CONCLUSIONS
Charles LAVERDANT *
Je voudrais rappeler que, pour répondre aux questions posées par la puissance publique, l’Académie nationale de médecine s’était dotée, il y a plus de vingt ans, d’une commission spécialisée consacrée à l’infection par le VIH et au sida.
En novembre 1990 j’ai, comme secrétaire de celle-ci, eu l’honneur d’organiser et de « modérer » une première séance à thème portant sur les « aspects socioéconomiques de la maladie ». Depuis cette époque, jusqu’en 2008, la commission s’est réunie régulièrement, d’abord sous la présidence de Henri Baylon, puis peu de temps plus tard de Marc Gentilini. Elle a publié pas moins de vingt-quatre rapports avec recommandations, groupés sous forme de deux plaquettes.
L’éclaircissement de ses rangs, comme la multiplication des instances nationales consultatives ont fait que, en 2009, elle a rejoint celle, à objectifs plus larges de pathologie infectieuse. Dans ce cadre, François Bricaire avait exposé, il y a plus de deux ans, les très grandes difficultés du traitement. Il présente aujourd’hui une séance dédiée aux mêmes volets clinique et thérapeutique, ce dont il doit être remercié.
Mais, me semble-t-il, il importe aussi à court terme que notre Compagnie s’informe sur l’actualité de la lutte contre le VIH, et ceci d’autant plus que vient enfin d’être publié, le « plan national de lutte pour 2010-2014 », lequel comporte plusieurs innovations majeures aux résultats très attendus.
François BRICAIRE **
1981-2011 : Trente ans d’infection à VIH. Une infection initialement épidémique avant de devenir pandémique. Mais une infection qui a permis d’apprendre beaucoup sur des concepts et de nombreux aspects des Maladies Infectieuses. Une maladie qui a bousculé des habitudes sociales notamment, une infection qui a obligé à découvrir des antiviraux efficaces et maintenant nombreux ; des progrès majeurs obtenus depuis la découverte du virus. Il résulte actuellement une prise en charge transformée, un pronostic considérablement amélioré. Moyennant une observance parfaite du traitement, la meilleure tolérance des nouveaux médicaments, un nombre réduit de comprimés, l’infection à VIH est radicalement différente de celle des années 1980. Et pourtant, des problèmes demeurent : la surveillance doit rester importante car perdurent des éléments témoins de l’inflammation résiduelle, l’impossibilité d’éradiquer le virus encore à ce jour, des risques de perturbations témoin d’un vieillissement accéléré comme les troubles cardiovasculaires, l’ostéoporose ou le développement de cancers.
Tout ceci justifie de poursuivre progrès et recherche, lutte contre les contaminations.
La possibilité de traitements plus précoces est essentielle aujourd’hui, ce qui veut dire en corollaire un dépistage accru, le plus précoce possible également.
Si l’on ajoute qu’enfin, beaucoup de zones de pays en voie de développement ont aujourd’hui accès à des traitements et une surveillance, on voit que l’action internationale des médecins, des chercheurs, des associations comme des généreux donateurs et une volonté politique internationale peut aboutir à des progrès réels et une marche vers la régression de cette infection.
Bull. Acad. Natle Méd., 2011, 195, no 3, 577-578, séance du 8 mars 2011