de cette séquence. Elle a aussi été parmi les premiers à montrer l’importance des microARN naturels dans le contrôle du destin cellulaire chez les mammifères. A l’occasion de cette étude, elle a mis au point, avec sa collaboratrice Irina Naguibneva,  une approche « antisens » basée sur une modification chimique (les LNA) qui permet d’inhiber spécifiquement un miARN dans les cellules, et qui représente potentiellement un outil thérapeutique puissant.

Les petits ARN ne sont pas restreints à un rôle cytoplasmique et dans beaucoup d’espèces, l’ARN interférence nucléaire est un élément important du contrôle transcriptionnel, notamment des retrotransposons et autres séquences répétées de l’hétérochromatine constitutives.  En collaboration avec une équipe de Pasteur,  Annick Harel-Bellan a montré le rôle, tout à fait inattendu,  de l’ARN interférence nucléaire dans le contrôle de l’épissage alternatif. L’épissage alternatif, qui permet d’introduire, ou non, certains exons dits « alternatifs » dans un ARN messager, est un processus très important pour la biologie cellulaire, car il crée une grande diversité de protéines à partir d’un nombre restreint de gènes. Les variants d’épissage d’une même protéine peuvent avoir des fonctions différentes, et parfois même  inverses.  Des dysfonctionnements de l’épissage alternatif sont à l’origine de diverses pathologies et, notamment, le cancer. En particulier, certains oncogènes ou suppresseurs de tumeurs comme la p53 sont soumis à un épissage alternatif anormal dans certains cancers. De plus, la manipulation de l’épissage alternatif notamment par le « saut d’exon » est une stratégie thérapeutique très prometteuse  pour la thérapie de diverses pathologies.  Il est donc essentiel de bien comprendre comment se fait le choix d’exons lors de l’épissage alternatif. Annick Harel-Bellan explore, actuellement, le mécanisme précis, au niveau moléculaire, de ce processus.

 

PRIX GALLET ET BRETON— 20 000 €

 

Monsieur Pascal THEROND, DR1 CNRS à Nice, pour ses travaux intitulés : 

« l’Echange d’information de cellule à cellule : les protéines ESCRT impliquées dans le bourgeonnement de particules virales assurent également la sécrétion de la molécule Hedgehog impliquée dans le développement embryonnaire et la tumorigénèse.

 

Notice biographique

Pascal Thérond a obtenu son doctorat és sciences en génétique de l’Université  Pierre et Marie Curie de Paris en 1991. Sa formation post-doctorale (1991-1996) s’est faite sous la conduite du Dr J. Michael Bishop (prix Nobel de Médecine, 1989) à la Fondation Hooper de l’Université de Californie à San Francisco, Etats-Unis. Depuis 1997, le Docteur Pascal Thérond a intégré le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) et dirige une équipe de recherche fondamentale à l’Université de Nice-Sophia Antipolis dans l’Institut de Biologie du Développement et Cancer, nouvellement renommé Institut de Biologie-Valrose. Promu en tant que Directeur de Recherche en 2003, il anime une équipe de 10-12 personnes qui étudie les processus biologiques qui déterminent la forme et la structure des tissus d’organismes multicellulaires.

Ses travaux de recherche fondamentale ont apporté un éclairage nouveau sur les molécules clefs et le programme génétique qui intègrent morphogenèse, croissance et prolifération, permettant la formation et l’organisation d’organes différents. Ses travaux soulignent également l’inter-connection existante entre le programme de développement embryonnaire et la tumorigenèse chez l’homme et illustre le lien étroit entre recherche fondamentale et recherche médicale. Son équipe est internationalement reconnue depuis de nombreuses années et publie dans des journaux scientifiques de très forte visibilité tels que Nature, Cell, Nature Cell Biology, Nature Communication, Developmental Cell, EMBO Report, Development, etc…

Pascal Thérond est régulièrement invité à écrire des revues et commentaires sur différents sujets et à présenter ses travaux dans des conférences internationales. Son laboratoire a été laboratoire d’accueil pour la Formation à la Recherche en Biologie (Programme Marie Curie, Communauté Européenne VIe Plan) et a été labellisé dans différents programmes de recherche très sélectifs tels que ceux soutenus par la Fondation de France, l’Association pour la Recherche sur le Cancer, la Ligue Nationale contre le Cancer et la Fondation pour la Recherche Médicale. Le docteur Pascal Thérond est récipiendaire du Grand Prix Madame Victor Noury de l’Académie des Sciences (2009), du Programme « Young Investigator » de l’Organisation Européenne de Biologie Moléculaire (EMBO 2001) et de l’Action Thématique et Incitative sur Programme « ATIP » de Biologie Cellulaire du CNRS (1998). Il est impliqué comme expert scientifique dans de nombreuses instances nationales telles que le Comité Scientifique National de la Ligue contre le Cancer (2005-2008), le Comité Scientifique National de la Fondation ARC pour la Recherche sur le Cancer (2015- ). Il est actuellement Président de la section d’experts en Biologie CeIlulaire et Biologie du Développement du CNRS (2012-2016). Il est également sollicité comme expert par diverses agences et fondations scientifiques telles que le Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES, France), l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR, France), l’EMBO (EU), la National Science Fondation  (NSF, USA), le Medical Research Council (MRC,UK), le Welcome Trust (UK), et l’Israel Science Foundation (ISF).

 

Abstract

Au cours du développement embryonnaire et de la vie adulte, les cellules ont besoin d’interagir avec leur environnement afin de contrôler leur devenir et renouvellement mais aussi l’homéostasie tissulaire. Ces interactions mettent en jeu l’émission de signaux extracellulaires qui agissent à courte ou longue distance et qui sont interprétés par la cellule réceptrice via une cascade de modifications physiques et biochimiques. Depuis plus de vingt ans, l’importance de l’une de ces molécules « signal », appelée Hedgehog, est reconnue pour son rôle dans l’organisation et l’homéostasie tissulaires. Cependant, le mécanisme cellulaire mis en place pour contrôler la sécrétion de Hedgehog et son transport à l’extérieur de la cellule n’a jamais été élucidé.

Mon équipe, en collaboration avec les équipes de Maximilian Fürthauer et de Sandrine Pizette (iBV, Université Nice Sophia Antipolis), vient d’identifier ce mécanisme en combinant des approches expérimentales génétiques, biochimiques et ultrastructurales (Matusek et al., Nature 2014). Nous démontrons que la sécrétion de Hedgehog dépend d’un complexe protéique, évolutivement conservé de la levure à l’homme, appelé le complexe ESCRT (Endosomal Sorting Complexes Required for Transport). Eliminer l’activité ESCRT chez l’animal bloque la sécrétion de Hedgehog et diminue son activité « signal » à longue distance. De plus, nous montrons que les protéines Hedgehog et ESCRT sont sécrétées dans des vésicules transportées dans l’espace extra-cellulaire et sont détectées ensemble à la surface des cellules cibles. De nombreuses études avaient établi que les protéines ESCRT sont essentielles pour le bourgeonnement de particules virales à partir de la surface d’une cellule infectée. Cette étude montre pour la première fois que, dans un organisme sain, les protéines ESCRT assurent le bourgeonnement de vésicules extra-cellulaires contenant une molécule de signalisation de première importance pour le développement embryonnaire et le cancer.

Les conséquences de cette étude sont multiples. Hedgehog est l’une de ces protéines « signal » fortement conservée dans le règne animal. L’une des originalités de cette molécule est qu’elle est à l’interface entre le programme de développement embryonnaire et la tumorigenèse chez l’homme, car sa dérégulation est impliquée dans le développement de plusieurs cancers dont ceux de l’appareil digestif, de la prostate, du cerveau et des poumons. Ce lien qu’apporte Hedgehog entre ces deux mécanismes est un cas d’école (Briscoe and Thérond, Nature Review Molecular Cell Biology, 2013) qui, depuis son identification initiale chez la mouche à vinaigre, Drosophila melanogaster, a abouti récemment au développement de drogues anti-cancer chez l’homme.

Ces avancées cliniques illustrent le lien étroit entre recherche fondamentale et recherche médicale. Comprendre comment la molécule Hedgehog sécrétée exerce son effet sur les cellules environnantes est nécessaire pour comprendre le développement tumoral. Par exemple, dans certaines tumeurs solides, Hedgehog contribue à la prolifération et au maintien des cellules « souches » cancéreuses. De nombreuses études montrent que Hedgehog modifie le « micro-environnement » tumoral en agissant à distance. Mais sous quelle forme Hedgehog est sécrétée était une question non résolue jusqu’à présent. Ces nouveaux résultats suggèrent que Hedgehog contribue à la prolifération des cellules cancéreuses en étant transportée sur des véhicules particuliers, des vésicules de sécrétion qui transitent dans l’espace extra-cellulaire. Il est de plus en plus clair que ces vésicules ont des fonctions spécialisées, notamment dans la progression de la tumeur et la formation de  métastase . La compréhension du comportement de ces vésicules est donc essentielle afin de pouvoir comprendre la tumorigenèse.

 

 

                                                                                                                                                                                                      PRIX NON DÉCERNÉS

 

 

                                                   PRIX GÉNÉRAUX :

 

SUBVENTION DE L’ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE20 000 €   Non décernée.

PRIX DU MINISTÈRE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS 1 525 €  Non décerné

PRIX MAURICE-LOUIS GIRARD600 €  Non décerné

PRIX ELISABETH TAUB — 30 000 €  Non décerné

PRIX EDOUARD BONNEFOUS — 5 000 €  Non décerné

         

                                                 PRIX MÉDECINE :

 

PRIX AIMEE ET RAYMOND MANDE — 20 000 €  Non décerné

PRIX LUTTE CONTRE L’ALCOOLISME7 500 € Non décerné

PRIX LUTTE CONTRE LE TABAGISME 7 500 €  Non décerné

PRIX JACQUES MIROUZE-SERVIER — 4 575 €  Non décerné

PRIX LEON LAUNOY — 580 €  Non décerné

PRIX ETIENNE CHABROL — 300 €  Non décerné

 

 

PRIX DE CHIRURGIE, SPÉCIALITES CHIRURGICALES, CANCÉROLOGIE :

 

PRIX PAUL MATHIEU3 500 €  Non décerné

PRIX AMÉLIE MARCEL330 €  Non décerné

PRIX BERTHE PEAN, ANTOINE ET CLAUDE BECLERE — 940 €  Non décerné

PRIX CANCER1 000 €  Non décerné

PRIX JEAN-FRANÇOIS GINESTIE — 325 €  Non décerné

PRIX RAYMONDE DESTREICHER7 500 €  Non décerné

 

 

 

SUBVENTION NESTLE WATERS

 

La subvention Nestlé Waters a été attribuée à Monsieur Christos CHATZIANTONIOU

pour son projet intitulé « Etude de la fonction de NOTCH 3 dans le métabolisme de l’eau et du sodium ».

 

Notice biographique

Christos Chatziantoniou après avoir obtenu une maîtrise en Chimie à l’Université de Thessalonique en 1981 a remporté une bourse de la Fondation « AS Onassis » pour effectuer une thèse en sciences en Biochimie à l’Université Paris-Sud XI. Ensuite il a été accepté comme NIH post-doctoral fellow dans le laboratoire de Dr Carl Gottschalk à l’Université de la Caroline du Nord, une notoriété mondiale dans le domaine de la physiologie rénale. Ses travaux pendant le séjour post-doctoral ont été orientés vers l’élucidation des mécanismes participant à la régulation de l’hémodynamique rénale au cours du développement de l’hypertension artérielle génétique. Il a développé une nouvelle approche méthodologique permettant de mesurer en temps réel la résistance vasculaire rénale chez le petit animal, et pour ce travail a reçu le prix « Excellence in Renal Research » de l’American Physiological Society. Il a obtenu un financement « Jeune Chercheur » de la Commission Européenne et a rejoint le laboratoire dirigé par le Pr. Raymond Ardaillou à l’hôpital Tenon, un centre de renommée mondiale sur la physiopathologie de la Maladie Rénale Chronique, où il a intégré par la suite l’Inserm, sous la direction du Pr Pierre Ronco. Pendant cette période il a étudié d’abord les interactions entre les systèmes vasoactifs (renine-angiotensine, NO, endothéline) dans le développement de la néphropathie hypertensive, et ensuite leur implication dans les mécanismes de fibrogénèse rénale afin d’examiner la possibilité d’obtenir un arrêt ou mieux une régression de la maladie rénale.

Il a été parmi les premiers chercheurs qui ont utilisé des souris portant un gène rapporteur pour étudier les mécanismes de fibrogénèse chez l’animal adulte. Ces travaux étaient pionniers à la démonstration que la fibrose rénale est une pathologie réversible. Pour ces études il a reçu le prix “Europe and Medicine” par le « Institute of Sciences of Health » et le prix Evian de l’Académie de Médecine. Actuellement, ses travaux sont orientés vers l’identification des nouveaux marqueurs diagnostiques et des nouvelles cibles thérapeutiques. Il a ainsi démontré que certains gènes, peu exprimés dans le rein dans des conditions normales, sont activés après une agression pour induire des changements phénotypiques pathologiques liés à l’inflammation et la fibrogénèse rénale. Ces travaux ont fait l’objet des dépôts des plusieurs brevets par l’Inserm-Transfert, et ont suscité l’intérêt des plusieurs partenaires industriels pour développer des approches thérapeutiques ciblant l’action des ces gènes. Pour ces travaux il a été lauréat du prix « Discovery Fast Track Challenge » lancé en 2014 par GSK.

Christos Chatziantoniou dirige l’équipe « Nouveaux Marqueurs Diagnostiques et Cibles Thérapeutiques dans la Maladie Rénale Chronique » au sein de l’Inserm UMR 1155 à l’hôpital Tenon, et il est vice-président de la CSS4 de l’Inserm, membre du Conseil de Direction de l’ED394 « Physiologie et Physiopathologie » UPMC, et membre dans des Comités d’Evaluation des projets européens, (REA-Commission Européenne), nationaux (ANR) et internationaux (Belgique, Pays Bas, Brésil, Grèce, Royaume Uni).

 

Abstract

La régulation du bilan de l’eau et de sodium est un élément essentiel de l’homéostasie de l’organisme. Le rein est un acteur central de ce processus, capable d’ajuster finement l’excrétion d’eau et de sodium aux apports et aux besoins. Malgré leur importance physiologique et leur large implication en pathologie cardiovasculaire et rénale, les mécanismes précis contribuant au maintien d’un bilan d’eau et de sodium équilibré restent encore en partie méconnus.

A la lumière de travaux récents du laboratoire qui ont décrit de manière inattendue une polyurie chez des souris invalidées pour le gène de Notch3, le projet de recherche a pour objectif de comprendre le rôle de Notch3 dans les mécanismes de régulation de la réabsorption du sodium et de la concentration des urines. Notch3 est un récepteur membranaire principalement exprimé dans les cellules musculaires lisses vasculaires et les péricytes, intervenant dans la différenciation, la croissance et l’apoptose.

Le protocole consiste à explorer plus complètement les mécanismes de la polyurie décrite chez les souris KO Notch3 et de déterminer son origine. L’utilisation d’une nouvelle souche de souris KO conditionnelles pour un facteur de transcription de Notch3 permettra de savoir si l’augmentation du débit urinaire en l’absence d’activité de Notch3 est d’origine développementale ou au contraire fonctionnelle. Nous confirmerons que l’altération rénale observée chez les souris n’exprimant pas Notch3 entraîne également un défaut d’adaptation de la fonction de réabsorption du sodium, en étudiant l’excrétion urinaire de sodium, la courbe de poids, l’hématocrite et l’expression de l’ARNm de rénine de souris WT et KO soumises pendant plusieurs jours à un régime appauvri en sodium.

A partir de ces données, 2 hypothèses pourront être envisagées :

  • L’altération de la vasoréactivité dans la médullaire rénale en l’absence de Notch3 pourrait entraîner une augmentation du flux sanguin médullaire responsable d’une polyurie.
  • La voie de signalisation Notch3 pourrait être impliquée dans le développement embryonnaire ou la fonction tubulaire entrainant un défaut de réabsorption d’eau et de sodium.

Compte tenu de la localisation vasculaire prédominante de Notch3 et de nos résultats antérieurs sur l’implication de Notch3 dans la résistivité des vaisseaux du cortex rénal, l’hypothèse « vasculaire » semble la plus vraisemblable. Pour tenter de la confirmer, une série d’expériences complémentaire seront réalisées :

  • Etude par immunohistochimie de la localisation de Notch3 dans la médullaire rénale chez les souris WT en situation d’apports hydriques ad libitum ou restreints.
  • Etude dans les mêmes conditions de l’expression de l’ARNm de Notch3 et de ses gènes cibles.
  • Etude comparée de transporteurs tubulaires de l’eau et du sodium chez les souris WT et KO pour Notch3
  • Etude comparée du flux sanguin médullaire chez les souris WT et KO pour Notch3
  • Etude comparée de la densité des capillaires péritubulaires chez les souris WT et KO pour Notch3
  • Recherche d’une modulation de la polyurie des souris KO en présence d’agents modifiant le tonus vasculaire (en sachant cependant dans notre interprétation que les facteurs bloqués- angiotensine II, PGE2 et endothéline agissent également sur le tubule rénal).

Répétition des principales expériences réalisées dans la souche présentant un défaut dans la voie de transduction de Notch3 (souris RBP-Jloxp/loxp), uniquement dans les cellules musculaires lisses et les péricytes (et non dans les cellules épithéliales).  Si les résultats dans cette souche sont identiques à ceux observés pour le KO non ciblé de Notch3, une étude complémentaire sera effectuée en profitant du fait que le développement vasculaire chez la souris se poursuit après la naissance. En bloquant l’expression de RBP- Jk dès la naissance ou à l’inverse immédiatement avant les tests fonctionnels, nous pourrons en déduire si l’absence d’activité de Notch 3 a un effet développemental sur le réseau vasculaire médullaire (expériences négatives lors du blocage tardif de RBP- Jk) ou un effet fonctionnel (expériences positives lors du blocage tardif de RBP- Jk).

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