Communication scientifique
Session of 4 juin 2002

Conséquences des violences familiales sur la santé de l’enfant

MOTS-CLÉS : troubles psychophysiologiques.. violence familiale
Consequences of family violence upon children’s health
KEY-WORDS : domestic violence. psychophysiologic disorders.

D.J. Duché

Résumé

Les violences conjugales sont fréquentes. Elles ont d’importantes répercussions sur la santé de l’enfant quel qu’en soit l’âge : énurésie, encoprésie, nanisme psychosocial, états dépressifs, tentatives de suicide de l’adolescent.

Summary

Family violence is frequent. It has significant repercussions upon the child’s health whatever his age : functional troubles, psychosocial dwarfism, behavior troubles, depressive conditin, teenagers’suicide attempts.

Aujourd’hui les violences conjugales sont fréquentes. Les enfants en sont témoins dans 70 à 80 % des cas. Les couples se font et se défont à un rythme de plus en plus rapide et l’enfant vit ces vicissitudes. Or, du climat familial dépend en grande partie le devenir de chaque individu. Combien de familles perturbées dont les enfants sont rejetés, violentés. Pour se développer de façon harmonieuse, l’enfant a besoin de stabilité, de sécurité. C’est toujours lui qui subit les conséquences des dissensions, des violences intrafamiliales.

Chez l’enfant en bas âge

La violence familiale a d’importantes répercussions sur la santé. Il s’ensuit des négligences conscientes ou non des besoins essentiels de l’enfant, négligences graves
entrant dans le cadre des mauvais traitements. Les besoins tant physiologiques qu’affectifs ne sont pas assouvis chez l’enfant. Il arrive qu’il soit nourri irrégulièrement, que les soins lui soient donnés de façon désordonnée. Il peut être laissé de longs moments isolé dans l’obscurité ou promené d’un endroit à l’autre sans que soit respecté son rythme de vie. Certains reçoivent des tranquillisants, voire de l’alcool.

Chez l’enfant plus âgé

La violence, dont il est témoin, a les mêmes effets sur lui que s’il en était la victime.

Ainsi peuvent apparaître des troubles fonctionnels : énurésie et encoprésie. Ce sont à la fois des manifestations du traumatisme psychologique et d’une carence affective ou éducative. Le rôle des parents dans la genèse de l’énurésie est fondamental qu’il s’agisse d’une mésentente, d’une attitude trop coercitive ou trop permissive, ce qui entrave l’organisation du contrôle mictionnel. On en peut dire autant de l’encopré- sie. Ces troubles induisent à leur tour chez les parents des sentiments d’indignation, de sadisme, de violence. Ils peuvent être prétexte à maltraiter, punir ou battre.

Les poussées d’eczéma à expression psychosomatique rythment l’histoire de maints enfants témoins de violence. L’apparition de ces troubles modifie la relation mèreenfant. L’enfant n’est ni insomniaque ni anorexique parce qu’il est carencé, mais parce qu’il vit dans un climat de tension, de peur et développe un sentiment de culpabilité. Il faut signaler une hypersensibilité aux infections.

Le nanisme psychosocial se traduit par un arrêt de la croissance, des troubles des différentes conduites alimentaires, des difficultés de relation avec les membres de la famille. Fait remarquable, quand de tels enfants sont placés hors de leur famille, dans un milieu stimulant et chaleureux, on peut observer une reprise de la croissance staturale, celle-ci s’arrêtant à nouveau en cas de retour dans la famille.

Les retards du développement psychomoteur en cas de situation conflictuelle durable peuvent être indélébiles. C’est dans ce cadre que l’on peut faire entrer les pseudo-débilités mentales, susceptibles d’amélioration si l’enfant est placé dans de bonnes conditions.

Cela soulève le problème des enfants placés en nourrice du fait du climat familial délétère et tout spécialement le placement prolongé au cours duquel la mère ne voit l’enfant qu’à intervalles plus ou moins éloignés : la durée de ces intervalles est essentielle. Passé un certain temps, l’enfant réagit à la figure de sa mère comme à celle d’une étrangère. Il s’ensuit des placements successifs hautement péjoratifs. La mère qui ne peut supporter ces réactions, qu’elle ressent comme agressives, retire l’enfant à cette nourrice qu’elle considère à tort comme mauvaise et le place chez une autre.

L’enfant réagit le plus souvent mal à cette nouvelle séparation. Il est cette fois-ci rejeté par cette nouvelle nourrice qui ne supporte pas cette agressivité. On entre ainsi dans un cycle infernal aboutissant à des troubles extrêmement sérieux. Le retour chez leurs parents plus ou moins perturbateurs de ces enfants qui ont été placés ne se
fait pas sans difficulté. Ils vivent un nouvel arrachement. Bon nombre de ceux-ci, en raison de leur personnalité, vont exprimer leur désarroi affectif de façon pathologique, signifiant leur propre état de déséquilibre dû au déséquilibre familial, suite de la séparation.

L’enfant réagit aux exigences de l’environnement familial en fonction de ses caractéristiques innées et du vécu de ses premières années. Le poids de ces exigences est plus ou moins lourd à supporter. L’autorité des parents est nécessaire et structurante. Pour édifier de façon harmonieuse sa personnalité, l’enfant a besoin de guides et de règles. Certes, des frustrations sont nécessaires, encore faut-il qu’elles ne soient pas excessives et interviennent lorsqu’il a atteint un degré de maturité tel qu’il peut les accepter sans trop de heurts ni de dommages. Aussi est-il important que l’autorité s’exerce de façon harmonieuse et équilibrée, ce qui ne peut être attendu de parents eux-mêmes incohérents et violents.

De tels parents peuvent inconsciemment certes, et de façon subtile, se venger sur l’enfant des déboires qu’ils ont vécus ou qu’ils vivent encore. Il y a un plaisir doucereux et quelque peu pervers à plier à volonté plus faible que soi, à le faire obéir à ses caprices. Cela peut satisfaire un sadisme ouaté et qui s’ignore. Certains jouissent avec une délectation certaine de l’angoisse qu’ils peuvent induire chez leur enfant. Ils le font d’autant plus aisément qu’ils pensent agir ainsi pour le bien de celui-ci et dans une perspective de discipline.

L’enfant a besoin d’être aimé, accepté tel qu’il est mais également d’aimer afin de pouvoir s’identifier à un modèle, à un tuteur, à un guide. C’est dire l’importance du style des parents, de l’image qu’ils donnent d’eux mêmes. Des images floues, mal dessinées, inconsistantes, indifférenciées, violentes, entraveront tout processus d’identification. La cohérence est indispensable faute de laquelle l’enfant est désemparé et se sent perdu. Il est particulièrement sensible au climat familial, à l’entente conjugale. La famille étant le creuset au sein duquel se forme l’enfant, il est logique qu’elle soit tenue pour responsable de tout ce qu’il peut lui advenir en bien comme en mal.

Se sentant d’autant plus libéré de la tutelle familiale que celle-ci est délétère, l’enfant va multiplier contacts et expériences nouvelles. Tout en restant attaché malgré tout aux images parentales, il en investit d’autres, ce qui lui permet d’établir des comparaisons et d’élargir son champ d’activités. Il est moins dépendant de sa famille qu’autrefois. Riche d’informations recueillies grâce à l’extension de l’audiovisuel, il fait moins crédit aux expériences de ses parents rapidement dépassés et qui perdent crédibilité et autorité, ne transmettent plus que des instances dérisoires. Il peut se réfugier dans un dialogue avec l’ordinateur sans avoir besoin de sa famille. Le plus large accès aux études secondaires qui fait qu’il en sait plus que son père sur bien des points n’est qu’un des aspects de cette dévalorisation. Tous ces facteurs lui donnent, à défaut de plus de maturité, une plus grande liberté d’allure et de nouvelles exigences. Il en résulte une avance de la crise d’adolescence. Les parents dépassés sont désemparés et le peu d’autorité qui leur reste va s’amenuisant.

A l’adolescence

De façon plus ou moins brutale et spectaculaire, l’enfant tente de se détacher de sa famille et s’oppose systématiquement. Le milieu familial est vécu comme hostile et l’adolescent réagit véhémentement à l’ambiance familiale : troubles du comportement, menaces, grossièretés verbales, opposition systématique, absentéisme scolaire, fugues, chantage au suicide en sont les manifestations habituelles.

Il existe chez maints adolescents un fond dépressif qui peut être induit par une dissension parentale et il n’en est guère qui n’ait joué, ne serait-ce que quelques instants, avec l’idée de son propre suicide à l’occasion d’un évènement apparemment insignifiant mais ravivant une expérience traumatisante de la petite enfance, telle une séparation d’avec le milieu familial, imaginant alors avec une délectation morose le chagrin de ses parents.

L’adolescent déprimé traîne sans projet et sans but. Il ne peut entreprendre aucune tâche ou l’abandonne aussitôt. Il désinvestit toute activité, ce qui lui plaisait autrefois maintenant le dégoûte. Il s’ensuit une baisse du rendement scolaire, un abandon des plaisirs et des jeux, un reploiement dans une rêverie solitaire aux thèmes désenchantés.

L’inhibition, la perte de toute initiative, le ralentissement psychomoteur donnent à ces adolescents une allure amorphe et veule qui exaspère l’entourage. En filigrane s’inscrivent des idées d’autodestruction plus ou moins clairement exprimées, une demande d’aide et pourtant, lorsque celle-ci est proposée, elle est souvent soit repoussée, soit accueillie avec scepticisme et condescendance.

Les tentatives de suicide sont fréquentes, très souvent impulsives. Il s’agit plus de la fuite d’une situation insupportable que d’une véritable volonté d’autodestruction et l’idée de mort est absente. Si dans la grande majorité des cas elles n’aboutissent pas, elles doivent être prises très au sérieux car elles ont valeur d’appel et cela doit être entendu.

Certains troubles du comportement et particulièrement les fugues ont souvent pour cause un état dépressif. Il s’agit, comme dans le geste suicidaire, d’une fuite en avant sans autre but que l’évitement d’une situation ressentie comme intolérable. Il en est de même de certaines conduites délinquantes associées aux fugues ou conséquences de celles-ci ou de gestes de violences, de déprédations souvent commises en groupes.

Il apparaît que ces conduites interviennent lorsque l’adolescent ayant abandonné une image parentale idéalisée se trouve confronté à un manque, à un vide, source d’un sentiment dépressif majeur.

Le recours aux drogues ou à l’alcool par des adolescents dépressifs est fréquent.

L’euphorie qu’ils procurent, la facilité de communication avec autrui qu’ils permettent peuvent conduire à une véritable toxicomanie.

L’adolescent violent n’est bien souvent que la victime de la violence au sein de laquelle il a toujours vécu, violence non pas forcément physique mais affectivement subie dans un climat morbide, fait d’injures, d’humiliations répétées.

Quelques situations particulières

La rupture des couples mariés ou concubins où sévissent les violences est fréquente :

c’est un constat d’échec dont le ou les enfants sont les témoins, puissent-ils n’en être pas les victimes. C’est la solution la moins mauvaise lorsque l’entente est devenue impossible et suivant la formule consacrée « mieux vaut un bon divorce qu’un mauvais mariage ». Ainsi n’est-ce pas la séparation en elle-même qui pose problème mais tout ce qui l’a précédée, l’accompagne ou la suit car l’enfant ne peut véritablement s’épanouir qu’au sein d’un couple harmonieux. Une séparation n’est jamais neutre.

L’enfant devenant le bouc émissaire de la situation cristallise sur sa personne toute l’agressivité des parents. La garde de l’enfant est confiée à l’un des deux conjoints, le plus souvent la mère dans le cas de violences conjugales, la garde alternée étant rarement possible du fait du lieu de résidence. Le droit de visite est souvent contesté ou entravé par des actions multiples pouvant aller jusqu’aux constats d’huissier et au procès pour non présentation d’enfant, sans compter la menace de départ à l’étranger, qui rendent difficiles et aléatoires le retour de l’enfant lorsque celui-ci a été ainsi « enlevé ». De telles situations sont déchirantes, exacerbées par les parents qui mettent tout en œuvre pour capter l’enfant et le détacher de l’autre.

Les troubles vécus par les enfants du divorce ne sont nullement spécifiques. Chaque enfant traduit sa souffrance à sa manière : état dépressif plus ou moins masqué, entraînant une baisse du rendement scolaire, un désinvestissement des activités qui autrefois l’intéressaient, des manifestations agressives de toutes sortes : délinquance, toxicomanie, angoisses et autres manifestations névrotiques : troubles psychosomatiques. Cette liste n’est pas exhaustive.

La révision du droit de garde peut se faire soit à la demande de l’adolescent, soit dans un climat procédurier et haineux dont il est la victime. C’est à son propos que s’allument les litiges, chacun s’arrachant l’enfant ainsi déchiré, des certificats de complaisance largement distribués disant que l’état de santé de celui-ci ne permettant pas qu’il quitte le foyer. Il faut néanmoins savoir reconnaître l’authentique trouble psychosomatique que peut déclencher les visites.

Si donc, dans de nombreux cas, le divorce est un moindre mal et peut être prononcé dans l’intérêt de l’enfant ainsi soustrait au climat de violences entre les parents, la rupture de ce lien qui le concerne tout particulièrement n’est jamais neutre ; elle est à l’origine de conflits de tous ordres.

De nombreuses études ont été consacrées aux enfants de familles perturbées. La violence s’observe tant dans les milieux apparemment normaux que dans ceux au statut socio-économique de bas niveau, encore que l’accent soit mis sur le chômage,
les emplois peu ou pas qualifiés, les accidents de travail à répétition entraînant privations, honte et culpabilité, dévalorisation de l’image paternelle. Les parents fragiles, psychiquement perturbés se défendent mal contre les diverses vicissitudes de l’existence, leur personnalité est défaillante et les situations déplorables qui en découlent agissent simultanément. Les passages à l’acte violent sont impulsifs, étonnant le sujet lui-même incapable qu’il est de maîtriser ses pulsions agressives.

Mention doit être faite de la maladie mentale d’un ou des deux parents. Avant d’éclater elle a pu se manifester à bas bruit sous forme de bizarreries, d’incohérences, d’ambivalences maintenant l’enfant dans un climat d’insécurité. Les drames qu’elle entraîne sont très traumatisants. Elle nécessite souvent des séjours dans un établissement spécialisé, les enfants admis à rendre visite au malade sont alors confrontés à une situation déchirante. Nous pensons que l’enfant ne doit pas, comme certains psychiatres le proposent, jouer un rôle thérapeutique dans la mesure où une telle mesure risquerait de le perturber sérieusement. Chaque enfant répond en fonction de sa propre personne à la maladie mentale de ses parents. Certains résistent, d’autres y adhèrent, une sorte de folie à deux se fait jour. La famille s’installe alors dans un système délirant plus ou moins bien systématisé et se marginalise progressivement. Il existe d’un enfant à l’autre des différences de vulnérabilité aux situations familiales stressantes. Certains sont plus malléables que d’autres et s’adaptent mieux. Ceux qui supportent mal de telles situations vont entraîner de la part du malade des réactions en chaîne. Tel est le cas des parents psychopathes dont l’enfant est bien accepté lorsqu’ il satisfait leurs besoins affectifs, sinon il les excite par son comportement et incite à des réactions violentes.

L’alcoolisme des parents est à l’origine de situations dramatiques dont les enfants font les frais qu’il s’agisse de la désunion, de l’incurie, des violences dont ils sont les témoins ou les victimes. Pris de boisson, le père, le plus souvent, peut mettre en danger sa femme et ses enfants. La femme éthylique est moins responsable de violences physiques que de négligences qui peuvent coexister avec une relation chaleureuse mais anarchique. L’enfant de parents toxicomanes est tour à tour adulé ou délaissé, abandonné lorsque la drogue les coupe de la réalité. Il peut être témoin et victime de sévices très violents quand la drogue entraîne des épisodes délirants.

Le syndrome de Munchhausen par procuration peut être une forme particulière de réaction de certaines mères à la violence. Il s’agit de maladies produites ou simulées par la mère qui fait appel aux médecins, soumettant l’enfant à de multiples investigations inutiles voire dangereuses, niant sa responsabilité dans la genèse de ces troubles. De telles mères paraissent insensibles aux dangers qu’ainsi elles font courir.

Une place à part doit être faite aux violences de tous ordres dont peuvent être témoins ou victimes des adolescentes originaires du Maghreb qui sont soustraites à l’influence de la société occidentale dans laquelle elles ont vécu, au nom de valeurs culturelles traditionnelles. Une place et un statut particuliers sont assignés à la femme : sacralisation de la virginité, organisation du mariage par la famille. Or ces adolescentes sont confrontées à des camarades d’école dont le statut est infiniment plus libéral. Aussi ces interdits sont mal vécus au moment de la crise d’identité que
traverse l’adolescente d’autant plus qu’ils s’accompagnent de violence et sont à l’origine de manifestations pathologiques souvent graves.

Je voudrais terminer sur une note plus optimiste. Il est à côté de ces familles malfaisantes d’autres familles épanouies au sein desquelles parents, enfants et adolescents se comprennent et s’aiment.

DISCUSSION

M. Maurice TUBIANA

Peut-on estimer, même grossièrement, le pourcentage de « déviances » chez les enfants et les adolescents, liées à l’existence de violences familiales dont l’enfant a pâti ?

Enfants et adolescents témoins de violences familiales en sont toujours sérieusement affectés. Le pourcentage des « déviances » proprement dites ne peut être estimé, même grossièrement, d’autant que ces déviances sont difficilement appréciées, sauf si elles ont fait l’objet d’une décision de justice.

M. Jean SÉNÉCAL

Vous avez souligné qu’en cas de divorce la garde de l’enfant est confiée à l’un des parents, le plus souvent à la mère, surtout si l’enfant est jeune. Mais l’enfant a un droit de visite, souvent une fois par semaine et un week-end sur deux. Cette solution n’est pas bonne pour l’enfant, baladé d’un foyer à l’autre, et souvent incité à se rebeller contre l’autre foyer. Des enquêtes ont-elles été menées pour connaître l’évolution de ces enfants partagés en la comparant à l’autre solution d’un foyer unique ?

La solution que vous donnez est effectivement la plus habituelle. Si elle n’est pas exempte des difficultés que vous signalez, même si elle n’est pas bonne, elle est souvent la moins mauvaise. Des enquêtes récentes ont montré que les enfants du divorce ont nettement plus de difficultés de tous ordres que les enfants vivant dans un foyer unique.

M. Jacques BATTIN

On sait que des grossesses non désirées, difficiles, dans de mauvaises conditions psychosociales (abandon par le père : complexe de Médée), la naissance d’un enfant prématuré, chétif ou atteint d’anomalies sont des situations à risque de maltraitance ? Le dépistage et la mise en place d’une prévention sont-ils effectués en maternité ?

— M. Roger Henrion

Dans un certain nombre de maternités un véritable dépistage des situations de maltraitance de l’enfant après la naissance a été mis en place. En effet, comme vous l’indiquez fort justement, des éléments recueillis lors des consultations faites au cours de la grossesse laissent penser que l’enfant sera en danger. Il s’agit, entre autres, de l’âge de la mère
inférieur à 20 ans, d’antécédents de violence familiale et conjugale, d’états dépressifs, d’une consommation anormale de médicaments psychotropes ou de drogues illicites ou non, d’un isolement social ou familial, d’une grossesse non désirée, mal, trop tardivement ou non surveillée, de l’abandon du père, enfin parfois d’un déni de grossesse parfaitement perceptible. Ainsi, grâce à quelques questions simples, on peut faire ce que je persiste à appeler un « diagnostic prénatal psychologique » qu’il serait important de mieux faire connaître et de généraliser afin d’établir une prévention efficace.


* Membre de l’Académie nationale de médecine, 16, rue Bonaparte — 75272 Paris cedex 06. Tirés-à-part : Professeur Didier-Jacques Duché, à l’adresse ci-dessus. Article reçu le 10 avril 2002, accepté le 13 mai 2002 .

Bull. Acad. Natle Méd., 2002, 186, no 6, 963-970, séance du 4 juin 2002