Communication scientifique
Session of 3 mars 2009

Conclusion

Jean-Noël Fiessinger *

 

CONCLUSION

Jean-Noël FIESSINGER *

Après le bouleversement de la pathologie infectieuse engendré par les progrès de l’antibiothérapie, la pathologie cardiovasculaire a connu à son tour des avancées majeures. Sur le plan médical des traitements efficaces de l’hypertension artérielle ont été mis à la disposition des médecins, l’aspirine est devenue la base de la prévention des accidents artériels thrombotiques, les statines ont bouleversé le pronostic de la maladie athéromateuse, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion outre leur rôle antihypertenseur se sont révélés des protecteurs de la paroi artérielle.

La chirurgie cardiaque et la chirurgie vasculaire, domaines ou les équipes françaises furent souvent pionnières, ont fait des progrès fulgurants et plus récemment les techniques endovasculaires : angioplasties, stents, endoprothèses couvertes constituent une alternative à la chirurgie. Après tant d’avancées, les médecins et les malades ont parfois l’impression d’être arrivés au bout des ressources thérapeutiques : le nombre d’insuffisants cardiaques sans possibilité de revascularisation augmente, le diabète, l’insuffisance rénale, multiplient les patients avec une ischémie critique des membres inférieurs.

Ce sentiment d’impuissance explique l’enthousiasme de la communauté médicale lorsque l’hypothèse d’un recours à des cellules souches totipotentes ou pluripotentes a fait naître l’espoir d’une régénération du lit vasculaire. C’est la raison pour laquelle l’Académie nationale de médecine a souhaité faire le point sur la question : ou en est la prise en charge des maladies cardiovasculaires par la thérapie cellulaire et quelles en sont les perspectives ?

Mais sous le terme de cellules souches sont regroupées des cellules différentes, d’origines différentes, de potentialités différentes. Les trois intervenants ont bien montré la complexité des cellules souches : cellules somatiques reprogrammées au début de leur analyse, précurseurs de cellules endothéliales d’origine médullaire ou de sang du cordon ombilical, cellules mésenchymateuses totipotentes du cordon.

Autant de populations cellulaires, autant de particularités et probablement de potentialités. Mais comme souvent aujourd’hui, aux difficultés scientifiques viennent s’ajouter les questions éthiques avec la création de la première banque française de cordon « Eurocord » et les débats que suscite la potentialité de conserver le cordon d’un nouveau-né pour traiter ses maladies futures.

 

Encore faut-il que ces nouvelles approches thérapeutiques démontrent leur efficacité : on ne peut qu’être gré aux intervenants d’avoir clairement montré les limites voire l’échec relatif des premières tentatives thérapeutiques que ce soit dans l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque ou l’ischémie critique des membres infé- rieurs. Mais ils ont su aussi proposer de nouvelles pistes utilisant mieux les cellules mises à leur disposition, laissant ainsi ouvert l’espoir d’une avancée réelle chez ces patients actuellement en échec thérapeutique.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2009, 193, no 3, 571-572, séance du 3 mars 2009