Séance thématique sur « la réponse sanitaire au défi du terrorisme hors conflit armé »

INTRODUCTION

Pierre VAYRE *

Le contexte géopolitique du IIIe millénaire facilite le risque terroriste. Ce fléau inquiète les populations et les dirigeants politiques. Il perturbe par son insidiosité protéiforme la sérénité des responsables de la sûreté de l’état et de la sécurité des citoyens. La République Française, état de droit, doit se doter avec efficience et information claire, des moyens en personnels et matériels encadrés par un système administratif et juridique pour assurer la préservation sécuritaire des personnes et des biens.

L’acte terroriste a une visée spectaculaire de déstabilisation collective. Perfide est le nouveau type de menace n’exigeant pas de moyens lourds pour sa réalisation mais dont les effets par l’identification retardée et propagation secondaire en cascade sont très pernicieux entraînant la désorganisation sociétale avec effet panique . Il en est ainsi du bioterrorisme dont les trois composantes nucléo-radiologique, biologique et chimique, regroupées sous le sigle NRBC, sont bien exposées dans le livre du médecin Général Yves Buisson.

Estimer la menace dans le temps et l’espace puis apprécier le risque d’un tel danger appartiennent au patient travail de coordination des services du renseignement pour dépister et, si possible, déjouer l’acte terroriste comme le souligne Alain Marsaud 1 [1]. Les formules nouvelles du kamikaze et du piratage industriel ou scientifique concernant les nanotechnologies et les pathologies émergentes, ouvrent un champ nouveau pour l’appréciation du risque et l’organisation interministérielle qui jusqu’alors sont du ressort du Secrétariat Général de la Défense nationale (SGDN) dépendant du Premier Ministre.

L’aspect plus strictement médical est exposé dans le livre de Thierry de Revel et coll. [2].

Bien expliquée par Francis Delon[3], l’évolution du concept de défense justifie la réalisation du « Livre blanc sur la sécurité interne face au terrorisme » mis en chantier par le Premier Ministre en 2005 et approuvé par le Gouvernement en mars 2006. Le Livre blanc a trois objectifs :

— stratégique : identifier la menace et mesurer les risques, — opérationnel : évaluer les dispositifs de protection, — pédagogique : informer les citoyens — réalité du risque (moyens mis en œuvre et attitudes conseillées.

C’est dans cet esprit que, chambre de réflexion polyvalente, indépendante et scientifique, l’Académie nationale de médecine statutairement conseillère du Gouvernement en matière de santé, doit participer à l’élaboration d’une « politique de défense sanitaire pour l’accueil en situation d’exception » telle que définie en 1986 [4] et 1989 [5]. La réponse sanitaire au terrorisme doit être réaliste, pragmatique, évolutive, partagée par la nation sous l’autorité des grandes fonctions régaliennes de l’État. Les modes d’alerte du danger NRBC doivent être en réseau avec un système permanent de réponse immédiate et adaptée, par utilisation des hautes technologies déjà soulignée par la loi du 23 janvier 2006.

Au terme de vingt séances de travail, pendant neuf mois, notre groupe a réuni les documents de pratiques opérationnelles et de recherches. Il a, en outre, auditionné vingt-cinq personnalités scientifiques, administratives et politiques que nous remercions particulièrement de leurs avis et conseils. La compétence acquise sur le terrain et la qualité des travaux scientifiques des médecins, pharmaciens et chercheurs du Service de Santé des Armées, expliquent leur importante participation à notre étude sur le thème de défense sanitaire NRBC en 2007.

Restant strictement dans le domaine médical notre but est triple :

— Identifier les risques connus des composantes NRBC et les moyens de secours sanitaires à titre individuel et collectif en deux circonstances :

• prévention du stade de menace • traitement des victimes du sinistre — Imaginer, pour les comparer, les risques potentiels de nouvelles formes d’agression sanitaire pouvant être en rapport de causalité avec des acquisitions scientifiques et technologiques en sachant que toute installation est vulnérable.

— Esquisser l’orientation des moyens de défense sanitaire avec trois impératifs :

• être crédible au plan international • se doter d’une doctrine d’emploi simple et compatible avec les moyens européens et de l’OTAN • respecter l’organisation gouvernementale déjà en place y compris la loi 2007- 294 et les annonces de projet de défense civile.

Au terme de notre étude nous soumettons nos réflexions confirmant que la défense sanitaire doit être volontairement préméditée, raisonnablement intégrée et régulièrement contrôlée avec instruction suivie des personnels par exercices pratiques au moins biannuels .

La séance spéciale consacrée à la « réponse sanitaire au défi du terrorisme hors conflit armé » comprend six exposés envisageant l’existant, les lacunes, l’orientation souhaitable. Après une synthèse, une proposition de communiqué sera soumise à l’appréciation de l’Académie nationale de médecine.

• Introduction par Pierre Vayre • La réponse sanitaire face au terrorisme : par André Aurengo, Patrick Gourmelon,

Pierre Laroche • Irradiation aiguë localisée. Chirurgie et thérapie cellulaire. A propos de deux cas par Eric Bey, Patrick Duhamel, Jean Jacques Lataillade, Thierry de Revel, Patrick Gourmelon • Terrorisme chimique et modalités de la prise en charge par

Claude Renaudeau,

Patrick Masson • La réponse sanitaire au risque biologique terroriste par

Jean Étienne Touze,

François Bricaire, Daniel Garin • De l’alerte au laboratoire, un réseau cohérent face aux dangers infectieux naturels ou provoqués par Patrice Binder, Gilles Brucker, Loïc Josseran • Impacts psychologiques du terrorisme sur les victimes et la population générale par Dominique Vallet, Maurice Ferreri • Synthèse et projet de communiqué par

Pierre Vayre • Conclusion Pierre Ambroise-Thomas

BIBLIOGRAPHIE [1] MARSAUD Alain. — Face à la terreur, Fayard Éditeur, Paris 2007.

[2] DE REVEL TH. et coll. — Menace terroriste. Approche médicale, nucléaire, radiologique, biologique, chimique. Editions John Libbey Eurotext, Paris 2005, 420 p.

[3] VAYRE Pierre. — Rapport Comité 1, 38e session IHEDN, 1986.

[4] DELON Francis. Secrétaire Général de la Défense Nationale, dans la revue « Défense 2006 » no 124.

[5] VAYRE Pierre. — Rapport Comité 1, 38e session IHEDN, 1986.

[6] VAYRE Pierre et CASSAIGNE R. — Sixième congrès international de chirurgie d’urgence, 1989.

Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 6, 967-969, séance du 12 juin 2007