L’exposition à l’amiante, dont les risques pulmonaires sont bien connus, reste un sujet de santé publique toujours d’actualité. C’est pourquoi l’Académie a entendu Michel Aubier le 23 février 2015 examiner l’état de la question. En dehors des expositions professionnelles, dont les effets sont maintenant largement reconnus et indemnisés, les expositions environnementales chez des sujets travaillant ou habitant dans des locaux contenant des quantités plus ou moins importantes d’amiante, et leurs possibles conséquences sanitaires, sont au centre d’un débat. Il est souvent fait remarquer que dans son rapport « Amiante et protection de la population exposée à l’inhalation de fibres d’amiante dans les bâtiments publics et privés », adopté par l’Académie le 30 avril 1996, l’Académie nationale de médecine avait sous-estimé le risque sanitaire lié à l’amiante. Il est utile de rappeler que dès 1996, l’Académie avait attiré l’attention sur le risque des contaminations professionnelles par l’amiante et donné, pour l’exposition domestique, un guide de la conduite à tenir en fonction des concentrations en fibres d’amiante mesurées dans les lieux considérés. Plus de dix ans plus tard, la Haute Autorité de Santé (HAS) aboutissait à des préconisations analogues, fondées cette fois sur l’état des flocages à l’amiante. Cette approche, plus aisée à mettre en œuvre, manque toutefois de précision. Les recommandations de l’Académie sont donc toujours pertinentes, en ce qu’elles insistent sur la nécessité de vérifier dans tous les bâtiments qui contiennent de l’amiante l’état de ce matériau notamment en terme de dégradation, même si elles ont été reformulées pour être plus facilement appliquées sur le terrain. Elles comportent trois niveaux : correct, début de dégradation, et dégradation importante. Des mesures spécifiques et des contrôles plus ou moins rapprochés sont prévus pour chacune de ces situations. Il n’est pas demandé actuellement de mesurer le nombre de fibres dans l’air des locaux contenant de l’amiante. On doit reconnaître que l’Académie nationale de médecine n’avait considéré en 1996 que les risques de cancers bronchiques et de mésothéliomes, dans une vision trop restrictive. De plus, elle n’avait pas, non plus, recommandé l’interdiction totale d’utilisation, position partagée par d’autres institutions et explicable du fait qu’on ne disposait pas alors des résultats des études épidémiologiques incluant un grand nombre de sujets qui ont amené à revoir la notion antérieurement admise d’absence de risque en dessous d’un seuil donné de teneur en fibres.
Publié le 25 février 2015