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Discrimination liée à l’âge ou âgisme, un fléau mondial en progression !
Communiqué de l’Académie nationale de médecine[1]
1er juin 2021
Publié le 18 Mars 2021, dans le cadre de la « Décennie du vieillissement en bonne santé », le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de l’Organisation des Nations Unies et de nombreuses organisations internationales, appelle à agir d’urgence pour combattre la ségrégation vis-à-vis des personnes âgées et, plus largement, la discrimination liée à l’âge, appelée âgisme, afin de mieux les mesurer et rendre compte de ce qu’elles sont : « un fléau insidieux dont la société souffre ».
L’âgisme apparaît lorsque l’âge est utilisé pour catégoriser et diviser les gens, ce qui entraîne des préjudices, des désavantages et des injustices. Il peut se traduire par des attitudes empreintes de préjugés, des actes discriminatoires et des politiques ou pratiques institutionnelles perpétuant des croyances stéréotypées. Une enquête, menée auprès de 83034 personnes dans 57 pays, a révélé qu’une personne sur deux avait des attitudes modérément ou fortement âgistes. Ces préjugés et discriminations transparaissent dans le débat public et sont diffusés par l’intermédiaire des médias sociaux. Ce phénomène recoupe d’autres formes de catégorisation, concernant le genre, l’ethnie ou le handicap, avec des conséquences négatives sur la santé et le bien-être des personnes.
Chez les personnes âgées, l’âgisme est associé à un plus grand isolement social avec une solitude accrue. On estime que 6,3 millions de cas de dépression dans le monde sont dus à l’âgisme. Quant aux jeunes adultes, ils subissent des discriminations dans des domaines tels que l’emploi, la santé, le logement et la politique, où ils n’ont souvent pas voix au chapitre. En 2020, une revue a montré que, dans 85 % des 149 études sélectionnées, l’âge avait servi à déterminer les bénéficiaires de certains actes médicaux ou traitements.
Comme Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, l’a déclaré, « L’âgisme nuit à tous, aux personnes âgées aussi bien qu’aux jeunes adultes. Mais souvent, il est si répandu et si banalisé– dans nos attitudes comme dans nos politiques, nos lois et nos institutions – que nous ne réalisons pas les répercussions qu’il a sur notre dignité et sur nos droits ». Elle a ajouté « Nous devons lutter de front contre l’âgisme, une violation des droits de l’homme aujourd’hui profondément enracinée. »
Afin de soutenir le programme « Décennie du vieillissement en bonne santé », tous les pays et toutes les parties prenantes sont encouragés à utiliser des stratégies fondées sur des données probantes, à améliorer la collecte de données et la recherche, et à travailler ensemble pour créer un mouvement visant à changer nos conceptions, notre ressenti et nos actions à l’égard de l’âge et du vieillissement.
L’Académie nationale de médecine considère qu’il est important de lutter contre l’âgisme, qui concerne, certes, les personnes âgées, mais aussi et on l’ignore souvent, les jeunes adultes. La pandémie de COVID-19 a confirmé combien ces discriminations sont fréquentes et constituent des stéréotypes sur les personnes âgées, mais aussi sur les jeunes adultes. Elle les a majorées.
Parmi les actions concrètes envisageables : la modulation du caractère fixe de l’âge de la retraite, pour tenir compte de l’état physique, intellectuel et du désir des personnes ; ou l’évolution de la pratique des essais cliniques, dont les personnes âgées sont souvent exclues, créant ainsi un obstacle à l’accès aux nouveaux traitements.
L’Académie de nationale de médecine soutient les stratégies proposées par l’OMS pour combattre l’âgisme, qui sévit en France et dans tous les pays du monde :
1- La législation et les politiques peuvent s’attaquer à la discrimination et aux inégalités fondées sur l’âge ;
2- L’éducation, à tous les niveaux, peut corriger les idées fausses, fournir des informations précises et lutter contre les stéréotypes ;
3- Les réunions intergénérationnelles représentent une stratégie clé pour réduire l’âgisme ;
4- Financer et améliorer les données et la recherche pour mieux comprendre l’âgisme et les moyens de le combattre.
[1] Communiqué de la Plateforme de Communication Rapide de l’Académie validé par les membres du Conseil d’administration le 1er juin 2021.