Communication scientifique
Session of 16 janvier 2018

Être schizophrène en prison

MOTS-CLÉS : SCHIZOPHRÉNIE. PRISONNIERS. ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE. COMPORTEMENT CRIMINEL.
In prison with schizophrenia
KEY-WORDS : SCHIZOPHRENIA. PRISONERS. ENVIRONMENT AND PUBLIC HEALTH. CRIMINAL BEHAVIOR.

David TOUITOU*, Magali BODON-BRUZEL *

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

Depuis les aliénistes, les psychiatres ont toujours constaté la présence de nombreux malades mentaux en détention. Des études épidémiologiques récentes confirment notamment la très large surreprésentation des personnes souffrant de schizophrénie. L’organisation des soins psychiatriques en milieu carcéral tient compte de cette complexité en mettant en place des niveaux de prise en charge différents et hiérarchisés, dans chaque prison et par le biais de structures régionales, dont les récentes unités hospitalières spécialement aménagées. La clinique de la psychose en détention est à la fois identique à celle rencontrée habituellement et spécifique : des états psychotiques aigus transitoires particuliers, les effets pathogènes de la détention sur des sujets fragiles au plan de l’organisation de la personnalité, la réticence aux soins qui ne peuvent être imposés en détention et l’importance des facteurs de stress en lien avec la vie carcérale complexifient les tableaux symptomatiques classiques, comme les prises en charge. Enfin, les actes médico-légaux et de délinquance commis par les schizophrènes sont évalués par les juridictions et les experts de manière variable, la tendance étant clairement à la responsabilisation du malade qui accroit sa présence en détention. De ce fait, les différents dispositifs de soin, et notamment les plus récemment mis en place, apparaissent opérants.

Summary

Since the alienists, psychiatrists have described countless cases of patients suffering from mental disorders among convicted inmates. Recent epidemiological studies show a high prevalence of patients suffering from schizophrenia and other psychotic disorders in prison populations compared with the general population. Furthermore, symptoms of psychotic disorders can be expressed differently: specific prison stressors being associated with acute and transient psychotic episodes among patients having a high risk for psychosis personality disorder. Limited access to mental care in prison or refusal of treatment consent contributes to the pathogenic effects of imprisonment in patients presenting psychotic disorders. The organization of psychiatric care in prison takes into account this clinical complexity by implementing different and prioritized care levels, in each prison and through regional care structures, including dedicated forensic inpatient clinics. The different care systems, including the recently developed ones, appear also effective in providing specific mental care to patients suffering from chronic psychotic disorders that have been found criminally responsible by the courts for their criminal offence and thus imprisoned.

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 1-2, 33-52, séance du 16 janvier 2018