Communication scientifique
Séance du 5 novembre 2019

Évolution du larynx artificiel vers le biologique : réhabilitation laryngée par allogreffe aortique chez la brebis

MOTS-CLÉS : Larynx artificiel, Allogreffe aortique, Ingénierie trachéale
Evolution of artificial larynx to the biological: Laryngeal rehabilitation by aortic allograft in sheep
KEY-WORDS : Artificial larynx, Aortic allograft, Tracheal engineering

E. Brenet (a, b), J. Barthès (b), N.E. Vrana (b), P. Schultz (c), E. Martinod (c), P. Lavalle (d), C. Debry (b, d), L. Fath (b, d, *)

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

Introduction
Mille cinq cent laryngectomies totales sont réalisées en France chaque année pour des cancers laryngés avancés. Après avoir, avec succès, conçu et implanté un larynx artificiel en titane en 2012 chez l’homme, notre équipe s’est penchée sur les améliorations potentielles, en particulier la rigidité de l’implant, responsable d’une compression partielle de l’œsophage et pouvant contribuer aux troubles de la déglutition résiduels constatés chez les patients implantés. Le but de cette étude est d’extrapoler la technique de reconstruction trachéale par allogreffe aortique cryoconservée (équipe du Pr Martinod, hôpital Avicenne, AP–HP) à la réhabilitation du larynx en minimisant l’apport des biomatériaux au profit d’une reconstruction biologique. Il s’agit d’une étude de faisabilité chez l’animal (n=6 brebis) d’un modèle de remplacement laryngée par reconstruction trachéale par allogreffe aortique cryoconservée en vue d’une implantation chez l’homme.

Matériels et méthodes
N=6 animaux ont été implantés par une allogreffe aortique, entre base de langue (suture termino-terminale) et section supérieure de la trachée (suture termino-latérale) avec comme objectif : i) d’évaluer après sacrifice à 6 mois d’implantation le comportement du greffon aortique dans sa partie proximale basilinguale par analyse histologique ; ii) de confirmer l’intégration du greffon à la trachée dans sa partie distale trachéale.

Résultats
La survie à 180jours a été de 83 % (n=5/6), avec un animal décédé au 102e jour par migration du stent endo-aortique dans la carène. L’allogreffe au niveau de l’anastomose supérieure basilinguale (proximale) et en regard de la partie inférieure trachéale (distale) a été parfaitement intégrée, avec une remarquable colonisation cellulaire par néovascularisation de l’ensemble du greffon aortique.

Summary

Introduction
One thousand and five hundred total laryngectomies are performed in France each year for advanced laryngeal cancers. After successfully designing and implanting an artificial titanium larynx in 2012 in humans, our team looked at potential improvements, in particular the rigidity of the implant, responsible for partial compression of the esophagus and which may contribute to the residual swallowing disorders observed in implanted patients. The aim of this study was to extrapolate the technique of tracheal reconstruction by cryopreserved aortic allograft (Pr Martinod, Avicenne Hospital, APHP) to the rehabilitation of the larynx by minimizing the contribution of biomaterials in favor of biological reconstruction. This is a feasibility study in animals (6 sheep) of a laryngeal replacement model with tracheal reconstruction by cryopreserved aortic allograft.

Materials and methods
N=6 animals were implanted by an aortic allograft, between the base of the tongue (end-to-end suture) and upper section of the trachea (end-to-end suture) with the objective of: i) evaluating after sacrifice for histological analysis at 6 months of implantation the behavior of the aortic graft integrated into the muscles at the base of the tongue ii) to confirm the integration of the graft in the trachea in its lower part.

Results
180-day survival was 83% (n=5/6), one animal died on the 102nd day by migration of the endo-aortic stent into the carina. The allograft at the level of the upper anastomosis was perfectly integrated into the muscles of the base of tongue, with remarkable cell colonization by neovascularization of the entire aortic graft.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2020.02.002

Accès sur le site EM Consulte

(a) Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale (Department of otolaryngology-head and neck surgery), CHU de Reims, hôpital Robert-Debré, rue Général Koenig, 51100 Reims, France. (b) Unité Inserm (National Institute of Health and Medical Research Unit) 1121, biomatériaux et bioingénierie (Biomaterials and bioengineering), 11, rue Humann, 67000 Strasbourg, France. (c) Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale (Department of otolaryngology-head and neck surgery), CHU de Strasbourg, hôpital de Hautepierre, 1, avenue Molière, 67000 Strasbourg, France. (d) Service de chirurgie thoracique, hôpital Avicennes, AP–HP, 125, rue de Stalingrad, 93000 Bobigny, France (⁎)Auteur correspondant.

Bull Acad Natl Med 2020;204:622—627. Doi : 10.1016/j.banm.2020.02.002