En dépit d’un plan national 2001-2005, diffusé en novembre 2001, pour préserver l’efficacité des antibiotiques et d’une campagne, lancée en septembre 2002 (« les antibiotiques, c’est pas automatique »), par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés, ciblant le grand public et les médecins libéraux, la France est le pays européen où la consommation d’antibiotiques est la plus élevée.
Afin de limiter le développement des résistances bactériennes, un bon usage de l’antibiothérapie s’impose à tous les médecins, quels que soient leur mode d’exercice et leur spécialité. L’absence de nouveaux antibactériens innovants vient encore renforcer cet impératif. En conséquence, l’Académie Nationale de Médecine, qui a consacré, le 9 novembre 2004, une séance thématique à l’antibiothérapie : « Du bon usage des antibiotiques », émet les recommandations suivantes :
— Tout médecin prescrivant un traitement antibiotique doit formuler avec précision les modalités de son administration au patient qui va le recevoir ;
la durée du traitement sera mentionnée sur l’ordonnance. À ce propos, la prescription non justifiée d’antibiotiques, au cours d’infections respiratoires bénignes, le plus souvent virales, ne peut que favoriser les résistances bactériennes. De plus, l’emploi d’antibiotiques à titre préventif doit être réservé à des cas particuliers.
— Le fait que trop de patients gardent en réserve des antibiotiques, parfois même au-delà de leur date de péremption et les utilisent en automédication, devant divers symptômes aspécifiques, est une pratique qui doit être proscrite. Il appartient aux praticiens d’en faire prendre conscience à leurs patients.
— De plus, les antibiotiques sont souvent vendus sous des conditionnements qui ne correspondent pas aux traitements prescrits. Il faut éviter de telles dépenses inutiles et aussi le risque que le produit non utilisé soit conservé, dans la pharmacie familiale, pour une consommation ultérieure incontrôlée.
Il serait nécessaire de mieux ajuster la quantité d’antibiotique délivrée sur prescription, en proposant des présentations ne contenant que la dose adaptée au traitement des infections usuelles.
— Les Recommandations de Bonnes Pratiques, les conclusions des Confé- rences de Consensus consacrées à l’antibiothérapie doivent être appliquées avec rigueur par tout médecin. Il est également essentiel que les organismes de Formation Médicale Continue contribuent à promouvoir les mesures susceptibles de rationnaliser les prescriptions d’antibiotiques, telles que le test de diagnostic étiologique rapide de l’angine, les recommandations de traitement court, etc.
— Les étudiants recevront une formation conforme à ces règles, dans le cadre de l’enseignement, qui doit aborder le traitement d’infections aussi banales que les rhino-pharyngites.
— En milieu hospitalier, la prévalence des souches bactériennes multirésistantes étant favorisée par une utilisation non contrôlée d’antibiotiques, chaque hôpital, comme l’a défini une circulaire DHOS/DGS publiée le 2 mai 2002, doit désigner un médecin référent en antibiothérapie, instaurer une Commission des antiinfectieux et créer un système de dispensation contrô- lée de ces médicaments. Ces mesures complètent les programmes de prévention des infections nosocomiales et de leur transmission interhumaine.
— Cette politique doit, à l’évidence, s’intégrer dans un ensemble de réglementations visant tous les autres modes d’utilisation des antibiotiques (médecine vétérinaire, industrie agroalimentaire par exemple).
BIBLIOGRAPHIE
Séance thématique du 9 novembre 2004 : « Du bon usage des antibiotiques »,
Bull. Acad.
Natle Méd., 2004, 188, no 8, 1249-1298.
*
* *
L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 31 mai 2005, a adopté le texte de ce communiqué moins deux abstentions.
* Membre de l’Académie nationale de médecine. ** Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine.
Bull. Acad. Natle Méd., 2005, 189, no 5, 1061-1062, séance du 31 mai 2005