Résumé
La désensibilisation ou immunothérapie spécifique (ITS) vise par l’administration de doses croissantes d’allergène à induire un état de tolérance vis-à-vis des allergènes impliqués dans les maladies allergiques respiratoires comme la rhinite, l’asthme ou l’association des deux affections. Elle n’a pas sa place dans l’asthme sévère, dans l’allergie alimentaire ou cutanée. Elle représente la technique de choix dans les manifestations anaphylactiques aux venins d’hyménoptères. L’introduction précoce de l’ITS chez les patients allergiques permet de modifier l’histoire naturelle de la maladie en limitant l’acquisition de nouvelles sensibilisations ou en réduisant chez les enfants atteints de rhinite allergique le risque de développement ultérieur d’un asthme. Les mécanismes d’action, les principales indications de l’ITS, ses risques mais aussi la place respective de l’ITS sous cutanée et sublinguale seront discutées. D’autres perspectives thérapeutiques apparaissent comme le développement d’allergènes recombinants, les techniques d’immunisation par DNA nu ou encore l’emploi d’adjuvants comme les séquences immunostimulatrices (ISS) mais ces méthodes novatrices ne sont pas encore entrées en pratique clinique.
Summary
Specific immunotherapy (SIT) can induce tolerance of airborne allergens in patients with rhinitis, conjunctivitis and asthma. SIT is also effective for venom anaphylaxis. In contrast, SIT is not recommended in severe asthma, food allergy or skin allergy. The mechanisms of SIT are unclear, but attention has recently focused on regulatory T cells and their capacity to induce tolerance via IL10 and TGF-alfa production. Recent studies show that SIT not only reduces symptom scores but also modifies the natural history of allergic diseases, preventing sensitization to new allergens and/or limiting the onset of asthma in children with rhinitis. Another recent advance is sublingual IT, which is allergic effective and suppresses the risk of systemic anaphylactic reactions. Alternatives to SIT are in the pipeline, such as recombinant allergens, nude DNA vaccines, and immunostimulatory sequence/allergen complexes.
HISTORIQUE
La désensibilisation a été introduite dans la pharmacopée au début du XXe siècle. En 1911, Noon a publié dans le Lancet ces premiers essais d’ « inoculation prophylactique » vis-à-vis du rhume des foins. Par analogie avec les vaccins, le principe était d’administrer l’allergène à doses minimes puis progressivement croissantes afin d’induire non pas une protection mais une tolérance à l’allergène. D’abord utilisée dans le traitement des allergies polliniques la désensibilisation s’est étendue aux extraits de poussières de maison. Elle s’est ensuite généralisée à une multitude d’extraits allergéniques peu ou non standardisés. La survenue d’accidents anaphylactiques sévères a jeté pendant quelques années un profond discrédit sur la technique et elle fut interdite dans certains pays anglo-saxons comme la Grande Bretagne, mais restait largement utilisée en Europe Continentale et aux Etats-Unis. La renaissance de l’immunothérapie spécifique [1] tient à deux faits : l’efficacité incontestée de la désensibilisation aux venins d’hyménoptères mais aussi le développement de méthodes moins dangereuses, en particulier de la voie sublinguale dont l’emploi s’est largement diffusé au cours des dix dernières années.
MÉCANISMES DE L’IMMUNOTHÉRAPIE SPÉCIFIQUE
Les mécanismes restent mal connus [2, 3, 4]. Plusieurs hypothèses ont été successivement proposées :
— l’inactivation des cellules effectrices de l’allergie (mastocytes, basophiles, éosinophiles) — la réduction de la production d’IgE mais elle n’est que partielle et n’expliquait pas les résultats observés — la production d’anticorps bloquants de différents isotypes (IgA, IgG et notamment IgG4 qui apparaissent représenter plus un témoin de la stimulation par l’allergène que des anticorps susceptibles de capturer et bloquer l’allergène) — la modification de la balance Th2-Th1 spécifique d’allergène au profit des cellules Th1 avec pour conséquence une réduction de la production des cytokines Il-4 et Il-5 et à l’inverse une sécrétion accrue d’Interferon γ — Plus récemment l’accent a été porté sur le rôle des cellules T régulatrices (Tr1, Th3 et CD4+- CD25+) qui représentent des intervenants essentiels dans le
contrôle de la réponse immune aux allergènes d’environnement chez le sujet sain mais qui conditionnent aussi le succès de l’ITS. La réponse cellulaire T régulatrice entraîne à la fois une abolition de la prolifération lymphocytaire T induite par l’allergène mais aussi la suppression de la sécrétion des cytokines Th2 et Th1.
Ces cellules T régulatrices agissent via deux médiateurs essentiels l’interleukine 10 (IL-10) et le transforming-growth factor β (TGF-β), responsables à la fois de la suppression de la production d’IgE et d’une synthèse accrue des isotypes non inflammatoires IgG4 et IgA. Ces mêmes cellules T-régulatrices sont capables directement ou indirectement de réduire l’activation du mastocyte ou de l’éosinophile, réduisant de ce fait la réponse inflammatoire locale (fig. 1).
Les cellules T régulatrices (T-rég) appartiennent à trois catégories (Tableau I) [5] — les cellules Tr1 définies par leur capacité à produire d’abondantes quantités d’IL-10 et de TGF β. Spécifiques d’antigène ou d’allergène, elles n’ont qu’une faible capacité de prolifération et suppriment les réponses Th1 ou Th2 via l’IL-10 et le TGF β. On sait désormais que les cellules Tr1 spécifiques sont générées in vivo chez l’homme au cours de la phase initiale de l’ITS [6].
— les cellules Th2 productrices de TGF β ont été décrites dans les modèles d’autoimmunité et interviennent dans les processus de tolérance induite par voie orale.
Leur action au cours de l’ITS est mal connue.
— les cellules CD4+ CD25+ T-rég sont définies par un phénotype particulier (qui facilite leur identification) et un profil fonctionnel singulier : elles sont capables d’inhiber l’activation des cellules T conventionnelles. Elles représentent 5 à 10 % des cellules CD4+ du sang circulant. Plusieurs études cliniques ont mis en exergue leur intervention au cours de l’ITS [7].
— On en rapproche les cellules dendritiques régulatrices (Dendritic reg cells).
En règle générale, les cellules dendritiques (DC) immatures sont incapables d’activer les cellules T, ce qui conduit au phénomène de tolérance. Mais dans l’immunité normale, les DC qui ont maturé après phagocytose de l’antigène induisent une réponse immune en engageant le dialogue avec le lymphocyte T présent dans les ganglions régionaux. Il semble que certains DCs puissent induire une tolérance périphérique : une sous-population de cellules DC régulatrices a été décrite, notamment au niveau du parenchyme pulmonaire, productrice d’IL-10 en quantité massive et capable de rendre l’animal sensibilisé non répondeur à une nouvelle sollicitation antigénique [8].
JUSTIFICATION DE L’IMMUNOTHERAPIE SPECIFIQUE
Seules les études randomisées, contrôlées versus placebo et conduites, si possible, en double aveugle permettent d’affirmer l’efficacité de l’ITS. Considérée comme validée dans la rhinite allergique, l’ITS fut jusqu’à un passé récent controversée dans
FIG. 1.
TABLEAU 1. — Cellules régulatrices capables d’intervenir au cours de l’ITS.
Cellule impliquée Médiateur Cellule T Tr1 IL-10, TGF β Th3 TGF β CD4+ CD25+ T rég IL-10, TGF β CTLA4, GITR CD4- CD8- T rég Induction d’apoptose C.dendritique DC- rég IL-10 NK NK-reg IL-10 Adapté de C.A AKDIS Allergy 2004 ; 59 : 897 l’asthme. Il est intéressant d’en évaluer les résultats cliniques et éventuellement paracliniques à COURT TERME (pendant la durée de l’ITS) et à MOYEN TERME (c’est-à-dire plusieurs années après l’arrêt du traitement).
En outre, dans la mesure où l’ITS interfère avec les mécanismes de la réaction allergique, il est important de connaître son ROLE PREVENTIF sur le cours évolutif de la maladie allergique.
Efficacité à court terme
M. Abramson a publié en 1999 une méta-analyse [9] portant sur 54 études effectuées dans l’asthme, répondant aux critères de qualité requis et intéressant un large panel d’allergènes : acariens, pollens, phanères mais aussi certaines moisissures comme cladosporium. Chez les patients sous traitement actif il note une amélioration des scores symptomatiques, une réduction des besoins en béta2-mimétiques, et de l’hyperréactivité bronchique (HRB) après challenge allergénique mais par contre l’absence d’amélioration de l’HRB à la méthacholine et du VEMS. Pour les scores de symptômes sur 426 patients étudiés, l’Odd-Ratio en faveur de l’ITS était de 3,2 (95 % CI 2.2 à 4.9), c’est-à-dire à un niveau clinique pertinent.
Efficacité à moyen terme
Mais cette efficacité n’est pas seulement observée à court terme : les études à plus long terme témoignent d’une efficacité persistante plusieurs années après l’arrêt de l’ITS. L’étude la plus convaincante publiée en 1999 par S. Durham [10] montre que trois ans après l’arrêt le bénéfice analysé en termes de scores de symptômes ou de besoins médicamenteux se maintient. D’autres travaux comparables apportent des résultats similaires à échéance de cinq ans y compris avec l’IT sublinguale [11].
Modification du profil évolutif de la maladie allergique et rôle préventif
Une autre facette des effets bénéfiques de l’ITS tient à la modification du profil évolutif de la maladie allergique . Deux études [12, 13] démontrent que chez des enfants initialement mono ou pauci-sensibilisés, l’ITS prévient la survenue ulté- rieure de « nouvelles sensibilisations » vis-à-vis des allergènes d’environnement, par comparaison avec les groupes d’enfants non traités. Plus intéressante encore est la prévention de l’asthme chez l’enfant atteint d’une rhinite saisonnière. Ce travail remarquable, même conjointement dans six centres d’Allergologie pédiatrique chez 205 enfants d’un âge moyen de dix ans et allergiques aux pollens [14] démontre qu’après trois ans d’ITS, seuls 19 enfants sur 79 développent un asthme contre 32/72 dans le groupe témoin non désensibilisé. En parallèle, l’ITS entraîne une réduction significative du test à la méthacholine (p < 0,05). Ces données posent la question d’un recours plus fréquent et aussi plus précoce de l’ITS mais l’âge d’initiation de l’ITS chez l’enfant reste difficile à définir.
LES INDICATIONS DE L’IMMUNOTHERAPIE SPECIFIQUE
Pour décider de la mise en œuvre d’une ITS, plusieurs critères sont nécessaires.
— L’identification d’une sensibilisation IgE-dépendante vis-à-vis de l’allergène :
tests cutanés positifs, éventuellement confortés par un dosage des IgE spécifiques mais surtout mise en évidence d’une RELATION CAUSALE entre l’histoire clinique du patient et les stigmates d’allergie. Une sensibilisation « cutanée » ou un RAST positif, pris isolément n’ont aucune valeur s’ils ne concordent pas avec l’interrogatoire.
— L’éviction de l’allergène irréalisable ou incomplète (pollens) — Le traitement ne doit pas entraîner une assuétude excessive ou une pénibilité supérieure à la maladie elle-même.
— Le patient (ou ses parents) doit adhérer au traitement : une bonne observance est indispensable au succès.
Concernant le choix des patients et le type d’allergènes utilisables [15], l’ITS est justifiée dans la rhinite, la rhino-conjonctivite et l’asthme allergiques. L’efficacité est meilleure chez l’enfant et l’adulte jeune : on ne doit en principe pas désensibiliser après 50 ans. La sévérité de la maladie entre en ligne de compte : il faut PROSCRIRE toute désensibilisation dans l’asthme sévère. La règle est de ne pas initier une désensibilisation si le VEMS est inférieur à 70 % des valeurs théoriques ; il est logique aussi d’effectuer une mesure du DEP avant toute injection désensibilisante.
Il est rappelé que les injections désensibilisantes sont un geste médical, réalisées par le praticien lui-même ou sous sa responsabilité directe. De même après l’injection le médecin doit impérativement conserver le patient dans la salle d’attente pendant
20-30 minutes et disposer du matériel nécessaire en cas d’accident et notamment d’adrénaline injectable.
La gamme des allergènes utilisables est limitée : acariens, pollens d’herbes et d’arbres, quelques moisissures comme alternaria et cladosposium et dans un contexte différent les venins d’hyménoptères. Les allergènes animaux (chat, chien) sont de manipulation délicate et réservée aux patients pour lesquels l’éviction est impossible pour des raisons psychologiques ou professionnelles. Quel que soit l’allergène ou les allergènes identifiés, il faut rappeler l’intérêt de réaliser une mono ou pauci-désensibilisation. Mélanger plus de trois allergènes de catégories différentes est une faute : résultats et incidents ne peuvent être correctement interprétés.
Il n’y a pas actuellement de désensibilisation vis-à-vis des allergènes alimentaires.
L’induction de tolérance vis-à-vis d’un médicament (antibiotiques, sulfamides, anticorps monoclonaux à visée thérapeutique comme les anti-TNF dans la maladie de Crohn) est une problématique différente relevant de quelques Centres d’Allergologie Spécialisés.
Les contre-indications sont classiques :
— asthme modéré à sévère ou en poussée d’exacerbation, — tare associée : albuminurie, maladies de système, contexte d’immunodépression, affections néoplasiques, — traitement par bétabloquants et inhibiteurs de l’enzyme de conversion, — la durée moyenne de l’ITS est de trois à cinq ans. Mais il faut savoir l’arrêter plus précocement en cas d’inefficacité : 1 année pour les allergènes perannuels comme les acariens, deux saisons successives en cas de pollinose. L’âge minimal requis est discuté : certains initient chez le jeune enfant une désensibilisation à deux ou trois ans. En cas de grossesse la désensibilisation est poursuivie si elle a atteint la phase d’entretien. Elle n’est jamais débutée chez la femme enceinte.
LES MODALITES RECENTES DE L’ITS : LA VOIE SUBLINGUALE
L’ITS par voie sous-cutanée est d’efficacité certaine mais les risques encourus ont conduit à rechercher d’autres techniques et notamment la voie locale [16]. L’ITS par instillation nasale a été proposée par les auteurs italiens avec succès mais elle est de réalisation technique délicate. En fait seule la voie sublinguale est largement diffusée : elle consiste à déposer dans le sillon gingivo-lingual, des quantités rapidement croissantes d’allergène. Le contact entre la muqueuse buccale et l’extrait doit durer au minimum deux minutes. Les doses requises sont de 50 à 300 fois supérieures à celles administrées par voie sous-cutanée ; la progression des doses est rapide et l’optimum atteint en 15-20 jours. Quand la dose optimale est atteinte, l’entretien de l’ITSL s’effectue par la prise tri-hebdomadaire de l’extrait, pendant une période d’au moins trois ans.
TABLEAU 2. — Avantages et inconvénients respectifs des voies sous-cutanée et sublinguale IT sous-cutanée IT sublinguale Nature de l’extrait Standardisé Standardisé Dose Optimale haute*
Recours à des doses 50 à 300 supérieures Efficacité +++ ++ Sécurité Bonne — Risque Excellente d’accidents anaphylactiques Observance Bonne/contrôlable Difficile à évaluer Coût Modeste A évaluer * 10 à 20 µg d’allergène majeur par traitement Les mérites respectifs de l’ITS sous-cutanée et sublinguale ont été largement discutés [17-19] et figurent dans le tableau II. On peut retenir que, sous réserve d’une indication bien posée, l’ITSL est efficace, probablement à un degré un peu inférieur à la voie sous-cutanée mais malgré les fortes doses requises, sa tolérance est excellente. Elle est bien acceptée par les jeunes enfants et a de ce fait la préférence des pédiatres. Deux questions subsistent : le contrôle de la bonne observance qui échappe au médecin et le rapport bénéfice-coût qui, par rapport à l’IT par voie sous-cutanée (ITSC), est l’objet d’évaluations parfois contradictoires.
Plusieurs métaanalyses récentes confirment l’efficacité et l’excellente tolérance de l’ITSL. La première [20] dans la rhinite allergique a pris en compte vingt deux essais regroupant 979 patients dont cinq étudiaient sélectivement des enfants. La durée de l’ITS était inférieure à six mois dans huit études, entre six et douze mois dans dix, supérieure à douze mois dans seulement quatre études. Ceci démontre bien les difficultés à poursuivre sur le long terme une étude contre placebo alors que la recommandation générale est de ne pas interrompre l’ITS avant trois ans. En dépit de cette durée d’observation trop courte, les auteurs observent une réduction significative des symptômes (p=0,002) et des besoins médicamenteux (p=0,00003) chez les patients traités. Les résultats sont meilleurs vis-à-vis des allergènes saisonniers (pollens) que perannuels, meilleurs aussi dans les études prolongées (> 12 mois). Il n’existe aucun effet secondaire systémique. On observe une réponse anticorps de type IgG4 spécifique qui atteste de la réalité de la sollicitation antigénique.
La conclusion des auteurs est que l’ITS constitue une alternative à la fois « acceptable et efficace ». Une autre métaanalyse [21] s’attache à l’étude des effets secondaires au cours de l’ITSL et analyse les données en fonction de la dose d’allergène administrée (faibles doses entre 1 et 50 fois la dose totale employée par voie sous cutanée (ITSC) et hautes doses 50 à 500 fois la dose sous cutanée). Les réactions systémiques sont rares : aucune réaction systémique sévère n’est rapportée sur 747 patients recevant le produit actif. Paradoxalement, les manifestations locales (prurit
labio-buccal, troubles digestifs en début de traitement) étaient plus fréquentes dans le groupe « faibles doses ». Ces données rassurantes ont été confirmées par de nombreuses études y compris chez le jeune enfant [22]. Une étude prospective [23] a aussi comparé la fréquence des réactions systémiques en fonction de la modalité d’administration des allergènes : elles étaient observées chez 3,7 % des patients soumis à une ITSC [23] alors qu’elle n’est que de 0,18 % et sans aucun caractère de gravité par voie sublinguale [21].
APPROCHES ALTERNATIVES A L’IMMUNOTHERAPIE SPECIFIQUE CONVENTIONNELLE
A côté de l’ITS traditionnelle de nouvelles stratégies ont été imaginées qui visent toutes à développer un processus de tolérance vis-à-vis des allergènes. La plupart sont encore du domaine du futur mais témoignent de l’intérêt apporté par le monde des chercheurs à la correction du désordre allergique.
Désensibilisation et induction de tolérance à l’aide d’allergènes modifiés
Plusieurs travaux ont cherché à identifier au sein des structures allergéniques des peptides porteurs d’épitopes T capables d’initier une hyporéactivité des cellules T spécifiques et de surcroît dépourvus de toute activité histaminolibératrice. Leur utilisation en clinique a néanmoins entraîné un certain nombre d’effets secondaires : apparition d’IgE anti-peptides avec l’Allervax Cat. [24] ; survenue d’une réaction asthmatique tardive chez neuf des quarante patients traités dans l’étude réalisée par Haselden [25]. Une autre voie proposée est la mutagénèse dirigée : les épitopes B, c’est-à-dire susceptibles de déclencher la réaction anaphylactique, sont principalement conformationnels en relation avec la structure tertiaire : une mutation ponctuelle au niveau d’un pont disulfure sur Derp 2 préserve le potentiel immunogène mais réduit par un facteur 100, l’allergénicité.
Vaccination par ADN génomique
L’immunisation par ADN représente un rêve encore inabouti. Le principe est d’isoler la séquence d’un gène codant pour une molécule immunogène (ou un allergène) et l’insérer dans un vecteur (par exemple un plasmide bactérien). L’immunisation par voie intramusculaire, sous-cutanée ou par inhalation permet chez l’animal , l’expression de la protéine (allergène ou peptide d’allergène) au site d’inoculation, sa présentation aux lymphocytes CD8+ (via les molécules de classe I du complexe majeur d’histocompatibilité) et l’induction d’un état de tolérance vis-à-vis de l’allergène. En 1996, Raz [26] a décrit le premier l’induction préférentielle d’une réponse Th1 et la suppression de la réponse IgE spécifique après immunisation par ADN nu. Hsu [27] démontrait la même année que parallèlement à l’inhibition de la synthèse d’IgE, existe une réduction de l’HRBNS. Ces travaux pionniers ont été confirmés pour toute une série d’allergènes : venin d’abeille, acariens, bouleau… Très
récemment, Ludwig-Portugall [28] a montré les capacités prophylactiques de cette technique : dirigée vis-à-vis d’un allergène particulier, la vaccination par ADN nu est capable de protéger vis-à-vis d’une sensibilisation ultérieure par le même allergène, et ceci même en présence d’un adjuvant fort comme l’hydroxyde d’alumine.
Ce modèle est désormais validé chez l’animal mais son application aux malades allergiques habituelles apparaît illusoire et disproportionnée par rapport au bénéfice attendu. Ces essais ont cependant eu le mérite de souligner l’intérêt des séquences immunostimulantes (ISS-ODN) présentes dans les vecteurs bactériens et capables d’orienter vers une réponse Th1 privilégiée.
Désensibilisation et utilisation de séquences immunostimulantes
Les séquences immunostimulatrices (ISS-ODN), aussi dénommées « CpG motifs ’’ sont présentes en quantité abondante dans le génome de divers microorganismes bactériens : elles participent à la réponse immune innée par plusieurs mécanismes :
l’expression de molécules co-stimulatrices sur les cellules dendritiques, la production d’IL-12 et d’IL-10, l’inhibition de la production d’IgE par les lymphocytes B humains. Les ISS-ODN exercent aussi un effet adjuvant sur la réponse immune adaptative . Ceci a conduit à la mise au point de CONJUGUES ALLERGENE-ISS-
ODN. Les premières applications chez l’homme commencent à apparaître : l’emploi des conjugués-ISS- allergène renforce l’immunogénicité de la préparation antigénique mais aussi en limite l’allergénicité [29] ; ils sont capables in vitro de promouvoir l’expression de cytokines Th1 à partir de cellules mononucléées de patients allergiques à l’ambroisie [30]. Le premier essai chez l’homme a été publié en 2004 [31].
L’administration par voie sous cutanée du complexe allergène majeur d’ambroisie (Amb a1) — ISS a permis après six injections successives sur seize semaines de modifier le profil des cytokines et chimiokines (inhibition de l’IL-5, IL-13 et TARC au profit d’une réponse Th1 (IFNγ, IP10). Ces complexes étaient actifs à des doses très faibles et apparaissaient dépourvus d’effets secondaires. Mais l’efficacité en clinique humaine reste à préciser. D’autres modèles apparentés sont utilisables mettant en jeu par exemple une souche de BCG recombinant productrice d’interleukine 18 (IL-18). Le BCG limite l’inflammation Th2 par la production d’interferon γ ; l’IL-18 associée au BCG agit en synergie et réduit significativement la réaction allergique dans l’asthme expérimental [32].
Déactivation mastocytaire via les récepteurs IgG de faible affinité »
L’idée d’anticorps bloquants de classe IgG ou IgA est aussi ancienne que l’ITS elle-même. On sait la présence à la surface du mastocyte humain du récepteur de haute affinité pour l’IgE (FcεRI) mais aussi d’autres récepteurs pour l’IgG et notamment des FcγRIIb à activité inhibitrice [33]. Zhu [34] a imaginé de façonner une molécule chimérique dans laquelle le Fc de l’IgG1 humaine est fusionné à l’allergène majeur du chat (Feld1). Cette molécule se lie par son fragment Fc au
récepteur FcγRII et par Feld 1 au récepteur FcεRI, empêchant de ce fait l’activation du mastocyte. Grâce à cette molécule bifonctionnelle, il été possible d’inhiber la réponse allergique spécifique de Feld 1 dans un modèle murin d’allergie au chat.
Désensibilisation spécifique en association avec les anticorps monoclonaux antiIgE
Un travail récent de Kuehr [35] a étudié, chez un groupe de 221 patients présentant une rhinite allergique avec une double sensibilisation aux pollens de bouleau et de graminées les effets de l’adjonction d’un traitement anti-IgE : les anti-IgE confèrent un effet protecteur indépendant du type d’allergène ce qui est logique mais en cas d’utilisation de l’ITS adaptée + anti-IgE, on observe pendant la saison pollinique correspondante une efficacité optimale . Cette étude concerne un groupe de patients jeunes âgés de 6 à 17 ans ; elle demeure pour l’instant isolée et mérite confirmation. Son coût potentiel semble inadapté au bénéfice obtenu.
CONCLUSION
L’ITS par voie sous-cutanée ou sublinguale a fait la preuve de son efficacité. Mais qu’il s’agisse d’allergie aux venins, de rhinite ou asthme, le succès de l’ITS dépend toujours d’indications bien codifiées. La voie sublinguale, longtemps déniée recueille l’assentiment des experts en raison d’une efficacité correcte et d’une inocuité quasi parfaite. La vraie question d’actualité est celle du moment d’induire l’ITS lors de l’histoire naturelle de la maladie allergique. Initiée précocement à la phase de rhinite simple, elle permet d’éviter d’autres sensibilisations et l’évolution vers la maladie asthmatique. Certains [36, 37] soulèvent aujourd’hui le problème d’un recours plus large et précoce de la désensibilisation dès le jeune âge. Même si de solides arguments plaident en faveur de cette position, il n’est pas possible d’y apporter à ce jour une réponse clinique claire.
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DISCUSSION
M. Roger NORDMANN
Vous avez démontré l’intérêt de l’immunothérapie spécifique sublinguale chez certains enfants atteints de rhinite. Cette technique est-elle indiquée quels que soient l’ancienneté de la rhinite et l’âge de l’enfant ? Existe-t-il un test permettant de préciser l’indication du traitement avant de l’entreprendre ?
L’immunothérapie sublinguale est utile chez l’enfant atteint de rhinite allergique, d’autant qu’elle permet de prévenir chez certains de ces enfants, la survenue ultérieure d’un asthme. Il est difficile de fixer une limite d’âge mais dans la pratique quotidienne il apparaît difficile d’initier ce traitement avant 4-5 ans. Il n’y a pas de test permettant de préciser l’indication du traitement.
M. Claude MOLINA
Les médecins sont-ils responsables de l’accroissement de fréquence des maladies allergiques ? C’est le titre provocateur d’un éditorial récent d’un médecin belge qui voit trois raisons à ce phénomène : l’utilisation de plus en plus fréquente de paracétamol à la place de l’aspirine pour des inflammations banales des voies respiratoires ; l’utilisation larga manu des céphalosporines pour des infections bactériennes ou virales de l’enfant ; la préconisation de mesures d’éviction des allergènes de l’environnement alors que ceux-ci peuvent, dans certains cas, induire une tolérance (exemple le chat).
L’accroissement de fréquence des maladies allergiques est indubitable : la courbe s’élève encore dans la rhinite allergique ; elle tend peu à peu vers un plateau dans l’asthme. Le recours abusif aux antibiotiques en rend compte pour une large part ; par contre l’usage du paracétamol n’apparaît pas inapproprié. En ce qui concerne l’éviction des allergènes la réponse est plus délicate à apporter : si on en croit l’hypothèse hygiéniste, il n’est pas souhaitable de procéder à une éviction tous azimuts au cours de la petite enfance, mais si les manifestations cliniques d’asthme ou de rhinite surviennent il faut procéder alors à une éviction vis-à-vis des allergènes en cause. L’exemple du chat est caractéristique à cet égard. Accueillir un animal domestique à la maison est une mesure susceptible de faciliter l’induction d’une tolérance, mais si l’allergie est déclarée, il faut résolument écarter l’animal.
M. Gérard MILHAUD
Peut-on, doit-on pratiquer une vaccination antigrippale chez un asthmatique ?
Il faut sans arrière pensée pratiquer la vaccination antigrippale chez l’asthmatique.
M. Pierre DELAVEAU
Une des plantes les plus redoutables est l’ambroisie (Ambrosia artemisiifolia), une plante sauvage qui se répand en France de façon inquiètante du fait qu’elle envahit terrains vagues et champs mal entretenus. Quelles précisions concernant le pouvoir allergisant de son pollen qui favorise l’apparition de crises d’asthme ? Les avis de l’association AFEDA (Docteur Dechamp à 69800 Saint Priest : 04.78.90.63.09), sont-ils entendus ?
Les pollens d’ambroisie représentent un allergène redoutable, largement présent dans toute la Vallée du Rhône. Son pouvoir allergisant est important, ses méfaits bien identifiés aux Etats-Unis où l’ambroisie est connue sous l’appellation « Ragweed ». Je ne suis pas sûr que les mesures préconisées par le Docteur Dechamp pour l’éradication de ce végétal soient réellement entendues. Mais cette situation est retrouvée dans bien des domaines y compris dans celui de l’allergie alimentaire.
* Service de Pneumologie et d’Immuno allergologie, Hôpital Calmette, CHRU de Lille, Lille 59037 Cedex. Tirés à part : Professeur André-Bernard TONNEL, même adresse. Article reçu et accepté le 10 octobre 2005.
Bull. Acad. Natle Méd., 2005, 189, no 7, 1475-1489, séance du 18 octobre 2005