Résumé
Les médicaments antirétroviraux qui ont pour but premier de traiter les personnes vivant avec le VIH permettent aussi de réduire la transmission du virus. La première application de cette prophylaxie a été la prévention de la transmission mère-enfant (PTME), comportant 3 volets : 1) le traitement antirétroviral de la mère pendant la grossesse réduisant la charge virale, 2) le traitement prophylactique in utero et intrapartum du foetus et 3) le traitement post-exposition du nouveau-né. Le résultat est une diminution spectaculaire du taux de transmission mère-enfant aujourd’hui largement inférieur à 1% en France. Désormais, on préconise le traitement des personnes infectées par le VIH désigné par l’acronyme anglais «TasP» (Treatment as Prevention) pour la prévention de la transmission sexuelle, particulièrement dans le cadre du désir d’enfant lors de la procréation, mais aussi dans les couples sérodifférents. L’obtention d’une charge virale indétectable est en effet le moyen le plus efficace disponible aujourd’hui pour réduire le risque de transmission et contrôler l’épidémie au plan mondial. Il existe d’autres utilisations préventives des antirétroviraux : le traitement post-exposition («PEP») utilisé depuis plusieurs années en cas d’exposition professionnelle ou sexuelle et plus récemment la prophylaxie préexposition ou «PrEP». Tous les moyens ne sont efficaces qu’à condition d’une bonne observance. La prévention a des dimensions individuelles et collectives et doit reposer à la fois sur les méthodes comportementales, le dépistage et l’utilisation de traitements antirétroviraux.
Summary
Antiretroviral drugs are primarily used to treat people living with HIV but can also reduce the risk of transmission. The first application of this prophylactic approach was in the prevention of mother-to-child transmission, which comprises three components: 1) antiretroviral therapy during pregnancy to reduce maternal viral load, 2) pre-exposure prophylactic treatment of the fetus in utero and intrapartum, and 3) postexposure neonatal treatment. This has resulted in a sharp reduction in mother-to-child transmission, to well below 1% in France today. « Treatment as prevention » (TASP) is now widely recommended to prevent sexual transmission to partners of people living with HIV, particularly when a couple wishes to have children. Achieving and sustaining undetectable viral load is an important means of reducing the risk of sexual transmission in serodiscordant couples and also of controlling the pandemic worldwide. The other uses of antiretroviral drugs to protect HIV-negative people at risk include post-exposure prophylaxis (PEP) and pre-exposure prophylaxis (PrEP). Prevention has both individual and collective dimensions and involves several components, including behavioral changes, serological testing, and use of antiretrovirals.
Bull. Acad. Natle Méd., 2014, 198, nos 4-5, 813-824, séance du 27 mai 2014