Communication scientifique
Session of 7 décembre 2010

Introduction

René Mornex *

 

Séance commune Académie nationale de médecine — Académie des sciences

La recherche clinique

INTRODUCTION

René MORNEX *

Le comité de coordination de l’Académie de sciences et de l’Académie nationale de médecine a décidé de consacrer une session académique le 7 décembre 2010 au thème de la recherche clinique .

Il a été conclu que la recherche clinique ne doit pas être isolée des autres aspects de la recherche médicale. Il n’y a pas, du clinique et du fondamental, il y a de la bonne et de la mauvaise recherche.

La seule vraie caractéristique est son articulation avec le malade. D’une bonne observation clinique naît une hypothèse, le ou les laboratoires créent un modèle expérimental ou affinent les moyens d’investigation sur l’homme et in fine ce sont les conclusions qui bénéficient aux malades.

Claude Bernard avait déjà tracé ces grands principes et avec le temps sa pensée reste valide bien que le mot transitionnel qui est utilisé actuellement marque un peu plus le retour au malade.

Dans ce processus, un grand tournant a été marqué en 1958 avec la création du temps plein et des structures hospitalo-universitaires. C’est grâce à cela que la médecine française a continué à progresser même si certains sont déçus par la globalité des résultats. L’intégration hospitalo-universitaire est peut-être encore trop insuffisante et un exemple étranger (Pays-Bas) mériterait d’être étudié en raison de sa plus grande performance.

Des exemples précis ont permis de voir les succès obtenus, notamment en génétique, mais les difficultés de la recherche dans le domaine chirurgical, du fait de l’implication du facteur humain dans les actions très complexes. Enfin est permis de constater que sur une idée précise, un obstacle incontournable dévie le projet initial mais débouche sur une autre voie.

* Membre de l’Académie nationale de médecine, e-mail : rene.mornex@chu-lyon.fr

Il faut avoir un regard précis sur la recherche chirurgicale qui implique une très grande intrication avec les aspects industriels. Ceci peut aboutir à des résultats tout à fait spectaculaires. Mais il faut malgré tout ne pas se laisser entraîner au rêve. Cela doit rester une action de recherche dont la diffusion n’est pas de sitôt universelle.

Les conditions de la recherche clinique, demandent plusieurs éléments organisationnels importants, notamment la facilité relative de la réaliser dans un service de réanimation ou dans les centres d’investigation clinique (CIC). Les intersections, que cette recherche développe, obligent à une approche très affinée avec les outils statistiques.

La recherche reste très utile au praticien dont la collaboration est requise notamment dans l’établissement des grandes cohortes. De là vient la nécessité de former tous les étudiants en médecine à cette discipline. Dans les évolutions récentes des textes pédagogiques, plusieurs niveaux ont été imaginés (de P2 jusqu’au master) avec l’intervention des stages à temps pleins, des écoles formations de l’Inserm et des institutions de recherches.

La recherche clinique se heurte à des difficultés surtout lorsqu’il s’agit de passer de l’animal à l’homme, les délais entre l’idée et la réalisation sont considérables et très souvent des investissements majeurs débouchent sur un échec. Ce problème sera revu en détails dans une autre session.

Un important travail de recherche clinique se fait dans des hôpitaux grâce à des financements spécifiques qui sont parfaitement identifiés et évalués.

Il est important, dans chaque CHU, d’identifier les équipes, de définir des axes utiles et compatibles avec les moyens locaux, de faciliter les coopérations, notamment entre différentes régions et au travers des directions et les CRIS.

La recherche clinique est en très bonne place dans les objectifs gouvernementaux, mais il faut considérer que c’est une participation à l’effort national sans pouvoir revendiquer une identification et une séparation stricte. L’opérateur doit être les universités surtout quand elles sont autonomes et l’identification en cours d’un petit nombre de grands projets à travers le pays va faciliter la concentration des grands moyens. Ceci s’inscrit dans le cadre du « grand emprunt » et deux milliards cinq cents de son produit vont être attribués aux sciences de la vie et de la santé. En particulier cinq CHU bénéficieront au total de huit cent cinquante millions d’euros.

L’approche européenne sera envisagée et le dispositif ECRIN, concentré vers les maladies rares et les matériels médicaux défini. Il apparaît dans le programme FR7 santé 2010.

La dernière partie de la journée engagera des prises de position des associations dont les statuts sont différents mais qui ont le souci d’apporter des compléments à tout ce qui est fait par les institutions statutaires et pérennes. L’objectif est de combler les vides dans certains thèmes, voire dans certaines régions.

 

Enfin la table ronde consacrée à l’éthique fera apparaître deux problèmes :

— le premier est celui de la faute dans le monde scientifique ;

— le deuxième est celui de l’engagement qui doit être pris en charge par la société civile notamment pour assurer les prélèvements d’organes pour les transplantations et les autopsies pour l’investigation anatomo-clinique.

Au final la recherche clinique est vivace non dépourvue de moyens mais dans un relatif danger si tous les acteurs ne s’engagent pas à fond et ne surmontent pas l’obstacle qui est lié au temps à partager avec les soins et l’enseignement.

La recherche clinique doit être une ardente obligation.

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 9, 1665-1667, séance du 7 décembre 2010