Communication scientifique
Séance du 9 mars 2010

Introduction

Pierre Godeau *

 

Séance dédiée à l’éosinophilie

Pierre GODEAU *

INTRODUCTION

Lors de la séance du 24 février 2009, Monique Capron présentait devant notre Compagnie avec la collaboration de Fanny Legrand, une communication fort intéressante consacrée aux fonctions des polynucléaires éosinophiles, de l’immunité antiparasitaire aux potentialités antitumorales. Cette présentation permettait aux auteurs de rappeler le polymorphisme et l’hétérogénéité des éosinophiles sanguins et/ou tissulaires. Cellules aux fonctions ambiguës considérées pendant longtemps comme simplement « réactives » à des infections parasitaires ou à des processus allergiques, les éosinophiles ont en réalité un rôle cytotoxique. Cette toxicité peut être bénéfique si elle s’exerce contre des cellules étrangères (parasites et notamment hélminthiases, telles les larves de schistosomes) ou contre des cellules tumorales, mais fâcheuse lorsqu’elle entraîne une auto-agression contre les cellules constituants normaux de l’organisme : le poumon comme dans l’asthme ou les pneumonies à éosinophiles, voire l’ensemble des viscères dans le cadre d’une pathologie rare : le syndrome hyperéosinophile actuellement divisé en deux sous groupes myéloïde et lymphoïde en fonction de la présence ou non d’une anomalie moléculaire, gêne de fusion F/P (FIP 1L1-PDGFRA), la prolifération lymphoïde entraî- nant l’hyperéosinophilie par la sécrétion par des lymphocytes T de facteurs de croissance des éosinophiles essentiellement l’IL5.

Le médecin praticien confronté à une hyperéosinophilie chronique significative (1 500 éosinophiles ou plus) durant depuis six mois, selon Chusid, est conduit à évoquer ce syndrome mais doit auparavant éliminer des causes plus fréquentes dont la liste non exhaustive comporte des médicaments et toxiques, des parasitoses, des dermatoses, des hémopathies, des maladies digestives (Crohn- Whipple), des maladies systémiques, des viroses (HTLV1-HIV), les causes non parasitaires sont résumées dans le tableau emprunté à Jean-Emmanuel Kahn et Olivier Blétry (in Diagnostics difficiles en Médecine Interne — H. Rousset et coll. 3e Édition — Maloine Éditeur 2008 : p. 477). Les hyperéosinophilies intéressent donc particulièrement les internistes.

L’étude du syndrome hyperséosinophile avait été un de nos centres d’intérêt avec Olivier Blétry qui était alors mon collaborateur à la Pitié il y a une vingtaine d’année et nous avions pu progresser dans l’étude de ce syndrome grâce à nos contacts scientifiques avec Lionel Prin et Monique Capron. Ultérieurement Olivier Blétry a poursuivi l’étude de ce syndrome à l’Hôpital Foch avec Jean-Emmanuel Kahn. Des progrès considérables ont été effectués tant dans la physiopathologie que la thérapeutique. Mais avant de leur donner la parole, nous aurons le plaisir d’écouter successivement Denise-Anne Moneret Vautrin qui va nous rappeler les innovations qui ont renouvelé l’étude des hyperéosinophilies d’origine allergique et Dominique Richard Lenoble qui nous fera bénéficier d’une mise au point sur les hyperéosinophilies d’origine parasitaire.

Fig. 1. — Le polynucléaire éosinophile (PNE) : cellule inflammatoire et immunorégulatrice Représentation sur la partie gauche de l’ensemble des récepteurs exprimés à la surface du PNE, et sur la partie droite de l’ensemble des médiateurs sécrétés.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 3, 531-534, séance du 9 mars 2010