Communiqué
Séance du 17 mars 2009

Dépistage précoce du cancer colorectal : rappel des recommandations de l’Académie nationale de médecine en 2004 et 2007

MOTS-CLÉS : biomarqueurs. dépistage de masse. tests immunologiques. tumeurs colorectales

Claude DREUX * et Daniel COUTURIER *

Depuis plus de cinq ans, les Académies nationales de médecine et de pharmacie ne cessent de préconiser la mise en place d’un dépistage organisé du cancer colorectal (CCR) par une méthode plus sensible et spécifique que l’Hemoccult®. Les travaux réalisés en France par Guy Launoy [1] incitent à développer une méthode immunologique plus performante.

Dans le dernier rapport adopté par les deux Académies en 2007 [2], après avoir rappelé le bilan des dépistages réalisé par l’Institut de veille sanitaire dans les vingt-trois départements où il a d’abord été mis en œuvre, nous recommandions :

— « Dans les nouveaux départements proposés pour le dépistage organisé à partir de 2007…la méthode immunologique automatisée devrait être introduite par les autorités de santé… ».

Cette recommandation était basée sur l’analyse des résultats publiés par l’Institut de veille sanitaire en mars 2007 faisant état :

— d’une faible adhésion des médecins et du public pour le protocole de dépistage proposé (33 % de participation moyenne au lieu de 50 % minimum attendus) ;

— d’un taux important de « faux positifs » (42 à 65 %) entraînant des coloscopies injustifiées ;

— de la valeur prédictive positive relativement faible obtenue avec le test Hemoccult®.

 

Par contre, le test immunologique automatisé expertisé (Magestream) présentait une sensibilité nettement supérieure à celle de l’Hemoccult® et un taux de faux négatifs inférieur.

De plus, le test immunologique automatisé apportant un résultat quantifié, permettait de choisir le seuil de sensibilité compatible avec une spécificité déterminée.

On doit souligner que les biologistes effectuant des recherches de sang fécal doivent, d’après la nomenclature des actes de biologie médicale, effectuer un test immunologique et non un test au Gaïac.

En décembre 2008, la Haute Autorité de Santé a publié un rapport intitulé «

Place des tests immunologiques de recherche de sang occulte dans les selles (iFOBT) dans le programme du dépistage organisé du cancer colorectal en France » [3]

Les conclusions de cette étude sont claires en ce qui concerne la meilleure sensibilité des tests immunologiques, même s’ils entraînent un nombre de coloscopies plus élevé et la nécessité d’une nouvelle organisation des dépistages. Le rapport coût/efficacité est plus élevé avec les tests immunologiques automatisés en raison du prix actuellement appliqué. Cet inconvénient devrait progressivement s’atténuer du fait des prix consentis par le fournisseur.

La Haute Autorité de Santé conclut son rapport par l’affirmation suivante :

« Pour autant, il apparaît que les données disponibles concernant le test Magstream® et le test Oc-sensor® sont suffisantes pour recommander dès à présent la mise en place du processus de substitution gFOBT/ iFOBT à lecture automatisée au sein du programme organisé de dépistage du CCR en France.

Les conditions optimales d’utilisation du test (choix du test, choix du seuil, choix du nombre de prélèvements) seront affinées au cours de ce processus d’une part, et à la lumière des résultats des études en cours d’autre part ».

Nous espérons que ces recommandations sans équivoque seront rapidement mises en œuvre par les autorités chargées du dépistage organisé du cancer colorectal (Ministère chargé de la Santé, Institut national du cancer, Caisse nationale d’assurance maladie) comme nous l’avons recommandé à deux reprises depuis janvier 2004.

Le Président de la République a fait de la lutte contre le cancer l’une de ses priorités. Le dépistage précoce et efficace des tumeurs les plus fréquentes doit constituer une ardente obligation pour tous les professionnels de santé.

Il est urgent de revoir le protocole de dépistage du cancer colorectal pour obtenir une plus grande adhésion des médecins et de la population et ainsi prévenir les formes graves du CCR dont l’incidence reste élevée.

 

BIBLIOGRAPHIE [1] DREUX C. — Le dépistage biologique du Cancer colorectal (

Bull. Acad. Natle Méd ., 2004, 188 , 309-316) [2] DREUX C., COUTURIER D. — Dépistage organisé du cancer colorectal. Situation actuelle et évolution souhaitable ( Bull. Acad. Natle Méd ., 2007, 191 , 155-166) [3] Le rapport peut être consulté sur le site www.has-sante.fr *

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Le texte de ce communiqué a été voté par le Conseil d’administration de l’Académie nationale de médecine le 16 mars 2009.

 

* Membre de l’Académie nationale de médecine

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2009, 193, no 3, 789-791, séance du 17 mars 2009