Communication scientifique
Séance du 6 mars 2012

Conclusion

Jacques Bazex *

 

CONCLUSION

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article

Jacques BAZEX *

Je remercie les organisateurs d’avoir choisi un thème qui concerne deux dermatoses l’une particulièrement fréquente, l’autre plus exceptionnelle, toutes deux dominées par des interrogations physiopathologiques et surtout thérapeutiques : il était donc important, pour une prise en charge plus efficace, de confronter les données fondamentales et les orientations thérapeutiques qui pouvaient en découler.

Après l’introduction présentée par Madame Martine Bagot nous avons pu suivre trois conférences, autour du thème « traitement moléculaire » c’est-à-dire traitement dirigé vers des cibles moléculaires identifiées.

Le premier thème la DA : un environnement influençant une prédisposition génétique, un mode de début possible de l’asthme, de la rhinite allergique, et des allergies alimentaires, la DA est très fréquente, variable dans son intensité, parfois difficilement contrôlable et toujours responsable d’une dégradation considérable de la qualité de vie des patients.

Ainsi le premier orateur Alain Taïeb a exposé la physiopathologie de la DA qui semble reposer sur trois paramètres déterminants et sur lesquels il faut agir : le stratum corneum qui assure en superficie une barrière air-liquide, les jonctions serrées au niveau de la couche granuleuse (barrière liquide-liquide), les cellules de Langerhans qui captent les antigènes (barrière immunologique). Dans ce contexte, les mutations dans le gène filaggrine, protéine majeure dans la maturation de la couche cornée, ont attiré l’attention et éclairé la compréhension de ce groupe de maladies. La DA est devenue un prototype des maladies inflammatoires de barrière épithéliale.

Yves de Prost a rappelé les traitements courant de la DA encore basés sur les soins locaux toujours incontournables et la corticothérapie locale avec ses avantages réels en contre partie d’effets secondaires généralement maitrisables. Il a ensuite présenté les traitements pouvant avoir un impact plus spécifique sur le versant immunologique : ce sont les traitements immunosuppresseurs d’abord par voie locale dans les formes moyennes, les formes résistantes aux dermocorticoïdes ou confrontées à leurs effets secondaires. Pour les formes les plus sévères, le recours aux traitements * Membre de l’Académie de médecine.

immunosuppresseurs par voie orale apparaît possible et nécessaire au moins au début pour un meilleur résultat thérapeutique. Yves de Prost propose la ciclosporine A, par voie orale.

On constate cependant que l’interrogation principale concerne la prescription au long cours et la tolérance de cette thérapeutique majeure qui ne devrait pas être appliquée sans avis concerté. Il faut aussi retenir sur un plan plus général quelle que soit la forme clinique, que le traitement au long cours de la dermatite atopique n’est pas résolu.

La deuxième partie a été réservée aux lymphomes T épidermotropes Avant d’envisager les mesures thérapeutiques qui peuvent en découler, Martine Bagot a rappelé les hypothèses physiopathologiques concernant les lymphomes T épidermotropes, discussions auxquelles elle-même et son équipe ont largement contribué par leurs travaux que l’Académie avait reconnus et récompensés en attribuant son prix le plus prestigieux.

Pour l’essentiel, il s’agit, ce que l’on ne savait pas très clairement, d’un infiltrat lymphocytaire pathologique tumoral au sein d’une réaction lymphocytaire et de l’absence d’apoptose. Le lymphome T épidermotrope peut offrir l’aspect d’une dermatose banale à son début, mais aussi peut se développer considérablement et s’accompagner d’un prurit extrêmement sévère. Le pronostic est alors très sombre.

C’est bien dans ces dernières formes que le recours, à une immunothérapie ciblée par anticorps monoclonaux qui détruisent spécifiquement les lymphocytes tumoraux sans toucher aux lymphocytes réactionnels, est intéressant.

Les résultats thérapeutiques mettant en comparaison différents protocoles restent en attente puisque le faible nombre de patients ne permet pas une évaluation rapide des résultats pour cette dermatose pouvant offrir une évolution contrôlable ou à l’opposé un tableau clinique sévère imposant des traitements dont les complications peuvent être alors fatales.

Il faut donc retenir de cette séance : — l’importance des travaux actuellement conduits dans les deux domaines évoqués par nos trois conférenciers. La poursuite de ceux-ci avec l’analyse des effets de traitements dirigés sur des cibles physiopathologiques reconnues devraient conduire à une meilleure efficacité thérapeutique.

Je remercie les orateurs pour leur très précieuse collaboration et assure de ma reconnaissance le Bureau de l’Académie et Jean Cambier qui ont bien voulu organiser cette séance. Je vous remercie de votre attention.

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2012, 196, no 3, 619-620, séance du 6 mars 2012