Communication scientifique
Séance du 22 novembre 2022

Don du corps à la science et usages des corps à finalités pédagogiques et scientifiques : enjeux éthiques et perspectives pour demain

MOTS-CLÉS : Don du corps à la science, Bioéthique, Anatomie, Chirurgie, Recherche médicale
Donation of the body to science and uses of bodies for educational and scientific purposes: Ethical issues and perspectives for tomorrow
KEY-WORDS : Body donation to science, Bioethics, Anatomy, Surgery, Medical research

G. Moutel (a, ⁎, b, c) , C. Destrieux (d, e, f), B. Suzat (a, b), M. Charvin (a, c), P. Baqué (e, g), S. Ploteau (e, h), M. Gouriot (a, c), G. Grandazzi (a, i)

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

Le don du corps à la science est essentiel et indispensable pour l’enseignement de l’anatomie, l’apprentissage et l’amélioration des pratiques chirurgicales ; il l’est également pour la recherche dans de nombreuses spécialités médicales. Il s’agit d’un don volontaire, fait du vivant du patient, par écrit, auprès des centres de don dans de nombreuses facultés de médecine en France. Il s’impose aux proches mais peut heurter des consciences. Malgré la grande qualité et la grande rigueur de travail de la majorité des centres du don en France, un certain nombre de problèmes et de questions nouvelles ont émergé ces dernières années. Ces questions concernent les modalités d’information du donateur sur les usages possibles des corps, l’information des proches sur cette démarche, les frais de transports des corps, les modalités de traçabilité de la volonté des défunts, le devenir des cendres après utilisation des corps quant aux conditions de retour ou non aux familles, mais aussi les moyens et la logistique des centres. Du fait de toutes ces questions et de la problématique d’un centre parisien de don où la dignité des corps a été mise à mal, le législateur a souhaité s’emparer du sujet à travers les nouvelles lois de bioéthique de 2021. Les pratiques et règles éthiques autour de la pratique du don du corps à la science vont donc évoluer dans les années à venir. Cet article fait le point sur les évolutions à anticiper et sur les questions éthiques qu’elles soulèvent en regard de la symbolique du corps mort et du respect de la dignité des défunts.

Summary

The donation of the body to science is essential and indispensable for the teaching of anatomy, for the learning and improvement of surgical practices; it is also essential for research in many medical specialties. It is a voluntary donation, made during the patient’s lifetime, in writing, to the donation centers in many medical schools in France. It is binding on relatives but may offend consciences. In spite of the high quality and rigorous work of the majority of body donation centers in France, a certain number of problems and new questions have emerged in recent years. These questions concern the methods of informing the donor on the possible uses of the bodies, the information of the relatives on this approach, the costs of transporting the bodies, the methods of tracing the wishes of the deceased, the fate of the ashes after the use of the bodies as to the conditions of their return or not to the families, but also the means and logistics of the centres. Because of all these questions and the problem of a Parisian donation center where the dignity of the bodies was compromised, the legislator wished to take up the subject through the new bioethics laws of 2021. The practices and ethical rules surrounding the practice of body donation to science will therefore evolve in the years to come. This article reviews the developments to be anticipated and the ethical questions they raise with regard to the symbolism of the dead body and respect for the dignity of the deceased.

Accès sur Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2022.02.019

Accès sur EM Consulte

(a) Espace de réflexion éthique de Normandie, Normandie université, CHU de Caen, avenue de la Côte-de-Nacre, 14000 Caen, France
(b) Service de médecine légale et chambre funéraire, CHU de Caen, Normandie université, avenue de la Côte-de-Nacre, 14000 Caen, France
(c) ANTICIPE, Normandie université, Inserm, 3, avenue du Général-Harris, 14000 Caen, France
(d) Laboratoire d’anatomie, faculté de médecine de Tours, 10, boulevard Tonnellé, 37032 Tours, France
(e) CMFPA, collège médical français des professeurs d’anatomie, France
(f) UMR 1253, iBrain, université de Tours, Inserm, Tours, France
(g) Laboratoire d’anatomie, faculté de médecine de Nice, 28, avenue de Valombrose, 06107 Nice cedex 2, France
(h) Laboratoire d’anatomie, faculté de médecine de Nantes, 1, rue Gaston-Veil, BP 53508, 44035 Nantes cedex 1, France
(i) Centre de recherche risques et vulnérabilités EA 3918, Normandie université, campus 1, Esplanade de la Paix, CS 14032, 14032 Caen cedex 5, France

⁎Auteur correspondant.

Bull Acad Natl Med 2022;206:1043-50. Doi : 10.1016/j.banm.2022.02.019