Communication scientifique
Session of 24 novembre 2020

La mémoire traumatique : postulats historiques et débats contemporains

MOTS-CLÉS : Mémoire, Traumatisme psychologique, Troubles de la conscience
Traumatic memory: Historical assumptions and contemporary debates
KEY-WORDS : Memory, Psychological trauma, Consciousness disorders

L. Charretier (a), J. Dayan (a, b), F. Eustache (a, ⁎) , P. Quinette (a)

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT), résultant de l’exposition à un événement extrêmement stressant, a inscrit son histoire dans un contexte psychiatrique et militaire et reste, aujourd’hui encore, une pathologie contemporaine largement débattue. Les recherches des dernières décennies et la révision récente des critères diagnostiques du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, DSM ; 1994, 2013) ont conduit de nombreux chercheurs et cliniciens à considérer le TSPT comme une « pathologie de la mémoire ». Celle-ci est caractérisée par la présence simultanée d’une hypermnésie des éléments centraux et émotionnels de l’événement et une fragmentation des souvenirs périphériques et contextuels, rendus incohérents par leur manque d’intégration autobiographique. Ces atteintes mnésiques sont fréquemment décrites dans le cadre du TSPT, mais font toujours l’objet d’âpres débats scientifiques et cliniques. Malgré tout, la symptomatologie traumatique est classiquement définie par des atteintes mnésiques caractéristiques et supposément marquées par un manque de cohérence narrative et une fragmentation des souvenirs rappelés. Par ailleurs, l’exploration de la mémoire traumatique a, depuis plusieurs années, entretenu un vif débat contemporain concernant la récupération des souvenirs issus d’abus infantiles, réactualisant ou réinterprétant les investigations psychologiques et thérapeutiques passées de la mémoire traumatique. Ce travail propose une présentation des considérations actuelles de la mémoire traumatique développée dans le cadre du TSPT, et une discussion autour de ces deux éléments de controverse : la fragmentation et l’incohérence du souvenir traumatique mémorisé et la récupération tardive des souvenirs « réprimés » du traumatisme initial.

Summary

Post-Traumatic Stress Disorder (PTSD), resulting from exposure to an extremely stressful event, has placed its history in a psychiatric and military context and remains, even today, a widely debated contemporary pathology. Research over the last decades and the recent revision of the diagnostic criteria of the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM; 1994, 2013) have led many researchers and clinicians to consider PTSD as a “memory disorder”. It is characterized by the simultaneous presence of a hypermnesia of the central and emotional elements of the event and a fragmentation of peripheral and contextual memories, rendered incoherent by their lack of autobiographical integration. These memory impairments are frequently described in the context of PTSD but are still the subject of intense scientific and clinical debate. Nevertheless, traumatic symptomatology is classically defined by characteristic memory impairment and supposedly marked by a lack of narrative coherence and a fragmentation of the recalled memories. In addition, the exploration of traumatic memory has, for several years, maintained a lively contemporary debate concerning the recovery of memories resulting from child abuse, re-actualizing or re-interpreting past psychological and therapeutic investigations of traumatic memory. This work proposes a presentation of current considerations of traumatic memory developed in the framework of PTSD, and a discussion around these two elements of controversy: the fragmentation and inconsistency of the traumatic memory remembered and the late recovery of “repressed” memories of the initial trauma.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2020.12.020

Accès sur le site EM Consulte

(a) Normandie Université, UNICAEN, PSL, EPHE, Inserm, U1077, CHU de Caen, neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine, GIP Cyceron, Caen, France
(b) CHGR Rennes-I, service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, 108, avenue du Général-Leclerc, 35000 Rennes, France
* Auteur correspondant. Inserm-EPHE-UNICAEN U1077 « Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine » (NIMH), pôle des formations et de recherche en santé (PFRS), 2, rue des Rochambelles, 14032 Caen cedex CS, France.Inserm-EPHE-UNICAEN U1077 « Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine » (NIMH), pôle des formations et de recherche en santé (PFRS)2, rue des RochambellesCaen cedex CS14032France

Bull Acad Natl Med 2021;205:154-60. Doi : 10.1016/j.banm.2020.12.020