Communication scientifique
Séance du 5 juin 2018

Émergence de la simple surveillance du cancer de prostate et des traitements partiels. Rôle clé de l’IRM

MOTS-CLÉS : TUMEURS DE LA PROSTATE. OBSERVATION (SURVEILLANCE CLINIQUE). INFECTION FOCALE. ABLATION PAR ULTRASONS FOCALISÉS DE HAUTE INTENSITÉ
Emergence of simple surveillance of prostate cancer and partial treatments. Key role of MRI. Prostate cancer: emergence of surveillance or partial therapy
KEY-WORDS : PROSTATIC NEOPLASMS. WATCHFUL WAITING. FOCAL INFECTION. HIGH-INTENSITY FOCUSED ULTRASOUND ABLATION

Arnauld VILLERS*, Jonathan OLIVIER*, Arthur ANNOOT*, Philippe PUECH**, Xavier LEROY***

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

Depuis le début des années 2000, l’imagerie de la prostate par IRM a révolutionné le diagnostic et la stadification du cancer de la prostate au stade localisé. La performance élevée de l’IRM a conduit, au-delà de la meilleure détection de cancer par biopsie ciblée, à étudier 1- son utilisation pour décider ou non d’une biopsie en cas de PSA suspect, 2- de surveiller simplement par PSA des patients porteurs d’un micro-foyer non visible à l’IRM et à faible risque de progression 3- de traiter partiellement la prostate par ultra-sons focalisés en cas de tumeur visible à l’IRM, évitant les conséquences fonctionnelles du traitement de toute la prostate. Les résultats de ces études en 2018 ont montré que la stratégie d’IRM avant biopsie et uniquement de biopsie ciblée en cas de lésion à l’IRM était supérieure à celle des biopsies en cartographie standard chez les hommes présentant un risque de cancer de la prostate et n’ayant jamais eu de biopsie auparavant. L’indication de biopsie pourrait donc ne concerner que les seuls patients avec IRM suspecte. Pour les patients évalués initialement par IRM et traités par surveillance active, la cinétique du PSA semestriel est performante en tant que test diagnostic pour la progression tumorale sous surveillance active. Les biopsies systématiques actuellement recommandées au cours du suivi pourraient être évitées. Enfin l’hémi-ablation par ultra-sons focalisés est une option de traitement permettant une rémission pour 70 % des patients à 5 ans. Les patients avec récidive peuvent être traités par traitement standard de toute la prostate. L’IRM permet de diminuer le sur diagnostic et le sur traitement des cancers de prostate à faible risque de progression. Ce sont des arguments majeurs pour mieux défendre la politique de dépistage du cancer de prostate.

Summary

Since the early 2000s, MRI-based prostate imaging has revolutionized the diagnosis and staging of localized prostate cancer. The high performance of MRI has led, beyond the best cancer detection by targeted biopsy, to study 1- its use to decide whether or not to biopsy in case of suspect PSA, 2- to simply monitor by PSA patients with a non-visible MRI and low risk of progression 3- to partially treat the prostate by focused ultrasound in case of visible tumor at MRI, avoiding the functional consequences of the treatment of the whole prostate. Results of these studies in 2018 showed that the MRI pre-biopsy strategy and only targeted MRI biopsy strategy was superior to that of standard mapping biopsies in men at risk for prostate cancer and who never had a biopsy before. The biopsy indication could therefore only concern patients with suspected MRI. For patients initially assessed by MRI and treated with active surveillance, the 6 month PSA kinetics perform well as a diagnostic test for tumor progression under active surveillance. Systematic biopsy series currently recommended during follow-up could be avoided. Finally, the hemi-ablation by focused ultrasound is a treatment option allowing remission for 70% of patients at 5 years. Patients with recurrence can be treated with standard treatment of the entire prostate. MRI reduces the over diagnosis and over treatment of prostate cancer of low risk of progression. These are major arguments for better defending prostate cancer screening policy.

Entretien avec le Pr Arnauld VILLERS le 5/06 à Lille :

*Service d’urologie, CHU Lille, Université de Lille, 59000 Lille. **Service d’imagerie génito-urinaire, CHU Lille, Université de Lille, 59000 Lille. ***Service d’anatomo-pathologie, CHU Lille, Université de Lille, 59000 Lille

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 3-4, 1049-1057, séance du 5 juin 2018