Résumé
Il est d’observation très ancienne que des personnes atteintes de cécité utilisent l’audition pour se situer dans l’espace avec une précision qui leur confère une grande autonomie au quotidien même dans des lieux inconnus. Cette capacité principalement basée sur l’écholocalisation n’est pas universelle, mais elle n’est pas non plus réservée qu’aux aveugles de naissance. Réciproquement, les personnes sourdes notamment signeuses font preuve de performances visuelles périphériques dynamiques, supérieures à la norme. Les mesures en laboratoire permettent de quantifier les performances par rapport à celles d’individus sans handicap sensoriel, de confirmer leur supériorité, mais celle-ci n’est pas spectaculaire. Dans la problématique de la plasticité sensorielle, ces observations soulèvent plusieurs questions d’actualité détaillées dans la présente revue : les ressources requises sont-elles développées à partir de l’existant, c’est-à-dire présentes chez la personne non handicapée, mais peu exploitées ? Faut-il allouer des ressources computationnelles supplémentaires existantes, mais gourmandes en charge attentionnelle ? Et surtout, les situations non écologiques créées en laboratoire sont-elles adéquates pour évaluer la performance dans la vraie vie ?
Summary
It has been reported for centuries that some blind people use their hearing to guide themselves spatially with enough precision to enjoy great autonomy in daily life, even in unknown places. This ability that mainly rests on echolocation is not universal, but neither is it restricted to congenitally blind subjects. In a somewhat symmetric paradigm, deaf people, especially users of sign language, show supranormal dynamic peripheral visual performance. Laboratory measurements make it possible to quantify their performances compared to those of individuals without sensory handicap, to confirm their superiority but the findings are not spectacular. In the issue of sensory plasticity, these observations raise several currently open issues detailed in this review: are the required resources developed from already existing abilities, that is, present but little used in non-disabled persons? Should existing additional computational resources be allocated at the expense of increased cognitive load? And above all, are the non-ecological situations created in the laboratory adequate for evaluating performance in real life?
Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2023.01.031
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(b) Centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine, institut de l’audition, Institut Pasteur, 63, rue de Charenton, 75012 Paris, France
Bull Acad Natl Med 2023;207:1093-9. Doi : 10.1016/j.banm.2023.01.031